Personne n’a bénéficié des investissements du Liptako-Gourma. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

L’exploitation du périmètre irrigué de Gourgou, village situé à six km de Tenkodogo, réalisé à 1 500 000 000 F CFA par le projet d’Aménagements hydro-agricoles dans la région du Liptako-Gourma au Burkina Faso/phase III extension (AHA-ALG IIIE) dans le Centre-Est n’est toujours pas effective. Depuis le 20 juin 2017, date de la mise en eau du barrage à la disposition des populations, un conflit foncier plombe son exploitation avec pour corollaire la dégradation des infrastructures hydro-agricoles.

A Gourgou, village situé à six kilomètres de Tenkodogo dans le Centre-Est, des infrastructures hydro-agricoles mises à la disposition des populations depuis 2017 sont en souffrance : un barrage de 2 520 000 m3, 35 hectares de terres aménagées extensibles sur 18 hectares, un forage équipé d’une pompe à motricité humaine, un magasin de stockage de 70 m2 pour les producteurs ainsi que des pistes d’accès aux aménagements.

Réalisé à hauteur de 1 500 000 000 F CFA par le projet d’aménagements hydro-agricoles dans la région du Liptako-Gourma au Burkina/phase III extension dans le Centre-est, sur un prêt octroyé à l’État burkinabè par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), le site n’a jamais été exploité.

Aujourd’hui, les infrastructures sont en état de détérioration avancée : les ouvrages hydrauliques sont totalement dégradés, les canaux d’irrigation défectueux et affaissés par les roues de gros porteurs, la digue profondément dégradée, des diguettes détruites.

La diguette a cédé. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

Du fait de l’inexploitation des aménagements, des camions n’hésitent pas à s’introduire dans les aménagements, au vu et au su de tous, pour extraire du sable. Conséquence, les ravins se sont affaissés par l’élargissement des berges dû au ramassage du sable. Les pistes d’accès aux aménagements sont complètement détruites. Le magasin de stockage des producteurs est décoiffé et fissuré.

Les camions-citernes des entreprises du BTP n’hésitent pas non plus à pomper les eaux du barrage pour leurs travaux de voirie. Les difficultés autour de ces infrastructures hydro-agricoles débutent en 2017, lorsque, les travaux d’aménagement sont achevés, il s’est agi de repartir les superficies pour son exploitation.

Courant août, huit jeunes, armés de gourdins, machettes et haches prennent d’assaut le périmètre irrigué. Très en colère, les manifestants arrachent les bornes déjà fixées, profèrent des menaces contre ceux qui sont commis de parceller le bloc 5. Pour échapper à leur furie, les topographes prennent leurs jambes à leur cou.

Des camions de ramassage de sable ont détruit les aménagements. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

Au décompte, sur les 5 blocs qui composent le périmètre, 4 ont été parcellés et attribués (soit 190 parcelles pour les populations, 4 réservées pour les démonstrations) et 29 parcelles non attribuées.

« La principale difficulté rencontrée est le sabotage des activités de parcellement et d’attributions par des individus qui disent être des envoyés de Samand Naaba. A la suite de cela, un contact a été pris avec l’intéressé pour connaitre les raisons qui motivent cette attitude. Des échanges, la principale raison avancée par l’intéressé est que ses terres n’étaient pas concernées par l’aménagement du périmètre. Par conséquent, il n’a pas été associé aux négociations. A la fin des travaux d’aménagement, une partie de ses terres, notamment le bloc 5 a été aménagé sans qu’il ne donne son accord. C’est à la suite de cela qu’il réclame aussi ce qui lui revient de droit », peut-on lire dans le rapport de la commission d’attribution des parcelles en date du 13 août 2018.

A la suite de cet incident, 21 propriétaires terriens commencent à leur tour, à exprimer leur mécontentement. S’estimant dépossédés de 35 hectares de leurs terres pour l’aménagement, certains attributaires sont sommés de ne pas s’aventurer sur le périmètre. Cinq ans après, les lignes n’ont toujours pas bougé.

Rencontré, le 13 juillet 2022, très remonté, Léopold Zinsonné, ex-technicien de recherche agricole et coordonnateur de l’association pour le transfert de technologies, de la recherche agricole dans le Boulgou, qui revendique la paternité du projet d’aménagement du périmètre irrigué, rapporte que ce blocus est la résultante d’un processus « saboté et usurpé ».

Léopold Zinsonné : « Il faut remettre les terres aux propriétaires terriens ». © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

Des « engagements » non tenus

« Son » projet, il l’a mûri depuis 1992, lorsqu’il a quitté Ouagadougou pour s’installer dans son Gourgou natal dans l’optique de vulgariser les résultats de recherches à travers la production de semences.

