Le Mouvement des intellectuels pour le développement (MIDE) est un jeune parti politique centriste du Burkina. Pour sa première participation à une élection législative, le MIDE a imposé ses marques dans la quasi-totalité des circonscription électorale où il avait des candidats. Le président du MIDE, M. Harouna Kindo qui nous a accordé cet entretien affiche la satisfaction de son parti sur sa participation aux législatives car ayant tiré beaucoup d’expériences. L’espoir du parti se tourne maintenant vers les élections municipales où il se prépare activement. La loi ne reconnaissance pas le parti centriste au Burkina, le président du MIDE nous confie qu’une déclaration officielle viendra clarifier l’appartenance du parti à l’opposition politique.
I-Burkina : Monsieur le président le MIDE vient de toucher du doigt sa première expérience de campagne politique lors des législatives du 22 novembre 2020. Quelles sont les leçons que vous retenez de cette participation ?
M. Harouna Kindo (HK) : Merci pour l’intérêt que vous portez sur la vie de notre parti en nous donnant surtout l’occasion de nous exprimer après les élections.
Le moins que l’on puisse dire est que nous avons beaucoup appris à travers notre participation à cette élections législative. Nous avons touché du doigt la réalité des choses sur le terrain. Nous savons maintenant comment les burkinabè votent et surtout l’esprit qui guide les choix des électeurs. A la lumière de tout ce que nous avons vécus, nous nous améliorerons pour affronter les élections municipales en perspective. Nous sommes présentement sur le terrain des préparatifs des élections municipales malgré le report de la date.
Le moins que l’on puisse dire est que le MIDE est véritablement un parti politique qui a eu des voix dans la quasi-totalité les différentes circonscriptions électorales où il avait des candidats. Un motif de satisfaction ?
Bien sûr, nous sommes satisfaits de notre participation à cette élection législative. Nous n’avons pas obtenu de députés, mais nous avons beaucoup appris sur une campagne électorale, nous avons pu également cerner l’esprit des burkinabè en période électorale. Nous sommes également satisfaits car dans la quasi-totalité des bureaux de votes des provinces où nous avons présenté des candidats, le MIDE a obtenu des voix. Signe que des électeurs adhèrent à l’option politique du MIDE, en dépit de notre jeune existence sur l’arène politique burkinabè. La jeunesse est en train de comprendre notre particularité et notre vision. Pour tout cela sous sommes comblés de notre participation aux législatives du 22 novembre 2020.
La corruption électorale prend des proportions inquiétantes au Burkina. En tant que parti politique de la jeunesse, quelle partition comptez-vous jouer pour endiguer le fléau ?
C’est une triste réalité. C’est dommage. Nous continuerons la sensibilisation des populations à cet effet. Nous voulons que les jeunes prennent leur avenir en main et surtout se mettent au travail pour leur bien futur que de se contenter des faveurs circonstancielles des politiciens lors des campagnes électorales. La lutte contre la corruption électorale doit se gagner par une prise de conscience individuelle et collective.
Le MIDE est un parti politique d’obédience centriste, le ministère de l’Administration territoriale sonne les différents partis à clarifier leur appartenance à l’opposition ou à la majorité d’ici le 05 mars 2021. Qu’en est-il du MIDE ?
Notre bord est centriste (ni de la majorité, ni de l’opposition). Le MIDE est le premier parti politique centriste au Burkina. Mais présentement nous n’avons pas le choix. Comme le bloc centriste n’est pas reconnu officiellement et administrativement au Burkina, ne pas respect les exigences administratives cela nous ferons subir des préjudices. Nous continuerons à travailler pour la reconnaissance des partis centristes au Burkina. En attendant nous ferons une déclaration officielle pour clarifier notre appartenance à l’opposition politique.
Des élections municipales ont été reportées en mai 2022. Qu’en pensez-vous de ce report ?
Nous ne connaissons pas les motifs réels de ce report. Il y a eu des reformes concernant le processus électoral au niveau des maires qu’on veut mettre en application. Donc à priori nous ne voyons pas d’inconvénient dans la mesure où c’est dans l’esprit de bien faire. Nous avons également le temps de bien nous préparer pour la campagne municipale.
Le président de l’Assemblée nationale Bala Sakandé, a soulevé la question pléthorique des partis politiques (près de 200) qui n’amène pas les leaders politiques à être efficace sur le terrain. Et une limitation des partis politiques s’impose. Votre opinion ?
Oui, c’est parfait, car je fais partir de ceux qui ont toujours dénoncé la pléthore des partis politiques au Burkina. La vérité est que malheureusement beaucoup de partis politiques ne jouent pas leur rôle véritablement comme propulseur de solutions au bien-être des populations. Donc, c’est une bonne idée de trouver des formules pour limiter le nombre des partis politiques. Il y a des partis politiques qui n’arrivent pas à couvrir une seule province, c’est ridicule. Il faudra des conditions claires pour la création d’un parti politique. Il y aura plus de l’ordre dans ‘animation de la vie politique au Burkina.
L’une des préoccupations majeures du second mandat du président Roch Kaboré est la réconciliation nationale. Le ministre d’État en charge de la réconciliation Zéphirin Diabré est à l’œuvre. Comment avez-vous accueilli la création de ce ministère. ? Quel itinéraire pour parvenir à une véritable réconciliation?
Le MIDE est l’un des premiers partis politiques à avouer officiellement que la réconciliation nationale, pourrait endiguer aux maux que le pays connait. On ne peut construire une nation que dans l’union des filles et des fils.
La réconciliation doit être sincère et non basée sur des ambitions politiques inavouées. La réussite de cette réconciliation consolidera le lien fraternel entre les burkinabè et engendrera le progrès dans le développement du Burkina.
Cette réconciliation doit se faire sur la base de la justice d’abord, le pardon par la suite et la réconciliation. Cet itinéraire est l’idéal pour le succès de la réconciliation.
Quant au choix de Zéphirin Diabré, nous sommes surpris car on ne s’attendait pas qu’un opposant de son envergure se mette du côté de la majorité. C’était une référence de l’opposition politique Burkina. Mais si ce revirement politique peut apporter une vraie réconciliation au Burkina tant mieux !
Avez-vous un dernier mot ?
Avec ce que nous avons vus, lors de la campagne législative, je souhaite que les mentalités change au Burkina. Le burkinabè est en train de perdre sa dignité et son intégralité. Alors que c’étaient les seules valeurs qui nous identifiaient. Bien avant le burkinabè préférait la mort à la honte. Maintenant c’est le contraire. La course effrénée à l’argent éloigne le burkinabè de la dignité et de l’intégrité. Nous devons avoir peur de l’avenir, car ce phénomène prend de l’ampleur chez les jeunes. Nous pouvons toujours nous ressaisir en repensant le système éducatif, la bonne gouvernance et la valorisation de notre culture.
Interview réalisée par TZ