Le 15 avril 2025, les autorités maliennes ont pris la décision de fermer les bureaux du géant minier canadien Barrick Gold à Bamako, invoquant un non-paiement d’arriérés d’impôts. Cet événement, loin d’être isolé, s’inscrit dans un conflit plus vaste opposant depuis plusieurs mois l’entreprise à l’État malien. En effet, le complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, l’un des plus importants gisements d’or au monde détenu majoritairement par Barrick Gold, constitue le cœur de ce désaccord.

Depuis l’adoption, en 2024, d’un nouveau code minier visant à accroître la souveraineté économique du Mali, les tensions n’ont cessé de croître. Ce texte, qui impose des obligations fiscales renforcées aux sociétés minières, a été critiqué par Barrick Gold en raison de son application rétroactive. En réponse, le gouvernement malien exige le paiement de centaines de millions de dollars d’arriérés d’impôts, tandis que le géant minier qualifie cette demande d’injuste et d’incompatible avec les accords précédents.

Site minier de Loulo-Gounkoto, au Mali, exploité par le Canadien Barrick Gold.

La situation s’est considérablement aggravée en janvier 2025, lorsque les autorités maliennes ont saisi trois tonnes d’or sur le site de Loulo-Gounkoto et interdit à Barrick Gold d’exporter le métal précieux. En parallèle, quatre employés maliens de l’entreprise ont été placés en détention dès novembre 2024. Comme si cela ne suffisait pas, des mandats d’arrêt ont été émis en décembre à l’encontre de dirigeants de la société pour des accusations de blanchiment de capitaux, intensifiant davantage les tensions.

Malgré ce climat de confrontation, Barrick Gold affirme avoir versé 85 millions de dollars en octobre dernier dans le cadre des négociations. Un accord, selon l’entreprise, aurait été trouvé avec le ministère de l’Économie et des Finances en février 2025, bien qu’il reste à ce jour non signé. L’entreprise accuse certains acteurs de bloquer cette signature pour des raisons relevant davantage d’intérêts personnels ou politiques que du bien-être collectif du pays.

Pour Bamako, toutefois, cette initiative s’inscrit dans une stratégie globale de reprise de contrôle sur les ressources naturelles nationales. L’or, qui représente environ un quart du budget de l’État malien, constitue un enjeu central pour un pays qui cherche à maximiser les bénéfices tirés de ses richesses minières. Dans ce contexte, la junte au pouvoir depuis 2020 semble déterminée à faire de cette question une priorité nationale, même si cela implique un bras de fer prolongé avec les grandes entreprises minières.

Alors que Barrick Gold envisage un recours à l’arbitrage international, les négociations restent suspendues à une éventuelle percée diplomatique. Cette affaire soulève, plus largement, la question de l’équilibre à trouver entre attractivité économique et affirmation de la souveraineté nationale dans des pays riches en ressources naturelles comme le Mali.

Source : Jeune Afrique

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