Persuadé que son initiative pourra sortir les siens de la précarité et la province de l’insécurité alimentaire, il s’est « battu » pour les études de faisabilité et la recherche de financements pour la construction du barrage et des aménagements.

Convaincus par Zinsonné, le Naaba Tigré de Tenkodogo et Naaba Saaga s’investissent pour que 21 propriétaires terriens cèdent leurs terres pour l’aménagement et la construction du barrage. Après 10 ans de négociations en appui avec les chefs coutumiers, les propriétaires terriens donnent leur quitus, relate Léopold Zinsonné.

En contrepartie, il leur a promis un hectare chacun pour la production des semences lors de la redistribution des parcelles aménagées. « C’est cet accord verbal que j’ai eu avec les propriétaires terriens, dont le père de l’actuel Samand Naaba avant que je n’obtienne le financement du projet qui n’a pas été respecté par l’administration

Personne n’a bénéficié des investissements du Liptako-Gourma. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

Et, voilà où, nous en sommes aujourd’hui », proteste Léopold Zinsonné. « C’est l’administration qui est la cause de tout cela », accuse-t-il.

Il estime qu’elle n’a pas joué franc jeu dans le processus d’attribution des terres.

« L’administration laisse après la construction et l’aménagement pour dire qu’elle m’a retiré le projet. C’est ainsi qu’elle a commencé à morceler les terres sans aucune réunion avec les propriétaires. Avec 21 personnes au départ, pourquoi, l’on divise les terres pour plus de 200. Le partage a été inéquitable. C’est un sabotage de mon projet », s’indigne-t-il.

D’ailleurs, tout ce rififi, estime-t-il, tourne autour des parcelles de 0,25 hectares octroyés aux propriétaires terriens.

Très désespéré, Lassané Seoné, 65 ans, qui dit avoir cédé ses 3 hectares pour l’aménagement du périmètre irrigué n’est pas content de n’avoir reçu que 0,25 hectare. Il est plein de regrets d’avoir « donné ses terres » pour en sortir bredouille.

Après cinq ans de conflit, il susurre : « nous avons été brimés. Avec cette petite portion comment pourrais-je subvenir à l’alimentation familiale ». Abdoulaye Sossané persiste qu’il n’y a pas de raisons qu’il sacrifie des hectares pour n’en recevoir au finish que la modique portion de 0,25 hectare. « C’est énervant et frustrant », lance le sexagénaire.

« Un aménagement n’est pas un bien privé…»

« Si l’on veut donner un hectare ou deux à chaque personne, combien vont en bénéficier ? Cela va créer un autre problème. Car, certains diront qu’ils ont été écartés », explique le président de la Chambre régionale d’agriculture du Centre-Est, Aboubacar Tarnagda.

Abdoulaye Sossané : « La crise a aggravé la pauvreté dans le village ». © : Issa Compaore pour Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

Dans un aménagement communautaire, les parcelles à dispatcher sont de 0,12 ou 0,25 hectare pour permettre à plusieurs personnes de mener des activités agricoles, soutient également le directeur régional de l’agriculture du Centre-Est, Amos Congo.

« Avant l’aménagement, nous avons fait des études socio-économiques. Chacun a donné son accord de cession des terres. Poser le problème d’avoir un hectare après cette étude relève d’une mauvaise foi. Ils savaient la portion qu’ils allaient avoir à l’issue de l’aménagement, la méthode de distribution, mais, ils n’ont rien dit. C’est à l’attribution que les 21 personnes souhaitent avoir un hectare. Si on leur donne 21 hectares, il ne va en rester que 14. Ce n’est plus un aménagement communautaire dans ce cas. Je pense qu’il y a une instrumentalisation pour ne pas accepter le partage », se convint-il.

A contrario, Léopold Zinsonné qui se présente en tant que « concepteur du projet », soutient qu’il n’a jamais eu d’associés dans ses démarches de recherches de financements. Mais à la réalisation, il a été « écarté » de tout le processus.

« L’ex-maire de Tenkodogo, Harouna Ouélogo et l’ex-directeur régional de l’agriculture du Centre-Est, Pascal Soubeiga m’ont balayé pour faire ce qu’ils veulent. Si leurs démarches étaient transparentes, je devrais participer aux réunions de chantier, de distribution de parcelles… J’ai rencontré le chef du projet pour lui signifier que les choses se passent sans moi dans l’exécution. Il m’a dit que si on finit le barrage, il me sera remis », confirme-t-il .

S’inscrivant en faux, l’ex-DR de l’agriculture, Pascal Soubeiga révèle que le partage s’est fait dans les règles de l’art par le biais d’une commission présidée par le haut-commissaire d’antan. Sans consensus avec la population, insiste-t-il, la distribution n’aurait jamais été possible.

