Le Premier ministre, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, était face à l’Assemblée Législative de Transition (ALT), ce samedi 19 novembre 2022, en vue de prononcer sa Déclaration de Politique Générale (DPG). Une occasion pour lui, d’annoncer les futurs grands chantiers de la Transition qui portent sur les aspirations du peuple burkinabè, à savoir la restauration de l’intégrité territoriale et la sécurisation des biens et des personnes, le bien-être des Burkinabè et la refondation de la société, par une gouvernance vertueuse et visionnaire.
Un mois après sa nomination et conformément à l’article 63 de la Constitution, le Premier ministre, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, a sacrifié au rite républicain de la Déclaration de Politique Générale (DPG).
Selon sa feuille de route, les préoccupations majeures des Burkinabé ont été prises en compte. Il s’agit de la restauration de l’intégrité territoriale et la sécurisation des biens et des personnes, le bien-être des Burkinabè et la refondation de la société par une gouvernance vertueuse et visionnaire.
La préoccupation la plus prioritaire, qu’il a qualifiée de « priorité des priorités » porte sur le recouvrement de l’intégrité territoriale et de la sécurisation des populations et de leurs biens.
Sur cette question cruciale, « cheval de bataille du Chef de l’Etat », le Premier ministre a laissé entendre qu’une profonde réorganisation de l’armée pour la rendre plus opérationnelle et plus efficace a déjà commencé, sans oublier de citer les moyens matériels, financiers, humains, culturels et spirituels, mobilisés pour atteindre cet objectif.
« La réorganisation de l’armée est en cours. Elle sera réorganisée en profondeur et des audits ont déjà été ordonnés et seront menés sur la gestion de l’armée. Des acquisitions de moyens de combat terrestres et aériens ont déjà eu lieu et d’autres sont en cours », a-t-il affirmé.
A l’entendre, du fait du terrorisme, le Burkina Faso compte actuellement environ deux millions de personnes déplacées internes qui survivent dans une situation de précarité extrême, dépendant des œuvres de charité.
Au profit de ces compatriotes durement éprouvés, il a annoncé que le Gouvernement veillera à la mise en place d’un plan de réponse et de soutien aux personnes vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition.
Ce plan, a-t-il ajouté, est d’un coût d’environ 240 milliards de F CFA, au profit de plus de trois millions de personnes.
A cela, s’ajoute l’adoption par le Gouvernement d’un Plan opérationnel d’appui à la campagne agricole de saison sèche 2022-2023. D’un montant global d’environ onze (11) milliards de F CFA, il est attendu de ce plan, 60 000 tonnes de céréales et 20 000 tonnes de produits maraîchers et où des intrants et des équipements seront accordés aux producteurs en général, et aux personnes déplacées internes en particulier.
En plus, de l’avis du Chef du Gouvernement, un projet de sécurité alimentaire à court, moyen et long terme d’un coût de onze (11) milliards de F CFA prenant en compte le volet production de céréales et de protéines animales, devrait permettre de couvrir les besoins en céréales de 110 000 tonnes des personnes déplacées, sur la période de six mois à venir.
S’agissant du bien-être des Burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, a soutenu que le Gouvernement veillera sur ce point par des mesures concrètes, incitatives et d’orientation, avec la prise en compte de nos potentialités par une incitation à la production nationale et à la consommation des produits locaux.
Pour lui, cela ouvrira des perspectives heureuses à nos producteurs, ingénieurs, artisans et restaurateurs, tout en stimulant leur ingéniosité et leur créativité.
Du reste, il a signifié que le Gouvernement compte remettre la question de l’autosuffisance alimentaire dans les objectifs de court terme à atteindre dans le cadre de nos politiques agricoles.
Pour un meilleur encadrement de la société, a-t-il formulé, il sera fait appel aux citoyens de mettre en place, des comités locaux de veille et de développement (C.L.V.D.) qui leur permettront de prendre en main leur destin à la base.
« Chacun devra se sentir concerné à la fois par le sort de sa localité et par celui de la nation, et être solidaire de son voisin. L’État ne peut pas grand-chose sans la participation des citoyens.
Les comités locaux seront le creuset dans lequel les citoyens, dans un cadre de proximité, débattront de leurs préoccupations et définiront les orientations à suivre », a exprimé le Chef du Gouvernement.
En ce qui concerne les infrastructures routières et ferroviaires, il a soutenu qu’une importance particulière sera accordée aux voies de communication, avec par exemple des projets de construction de chemin de fer Accra-Ouagadougou et celui de Bobo-Dioulasso-Sikasso-Bamako ainsi que le traçage des voies dans les parties Nord et Est de notre pays, dans le domaine routier.
