Mon chou,
Aujourd’hui 7 août 2021 cela fait exactement 37 ans que tu t’en es allé ! Le temps s’est écoulé à la vitesse de l’escargot et c’est comme si c’était hier.
Que d’expériences acquises dans les larmes !
En effet, ignorants pourquoi il avait été assassiné, par instinct de survie et de peur d’être étiquetés et de subir des représailles de la révolution et de ses CDR
– Des amis se sont éloignés,
– Des compagnons d’armes ont fui, en veut pour preuve cette anecdote ; à l’aéroport de Ouagadougou, un groupe d’officier marchait vers moi, dès qu’ils m’ont reconnus instinctivement, ils ont changé de trottoir, Un seul a eu le courage de venir me saluer. C’était le Colonel-major à la retraite Bernard Sanou que je porte jusqu’à ce jour dans mon cœur. Choquée, j’ai haussé la voix afin d’être bien entendu par ses officiers couards : ‘‘Je ne_savais_pas_qu’il y avait encore des hommes dans cette armée !’’.
J’ai eu également à faire face :
– Au jugement et à la critique facile : ‘’La veuve du Commandant Sawadogo Amadou ne devait pas l’aimer ou elle est une sorcière car malgré la manière violente dont il est mort, elle n’a pas poussé un cri, elle n’a versé aucune une larme aux cours des cérémonies et à son enterrement,
– A la pure méchanceté. J’étais absente du Burkina lorsque son attentat a eu lieu. A mon retour, passant par le pont allant vers l’hôtel Silmandé pour des raisons de service, une collègue m’a dit : ‘‘Vois-tu tout le sang qui a coulé sur le pont, c’est le sang de ton mari.’’
– Aux harcèlements tant psychologique, morale (filature de manière ostentatoire), que sexuelle (j’ai été veuve très jeune) etc.
– Aux calomnies des personnes qui soient s’étaient senties frustrées par ce que je ne répondais pas à leur avance ou par pure jalousie, etc.
Cette douloureuse expérience m’a obligé à :
– M’exiler du Burkina Faso,
– Me forger un mental de fer,
– Finir par comprendre que par la haine je me détruisais moi-même et non ceux qui m’avaient
Marie Rose Sawadogo