L’odieux crime contre l’humanité commis à Solhan ne saurait rester impuni. Une enquête indépendante doit être rapidement diligentée pour situer clairement les responsabilités et prendre les mesures conservatoires qui s’imposent. Les diatribes sans fin, les attaques ciblées par médias interposés ne sauraient prospérer. Les Burkinabè ont droit à la vérité. Rien que la vérité !
Selon certaines rumeurs, sur l’attaque de Solhan, les renseignements, d’habitude promptes, n’auraient «rien vu venir». Ces affirmations ne reposent sur aucun fondement. Les sources sécuritaires sont formelles. Les renseignements étaient non seulement disponibles à temps mais surtout très précis. Les données ont été communiquées aux unités au millimètre près.
La cause de l’inaction est à rechercher ailleurs. Les raisons consistant à dire que les terroristes ont miné la voix menant à Solhan ou qu’ils ont attaqué la commune de nuit ne résistent pas à l’analyse. Les terroristes agissent régulièrement ainsi. La stratégie adéquate de contre-attaque doit être trouvée. C’est pour cela qu’une enquête indépendante est une urgente nécessité.
Aujourd’hui, les renseignements sont arrivés à mettre en place un système méticuleux qui leur permet de disposer de données fiables en un temps record. Ce système repose autant sur des individus suffisamment outillés que sur une technologie de pointe. Les résultats sont si probants que l’expertise burkinabè est régulièrement sollicitée au-delà de nos frontières. Grâce aux renseignements, de nombreux attentats sont déjoués dans les grandes villes et des attaques contre certaines localités sont évitées.
Secret défense oblige, certaines informations ne peuvent être divulguées. De plus, elles créeraient une psychose au sein des populations. La logique au niveau des renseignements peut être résumée ainsi : «En dire moins et en faire plus». Le renseignement est l’âme des armées. Sans ce paramètre, les hommes vont au combat à l’aveuglette. Le carnage est certain. Pour éviter la répétition de drames comme celui de Solhan, le véritable travail à faire aujourd’hui consiste à consolider les acquis en matière de renseignement, à renforcer la synergie et la collaboration entre les différents chefs militaires, les différentes unités et les différents corps.
Aucun grain de sable ne devrait enrayer la machine. Une évidence s’impose. Les attaques vont s’intensifier. Les terroristes veulent absolument sauter le verrou «Burkina Faso» pour avoir une meilleure emprise sur les pays du Golf de Guinée. Des incursions sanglantes sont déjà enregistrées en Côte d’Ivoire. Le Burkina Faso ne peut compter que sur ses propres forces. L’attentisme et la résignation ne doivent être de mise. L’émotion passée, des résolutions fermes et des actes concrets sont attendus sur toute la chaine de commandement.
Forces spéciales : De la nécessité du recadrage
La création de Forces Spéciales a été annoncée dans le sillage de l’attaque de Solhan. L’initiative est a priori louable. Certains recadrages sont toutefois nécessaires pour que ces forces puissent agir conformément à la discipline militaire et au droit international. Il en est ainsi du droit de poursuite au-delà des frontières du Burkina, du fait qu’elles ne peuvent être poursuivies dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs missions, du fait qu’elles soient constituées d’un ensemble de corps formant région militaire,… Toutes les dispositions doivent être prises pour en faire des forces au service de la République et de la démocratie. Avec la création de ces FS, les terroristes vont immanquablement réajuster leur mode d’action. Les renseignements et les stratèges militaires doivent prendre en compte cette donne pour une meilleure planification et exécution des missions.
Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant-Chercheur Ouagadougou