Le changement climatique a des impacts sur les populations, les écosystèmes et les différents secteurs de développement socioéconomique. De toutes les régions du monde, l’Afrique semble subir le plus ce phénomène de variabilité du climat.
D’une manière globale, le changement climatique va engendrer une hausse de la température de 1,4 à 5,8 °C entre 1990 et 2100, une augmentation des précipitations au cours du 21ème siècle, une diminution de la couverture neigeuse et de la banquise, une élévation du niveau de la mer entre 9 et 88 cm.
Le continent africain devrait souffrir de ces effets du climat tels que les inondations, l’élévation du niveau de la mer, la sécheresse et d’autres événements extrêmes. Cela est ressorti de la communication du professeur Adjima Thiombiano de l’Université Joseph Ki-Zerbo et ancien président de l’Université Thomas Sankara sur les impacts du changement climatique, lors de l’atelier régional de formation sur l’adaptation au changement climatique basée sur les forêts et les arbres au profit des acteurs forestiers africains, organisé par Africain forest forum (AFF), du 15 au 19 août 2022 à Niamey, au Niger,
Citant Cline (2007), Pr Thiombiano a indiqué, d’entrée de jeu, que les effets du changement climatique seront plus graves en Afrique qu’ailleurs, en raison de la forte dépendance de son agriculture vis-à-vis de la pluviométrie.
Et d’une manière globale, ce phénomène a contribué à une réduction globale de 1 à 5 % de la production agricole sur une période de 30 ans. Si les forêts constituent une chance et une réponse au changement climatique, malheureusement, ce phénomène affecte en retour les capacités productives des ressources forestières, limitant ainsi leur apport à l’atténuation des effets de la variation du climat, a-t-il expliqué. Un cycle infernal, a dit-il.
Importantes hausses des températures en Afrique de l’Ouest
Pour ce qui est de ses impacts en Afrique de l’Ouest, des projections climatiques indiquent des hausses importantes de températures moyennes, avec un gradient Nord-Sud très prononcé, affectant directement les sols et les écosystèmes du fait d’une évapotranspiration plus importante, a souligné l’enseignant chercheur en écologie forestière.
Et d’ajouter que dans cette région ouest-africaine, le changement climatique va engendrer des précipitations moyennes présentant des réductions marquées uniquement au Nord-Ouest (Sénégal et Mauritanie) et des accroissements parfois importants (jusqu’à 10 %) au Sud-Ouest (Guinée, Libéria, Côte d’Ivoire), mais de manière générale, une certaine stabilité des précipitations d’ici au milieu du 21ème siècle.
A titre illustratif, au Nigeria, la variation et la durée des précipitations couplées à une élévation du niveau de la mer ont continué à augmenter l’occurrence des inondations dans la région du sud, alors qu’au nord du pays, la fréquence accrue des périodes de sécheresse a contribué à dégrader les conditions de vie en raison de la faible productivité des écosystèmes.
Sans oublier que depuis le 1er septembre 2009, le Burkina Faso enregistre chaque année des périodes d’inondations avec des conséquences socio-écologiques sans précédent. « Les projections prévoient des baisses importantes de débits sur certains fleuves transfrontaliers en tenant compte uniquement de l’influence des changements climatiques (et non de l’utilisation de la ressource) », a poursuivi l’universitaire.
Urgence à agir
Ces phénomènes influent négativement les capacités productives et de résilience du continent africain. « Ces effets affecteront la sécurité alimentaire et contribueront à la vulnérabilité des populations et des écosystèmes face au changement climatique », a-t-il souligné.
Si la recrudescence des inondations, des sécheresses et d’autres phénomènes extrêmes impactant la sécurité alimentaire, les ressources en eau, les infrastructures et la santé humaine limite les possibilités de développement de l’Afrique ; ce sous-développement, qui se traduit par le faible PIB par habitant, aggravé par la pauvreté généralisée, la répartition inéquitable des terres et l’analphabétisme, l’absence de sécurité sociale en particulier après une mauvaise récolte, réduit, à son tour, la capacité d’adaptation du continent, a soutenu Adjima Thiombiano.
La croissance économique du Ghana a par exemple diminué de 2 % après une période de sécheresse ayant limité la production de l’énergie hydroélectrique (OCDE, 2010).
En définitive, le changement climatique a des répercussions sociales, économiques et environnementales dans toutes les régions d’Afrique. Il y a alors urgence à agir collectivement et individuellement, à travers la prise de mesures d’adaptatives pour faire face aux effets néfastes de ce phénomène, qui impact fortement le bien-être social, économique et écologique de l’Homme, a conclu Adjima Thiombiano.
Mahamadi SEBOGO
Depuis Niamey, Niger