« Je n’étais pas membre de la commission. D’ailleurs, le projet ne reconnaissait pas l’aménagement comme étant celui de Zinsonné, puisque c’est la direction régionale de l’agriculture qui a été sollicitée pour mettre en œuvre le processus d’attribution. Le bailleur dit qu’il aménage pour la communauté et lui il prétend que c’est pour lui parce qu’il a écrit pour demander un financement. Ce ne sont pas ses terres, mais celles de la communauté. Déjà que les populations se plaignent qu’elles ne sont pas satisfaites, imaginez le problème que cela allait créer, si l’on donne tout à un individu », précise M. Soubeiga.

Un aménagement n’est pas un bien privé, mais communautaire, affirme, l’ex-maire de Tenkodogo, Harouna Ouélogo. Et, cela l’étonnerait que le Liptako-Gourma finance un projet d’une telle envergure en se basant sur une personne physique.

« C’est pourquoi je suis allé au Liptako-Gourma pour comprendre quel était le statut exact du barrage et des aménagements. C’est ainsi qu’on m’a dit que le projet est rattaché au haut-commissariat et c’est lui qui doit s’occuper de la répartition des parcelles », rapporte M. Ouélogo. Pour preuve, dit-il, la signature de la convention de financement ne s’est pas faite avec Zinsonné, mais entre l’Etat et le Liptako-Gourma.

Sous l’action anthropique des dégâts sont enregistrés en plusieurs endroit du barrage. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

« Un projet ne peut pas mettre plus d’un milliard F CFA pour creuser une retenue d’eau de cette capacité, aménager en aval et donner à un seul individu. Je lui ai dit que ce n’est pas possible. C’est un barrage pour Gourgou et tous les villages riverains », lance-t-il.

Et l’actuel DR de l’agriculture du Centre-Est de confirmer que pour la mise en valeur réussie du périmètre, le projet a sollicité l’accompagnement de sa direction pour aider à l’identification, l’installation, l’organisation et l’encadrement des futurs exploitants du périmètre. Cette collaboration entre les deux parties a été matérialisée par le protocole d’accord n°2017-001/MEA/SG/AHA ALG IIIE/DRAAH-CES.

Pour M. Ouélogo, en arrière-plan aussi, il y avait un problème sérieux de la chefferie qui a fait qu’il y avait une divergence de vue autour du projet.

« Le chef Samand Naaba est venu me dire que son terrain a été aménagé et morcelé sans son avis et que, par conséquent, il ne souhaite pas voir quelqu’un sur ses terres. Pour lui, s’il ne lui a été attribué qu’une seule parcelle, personne d’autre ne va s’y installer. C’est l’un des motifs de blocage du projet qui a fait que jusqu’à ce que je quitte la mairie, le dossier n’a pas évolué », confie l’ancien maire.

« L’administration doit avoir le courage de trancher… »

Cette crise foncière a trois origines, explique le directeur régional de l’agriculture du Centre-Est, Amos Congo. Primo, selon les riverains, lors de la construction du barrage, de concert avec les services de l’environnement, des arbres sur le site ont été abattus.

Le directeur régional de l’agriculture du Centre-Est, Amos Congo : « C’est une grosse perte pour la région ». © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

Certains n’auraient pas reçu leur part du dispatching des arbres consumés en charbon. Secundo, 9 des 21 propriétaires terriens qui ont cédé leurs terres n’ont pas encore été attributaires de parcelles.

Ces derniers se sont donc opposés à l’attribution. Tertio, Léopold Zinsonné, qui revendique la paternité du projet, estime que son objectif premier était de produire de la semence pour la région en campagne sèche et humide.

Mais pour lui, « son projet » a été détourné pour la maraicher culture et les parcelles ont été distribuées à plusieurs personnes. Or, en tant qu’initiateur du projet, il devrait être le principal bénéficiaire.

Aussi, « ils ont dit que le bloc 05 appartenait au défunt papa de Samand Naaba, chef coutumier de Tenkodogo. Et, lors de l’attribution, un groupuscule de jeunes est intervenu pour arrêter les travaux. Car, Samand Naaba veut, à lui seul, tout le bloc composé d’une trentaine de parcelles. Les attributions se sont arrêtées à ce niveau jusqu’à ce jour…», rappelle M. Congo.

Ce sont ces situations qui bloquent la mise en valeur de cet aménagement, regrette-t-il. M. Zinsonné persiste que ce « désordre » a été créé par l’ancien édile qui a dispatché les terres à d’autres personnes au détriment des 21 propriétaires terriens pour « des visées électoralistes ».

