Créé en 2019, le Réseau des Femmes de Foi pour la Paix au Burkina Faso (REFFOP-BF), qui regroupe des femmes de confessions religieuses différentes, œuvrent pour la cohésion sociale et le dialogue interreligieux au Burkina. Ainsi le Réseau, intensifie depuis lors des activités de formations des leaders communautaires, de renforcements des capacités de ses membres et à d’autres couches sociales. A l’occasion de son Symposium national sur ‘’Femmes, Paix et Sécurité’’ tenu Ouagadougou, nous nous sommes entretenu avec la Présidente Mme Marie-Odile Traoré/Dolomweogo. A travers cet entretien, elle nous dévoile les progrès réalisés par le REFFOP-BF, et la partition que jouent les femmes de foi pour la paix et l’harmonie sociale au Burkina.
IBurkina : Madame la Présidente du Réseau des Femmes de Foi pour la Paix au Burkina Faso (REFFOP-BF) ; votre Réseau a déjà initié plusieurs formations au profit des femmes leaders sur la paix et la coexistence pacifique interreligieuse. Constatez-vous le terrain des progrès significatifs de votre engagement ?
Mme Marie-Odile Traoré : Bien sûr que notre engagement apporte beaucoup de changements dans les mentalités. Les progrès sont significatifs à travers les actions que nous menons. Déjà nous appartenons à trois confessions religieuses différentes et nous sommes parvenues à nous mettre ensemble pour mener des activités ensemble dans une parfaite symbiose. Nos activités profitent à toutes nos communautés. Nous partageons les mêmes causes, les mêmes intérêts et nous avons une vision commune. Donc nous faisons des progrès ensemble dans l’idéal poursuivi.
IB : Quels sont les espaces d’expression des femmes leaders du REFFOP-BF pour renforcer le dialogue inter-religieux ?
Mme Marie-Odile Traoré : Nous avons plusieurs cadres d’expressions. Bien avant le REFFOP-BF il y a l’UFCB, UFC etc. Le champ d’expression des femmes est vaste. Dans la vie active la femme est quasiment présente dans plusieurs instances pour faire entendre ses préoccupations
IB : Le Burkina Faso est en pleine crise sécuritaire. Quel doit être l’apport des femmes leaders pour promouvoir la paix, la sécurité et la cohésion sociale ?
Mme Marie-Odile Traoré : Les femmes doivent davantage plus s’engager et s’affirmer dans la vie de la Nation. Parce qu’elles sont les plus victimes au même titre que les enfants et les jeunes de l’insécurité. Les femmes portent le lourd tribut des conséquences de l’insécurité. Raison pour laquelle la femme doit jouer un rôle prépondérant pour le retour de la paix et la stabilité. Nous conjuguons ensemble les prières, l’éducation, les conseils et la sensibilisation au sein de la société. C’est tout un processus que nous mettons progressivement en marche.
IB : Madame la Présidente, pensez-vous que les femmes peuvent influencer leurs plaidoyers en dehors des instances des décisions politiques ?
Mme Marie-Odile Traoré : Evidemment! Le cercle politique n’est qu’un maillon de la société. Tout part de l’éducation. Et la femme est au cœur de cette éducation. Dans la cellule familiale la femme joue un rôle de conseillère qui influence les comportements. De même les femmes sont nombreuses dans le système éducatif du Burkina à travers l’encadrement des élèves. Ce sont autant d’espace que l’engagement des femmes peut favoriser des décisions positives pour la société. Et sur le plan politique, les femmes s’engagent de plus en plus de nos jours qu’auparavant.
IB : Quelles sont les approches de sensibilisations que le REFFOP-BF privilégies dans une société toujours influencée par des pesanteurs socioculturels ?
Mme Marie-Odile Traoré : Nous avons plusieurs approches. Il y a le renforcement des capacités avec les leaders communautaires. En ce sens que les pesanteurs socioculturelles sont connues par les leaders communautaires. Alors les formés et les impliqués facilitent nos plaidoyers. Nous arrivons à faire passer notre message à leur niveau et comprendre aussi comment accompagner l’abandon de ces pesanteurs socioculturelles.
IB : Le constat général est que le REFFOP-BF privilégie la formation des femmes instruites. Avez-vous un programme qui impliquerait les femmes rurales, de mélanges et du secteur informel ?
Mme Marie-Odile Traoré : Je pense que c’est une simple impression que les gens se font. En réalité nous travaillons aussi avec les femmes rurales. La preuve est que nous sommes présentement dans la mise en œuvre d’un projet dans le Plateau central dans la commune de Nagréongo ou nous sommes en contact avec les femmes rurales, les Personnes déplacées internes (PDI). Dans ce projet, il y a un volet de renforcement des capacités sur la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble.
IB : Sans doute que cela nécessiterait plus de moyens financiers. Comment comptez-vous mobiliser les ressources à cet effet ?
Mme Marie-Odile Traoré : Je remercie ici l’ONG, OXFAM Burkina qui est notre partenaire financier. Qui a cru à l’idéal que nous poursuivons et nous apporte assistance, depuis la création du Réseau en 2019. Jusque-là c’est OXFAM Burkina qui est notre partenaire financier. Au regard des actions que nous menons sur le terrain et les résultats obtenus, il y a d’autres partenaires qui se signalent.
IB : D’ores et déjà avez-vous un appel à lancer en faveur de la paix au Burkina Faso ?
Mme Marie-Odile Traoré : Le Président ivoirien feu Félix Houphouët- Bogny disant que ‘’la paix n’est pas un mot, mais un comportement’’. L’appel que j’ai à lancer est que tous les burkinabè sachent que nous n’avons qu’un seul pays. Nous avons le devoir de le protéger et le construire pour les générations futures. Pour cela nous devrons travailler dans l’harmonie à maintenir le cap de la paix, la fraternité et la cohésion interreligieuse.
IB : La communauté internationale a célébré le 25 novembre de chaque année la Journée mondiale de l’élimination de la violence faites aux femmes. Quel appel avez-vous à lancer à l’occasion de cette journée ?
Mme Marie-Odile Traoré : C’est une journée d’introspection de conscience. Le recours à la violence d’une manière générale dans la société est négatif. A l’égard de la femme c’est encore abominable. La femme est la mère de l’humanité car elle donne la vie. Ainsi la femme a besoin de douceur dans la vie pour mieux éduquer la société. La violence est l’argument des faibles. Faisons toujours recours au dialogue, la sagesse, la tolérance pour rester sur le chemin de la foi et cela nous comblera des merveilles de la vie.
Interview réalisée par MCZ