Pour ce qui est de l’éducation, il a indiqué que l’enseignement devra faire place à l’éducation, car « le système éducatif actuel est un système désincarné, un système sans éducation ».
A son avis, pour adapter l’enseignement à la réalité de l’emploi, il convient d’introduire, à partir du cours moyen, une initiation à l’agriculture, au tissage et à la cuisine, et à partir de la classe de quatrième, une initiation à la mécanique, à la maçonnerie, à la menuiserie, etc.
De sorte que l’élève puisse facilement s’insérer et réussir dans le milieu rural ou s’orienter dans la formation technique ou professionnelle de son choix.
Pour la question de la refondation de la société, il a été clair : »il ne saurait y avoir de cohésion sociale dans une société gangrénée par la corruption, une spéculation foncière non encadrée et une gouvernance inadaptée.
C’est pourquoi, il a révélé, sans ambages, que le Gouvernement va s’attaquer au phénomène de la corruption.
Pour y arriver, la digitalisation des procédures sera un moyen efficace de lutte, a-t-il mentionné.
En ce qui concerne la lutte contre la spéculation foncière, il a déclaré qu’un recensement sera fait, afin d’y mettre de l’ordre.
« Dans ce domaine également, les premières actions porteront sur l’accélération de la digitalisation du foncier afin d’y apporter la transparence et cela permettra un recensement plus précis des parcelles, et la détection des éventuelles anomalies, tant dans les attributions que dans les acquisitions. En outre, la digitalisation permettra d’avoir une transparence sur le cadastre fiscal et l’application de la fiscalité sur les propriétés bâties et non bâties sera un début de solution contre la spéculation foncière et immobilière », a-t-il insisté.
Et le Premier ministre de poursuivre : « Une étude sera engagée pour étudier l’éventualité de fixer un prix plafond pour les parcelles à usage d’habitation. Cela jouera non seulement sur le prix d’achat des parcelles, mais aussi par ricochet, sur le coût des loyers à usage d’habitation ».
La question de la gouvernance n’a pas été occultée par le Chef du Gouvernement.
A ce sujet, il a fait remarquer qu’il nous faut repenser notre système politique et le concevoir à nos réalités.
Pour cela, le Gouvernement essayera de mettre en chantier, l’élaboration d’une nouvelle Constitution innovante fondée sur nos réalités historiques, culturelles et sociales.
Le Gouvernement compte aussi s’appuyer sur la décentralisation, avec la promotion de la gouvernance de proximité qui est un puissant stimulant pour le développement local.
Lors de ce grand oral, il n’a pas passé sous silence la réduction du train de vie de l’Etat, où des mesures concrètes ont déjà été prises.
Il s’agit de la rémunération des hautes personnalités de l’Etat qui a été revue à la baisse et du renoncement par le Chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, de tous les avantages financiers liés à sa fonction, pour ne conserver que son salaire de capitaine de l’armée.
Toujours sur cette question, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela a signalé que des études sont en cours pour une meilleure gestion du parc automobile de l’Etat, y compris celui des membres du Gouvernement.
« Si le temps le permet, mon Gouvernement engagera les démarches nécessaires pour une rémunération plus équitable des agents de l’Etat, et pour une meilleure redistribution des ressources du pays. D’ores et déjà, le Gouvernement travaille à la maîtrise de l’inflation et de l’évolution de la dette publique, et à l’amélioration du recouvrement fiscal. Un projet de loi sur la neutralité de l’Administration est en préparation. Cela donnera une base légale à l’avènement d’une Administration débarrassée des considérations politiques et partisanes », a-t-il expliqué.
De la politique étrangère, il a souhaité « une coopération sincère et franche ».
Pour cela, il a été ferme en précisant que le Gouvernement compte diversifier ses relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso.
Ensuite, il a souligné que la coopération avec les pays limitrophes va se renforcer, avec un point particulier sur la lutte contre le terrorisme.
Le Chef du Gouvernement a envisagé également, à l’endroit de nos voisins immédiats, des rapprochements en vue de jeter les bases de l’avènement d’un État fédéral en Afrique de l’Ouest, incluant le Burkina Faso.
En conclusion de sa DPG, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela a reconnu que les « chantiers sont immenses et urgents », mais il pense que « nous pouvons y arriver dans un mouvement d’ensemble, dans la paix et la fraternité ».
« Dans la lutte contre le terrorisme, il revient aux Burkinabè et à eux seuls, de défendre leur patrie en danger. Nous avons une vision commune, rendre le Burkina Faso aux Burkinabè. Essayer de le mettre sur les rails, afin que sa destinée soit non seulement plus sécurisée, mais aussi plus radieuse », a-t-il martelé.
Pour ce faire, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela a invité chaque Burkinabè à « oser inventer l’avenir ».
DCRP/Primature