« Un aménagement, c’est pour tout le monde et non seulement les 21 propriétaires terriens de son village. C’est Zinsonné, le véritable problème, car, il a une vision très étriquée du développement. Gourgou compte seulement deux conseillers sur les 202 membres du conseil municipal. Donc, sans eux, je pouvais être maire », retorque l’ex-maire.

« C’est M. Zinsonné, le véritable problème », estime l’ex maire de Tenkodogo, Harouna Ouélogo. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

La situation qui dure cinq années est regrettable, selon le président de la Chambre régionale d’agriculture du Centre-Est.

« Si, un projet vient faire des aménagements, il faut voir l’intérêt national et mettre de l’eau dans son vin. Si cet aménagement était en production, cela allait apporter un plus sur le plan de la sécurité alimentaire et économique », insiste M. Tarnagda.

Il poursuit : « pour le problème foncier, l’administration n’arrive pas à danser sur un pied. Et, c’est ce qui crée le problème. Tout le monde se méfie en disant que la crise n’a pas commencé avec lui…qu’il est venu trouver le problème…». Pour lui, l’administration doit avoir le courage de trancher.

Contactés, le haut-commissaire du Boulgou et le président de la délégation spéciale de Tenkodogo n’ont pas voulu réagir. Car, selon leurs dires, « ils ne maitrisent pas le dossier ». Décédé, nous n’aurons pas la version du chef de Projet, Patrice Guissou.

Mais rencontrée, le 02 août 2022 au Liptako-Gourma, une source qui a pris part à l’exécution du Projet, sous anonymat, confie : « le financement a été un prêt que l’Etat burkinabè a contracté auprès de la BOAD. Le projet a été exécuté pour toute la population.

Je ne confirme pas les dires de M. Zinsonné, parce que nous ne travaillons pas avec les individus, mais avec les Etats- membres. Le barrage et les aménagements ne sont pas faits pour lui ou une association donnée, mais pour la population. Je suis étonné de la situation actuelle sur le terrain.

Lorsqu’on a fini les travaux, nous n’avions pas eu l’impression qu’il y’avait ces problèmes. Car, tout a été fait avec l’implication des populations. Cela fait mal au cœur, d’entendre qu’après la fin du projet, les gens ne s’entendent pas. Or, l’unité de gestion du projet a pris toutes les mesures possibles pour organiser la population pour l’exploitation convenable du site ».

Privilégier le dialogue

Abdoulaye Sossané estime qu’après cinq ans de mésententes, les guéguerres doivent prendre fin. Son vœu, c’est qu’un « bon samaritain » leur vienne en aide pour réhabiliter les aménagements et remettre le Projet sur les rails afin de les sortir des griffes du chômage.

C’est regrettable de voir ces terres non exploitées, estime le président de la chambre régionale d’agriculture du Centre-Est, Aboubacar Tarnagda. © : Sidwaya.info. Éditions Sidwaya

« Si, la tension baisse, même avec les 0,25 hectares…je peux au moins espérer nourrir mes deux épouses et mes quatre enfants », soutient le vieillard.

Le chef traditionnel, Boaghin Naaba, souhaite que le gouvernement s’implique pour trouver une solution à la crise qui n’a que trop duré. Même s’il compte mettre la balle à terre pour un dénouement de la crise, Léopold Zinsonné, tient mordicus à ce que l’administration accepte une bonne fois que le barrage n’est pas à elle, parce que c’est un projet de développement endogène initié avec les chefs coutumiers.

« Il faut remettre les terres aux propriétaires pour la production semencière tel que prévu dans le projet initial », propose-t-il.

Depuis l’entame de sa médiation, il y a deux ans, les positions semblent bouger, rassure le directeur régional de l’agriculture.

« J’ai pris ce dossier à bras- le- corps. Une délégation du village est venue me demander de m’impliquer fortement pour résoudre le problème. J’ai fait le point au gouverneur qui m’a instruit de voir le Samand Naaba et solliciter son aide pour la mise en valeur du site », confie-t-il.

« J’ai dit à M. Zinsonné, que s’il veut faire de la production semencière, il peut contractualiser avec tous les occupants du site. Nous allons l’encadrer dans la production. Les 18 hectares extensibles, il peut aussi les utiliser en tant qu’entrepreneur agricole. Mais tel que stipule l’esprit du projet, c’est un aménagement pour la population », avance, M. Congo.

Aussi, dit-il, de concert avec le gouverneur, un comité de réflexion est en gestation pour échanger avec tous les acteurs pour trouver une solution définitive à la crise.

Abdel Aziz NABALOUM

emirathe@yahoo.fr

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