Le ministre d’Etat chargé de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale, Yéro Boly, a échangé, le mardi 5 juillet 2022, à Ouagadougou, avec les membres des associations des victimes des crises socio-politiques pour les rassurer qu’ils seront indemnisés.
Les victimes des crises socio-politiques au Burkina Faso seront bientôt indemnisées. C’est l’information principale livrée par le ministre d’Etat chargé de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale, Yéro Boly, aux membres des associations des victimes de ces crises qu’il a rencontrés, le mardi 5 juillet 2022, à Ouagadougou. Afin d’accélérer le processus de réconciliation en cours, a-t-il indiqué, il a pris l’engagement, au nom du gouvernement, de faire procéder à l’indemnisation des victimes dont les dossiers sont déjà traités et évalués par le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) et qui sont en attente de paiement.
« Les indemnisations commenceront dans les tout prochains jours et se poursuivront progressivement sans interruption jusqu’à l’apurement des montants dus. Pour les autres dossiers en cours de traitement ou nouvellement enregistrés à ce jour au sein de mon département ou au HCRUN, des instructions sont données pour accélérer leur traitement », a-t-il précisé. A en croire le ministre d’Etat, les dossiers enregistrés par le HCRUN et le ministère en charge de la cohésion sociale de 1960 à 2015 font état de plus de 5 600 dossiers collectifs et 30 000 dossiers individuels dont plus de 179 concernent des pertes en vies humaines, 543 des blessés, 839 cas de destruction de biens individuels et 28 000 contentieux administratifs.
A ces dossiers, a-t-il poursuivi, s’ajoutent ceux des 7 215 travailleurs déflatés de 1991 à la suite des licenciements liés aux Programmes d’ajustement structurel (PAS) et ceux des 600 anciens étudiants de Cuba dénommés « les orphelins de Sankara ». Aux dires de M. Boly, le coût global de réparation financière des cas déjà traités et évalués par le HCRUN à la date du 26 octobre 2021 est estimé à plus de 65,740 milliards CFA.
« Cette évaluation concerne principalement les dossiers de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, les dossiers du coup d’Etat de septembre 2015, les dossiers ‘’conflits entre agriculteurs-éleveurs de la région du Sud-Ouest’’, les dossiers du contentieux administratif des 27 militaires condamnés pour motif de tentative de coup d’Etat en 1996 », a-t-il souligné. Si pour certains dossiers, foi de M. Boly, des actes administratifs suffisent pour apporter des solutions aux problèmes qui se présentent, pour d’autres, au-delà des indemnisations, des efforts de réparation s’avèrent nécessaires. « Ces indemnisations seront étalées dans le temps au fil des exercices budgétaires », a-t-il informé.
Pas de montant à imposer
Pour le ministre d’Etat Yéro Boly, le Burkina Faso a besoin de se réconcilier afin de sceller davantage les liens qui « nous unissent et de renforcer notre engagement à bâtir l’avenir dans l’unité, la fraternité, la tolérance, le respect mutuel et la coexistence pacifique ». « Le processus de réconciliation en cours, de par son caractère participatif et inclusif, devra permettre aux filles et fils de notre Nation de faire définitivement le deuil de nos asthénies, de panser nos plaies, d’expier les fautes individuelles et collectives et d’écrire une nouvelle page de l’histoire du Burkina Faso », a-t-il laissé entendre.
Pour ce faire, le Forum national sur la réconciliation longtemps annoncé sera tenu dans les semaines à venir. Les participants à cette rencontre ont salué cette initiative du ministère en charge de la cohésion sociale et souhaité que la réconciliation nationale se réalise enfin au pays des Hommes intègres. Ils ont, cependant, exposé des préoccupations liées, entre autres, au sort réservé à certains dossiers, au chronogramme d’indemnisation des victimes, aux montants à payer.
Le président de l’Association nationale des travailleurs déflatés, Kiswinsida Kaboré, a souhaité que des négociations soient ouvertes afin de ne pas leur imposer des montants. A ces préoccupations, le ministre Boly a rassuré que personne ne sera laissé en marge et rien ne sera imposé à quelqu’un. « Nous sommes ouverts au dialogue et à la concertation », a-t-il confié.
Timothée SOME
timothesom@yahoo.fr
Zenabou YAMMA (Stagiaire)