L’Alliance Travailliste pour le Développement (ATD) a été portée sur les fonts baptismaux le 02 février 2020. Aussitôt né, le parti s’est armé de courage pour prendre part aux élections législatives du 22 novembre 2020. Une stratégie non seulement pour annoncer les couleurs du parti dans l’arène politique nationale, mais surtout pour tirer de l’expérience dans la campagne politique. Le président de l’ATD, M. Souleymane Soulama a été ancien maire de Banfora, ancien ministre des transports. Nous l’avons rencontré pour en savoir un peu plus sur la vie du parti politique qu’il préside. Il nous parle à cœur ouvert de l’option du parti à soutenir le programme du président Roch Kaboré lors de l’élection présidentielle. De même les ambitions de l’ATD sont nombreuses, et le parti compte progressivement remporter d’abord les élections locales. Le président Souleymane Soulama donne aussi son opinion dans cet entretien sur les questions d’actualité, notamment sur la réconciliation, la limitation du nombre des partis politiques, le report des élections municipales etc.
I-Burkina : Monsieur le président, l’Alliance Travailliste pour le Développement (ATD) a été créé le 02 février 2020, et elle a tenu son 1er Congrès à Bobo-Dioulasso en Août de la même année. En novembre 2020, le parti a pris part à la campagne législative. Était-il suffisamment préparé pour cette élection ?
M. Souleymane Soulama (S.S): Merci de l’intérêt que vous manifestez pour le parti Alliance Travailliste pour le Développement (ATD). Effectivement après la création du parti le 02 février 2020, le pays a été secoué par la pandémie du COVID19. Avec les mesures gouvernementales de la quarantaine des villes, le couvre-feu, le confinement, les mesures de distanciations sociales etc., nos activités ont naturellement pris un coup de frein. Notre programme d’implantation du parti sur le territoire national s’est stoppé.
A vrai dire nous n’avons eu véritablement que deux mois pour faire l’expansion du parti et la composition de notre liste électorale.
A cela se greffe qu’à quelques semaines des élections notre liste nationale a été attaquée par le Mouvement SENS. Ce qui nous faisait courir au palais de justice. Néanmoins nous avons gagné le procès qu’à la veille des élections. Donc, notre succès n’étais pas évident au regard de tout ce que je viens de vous relever. Toutefois notre participation nous a permis de tirer des expériences. Ce qui est d’ailleurs intéressant car nous visons le long terme.
L’ATD est un parti affilé à l’Alliance pour la mouvance présidentielle (APMP). Le président Roch Kaboré a été brillamment réélu. Qu’est ce qui a été l’élément catalyseur de cette réélection dès le 1er tour malgré les difficultés de gestion du pouvoir des cinq dernières années ?
Effectivement nous sommes membre de l’APMP. Nous avons participé activement à soutenir la candidature et la réélection du président Roch Kaboré. Il faut dire qu’il y a plusieurs facteurs qui expliquent la réélection du président Kaboré. Je n’ai pas lu le programme de tous les candidats, parmi les programmes que j’ai pu lire d’autres étaient passable. Celui du président Kaboré s’accommodait plus sérieusement aux ambitions du peuple burkinabè.
Il y a le fait que certains candidats se sont donnés à des discours calamiteux. Pourtant il faut désormais en tenir compte de la maturité d’esprit des électeurs.
L’autre réalité est que malgré l’insécurité, la Covid19, les burkinabè ont constaté que le Président Kaboré a pu faire des grandes réalisations très remarquables. Donc, les électeurs ne voulaient pas aller à l’aventure et ils ont opté pour la continuité dans le progrès.
Le discours de politique générale (DPG) du 1er ministre Christophe Dabiré a tracé les grands axes de la gouvernance. En tant que leader politique qu’est ce qui a le plus retenu votre attention ?
L’axe essentiel qui retient l’attention de tout le monde est la réconciliation. Je pense que le pays a besoin de cette réconciliation. Il y avait dix axes dans le programme du président Kaboré et ce sont ces dix axes qui ont été repris lors du discours de politique générale du premier ministre Christophe Dabiré.
Le plus important c’est la réconciliation, car sans cette réconciliation beaucoup de choses resteront stagnantes. Je dirais que même la question de la sécurité est aussi liée à cette réconciliation nationale. Je pense qu’il nous faut bien réussir cette réconciliation qui va engendrer la paix des cœurs et de la cohésion sociale. Il y a eu aussi la question de la corruption qui devient inquiétant ; je pense qu’il serait nécessaire de faire des assises générales sur la question.
Quelles sont les étapes suivre pour réussir cette réconciliation ?
Il y a un ministre d’État qui a été nommé (Ndlr Zéphirin Diabré) pour piloter cette réconciliation. Il est en train de faire une large concertation. A mon avis il n’y a pas de doute, il faut laisser la justice faire son travail librement. Après tout le président a toutes les prérogatives pour amnistier etc., Aussi il faut trouver des moyens pour dédommager tous les victimes conséquemment. En un mot, il faut la justice d’abord et la réconciliation après.
Le Premier ministre a évoqué aussi le report probable des élections municipales. Qu’en pensez-vous ?
A mon avis, je ne trouve pas d’inconvénients. Seulement le report doit se justifier et surtout pas pour une longue durée. Sinon il faudrait mettre des délégations spéciales partout. Il y a la nécessité de passer par le suffrage direct où le maire est connu d’avance. Cela évite l’achat des voix des conseillers élus. A ce niveau aussi, il faut une relecture des textes.
Le Président de l’Assemblée nationale a évoqué également la nécessité de limiter le nombre des partis politiques pour plus d’efficacités des acteurs.
Je suis d’accord avec lui. Mais le problème est qu’il s’agit d’une question institutionnelle. La liberté de créer un parti politique est inscrite dans la Constitution. Ça se discute dans un dialogue politique. C’est l’idéale la limitation des partis politiques. Effectivement il y a des partis politiques qui se présentent aux élections dans toutes les circonscriptions électorales et ne sont pas présents sur le terrain, pendant la campagne.
Comment comprenez-vous que certains partis se créent uniquement pour soutenir le candidat d’un autre parti politique ?
C’est ça aussi le dilemme. La vérité est que tous les partis qui se créent ne peuvent pas prendre part à une élection présidentielle. Il y a des critères pour être candidat à l’élection présidentielle. Il faut avoir les moyens financiers, humains et une bonne assise nationale du parti. Ce qui n’est pas évident pour tous les partis politiques.
L’autre évidence aussi est que le pouvoir d’État ne s’acquière pas directement par les élections présidentielles. On peut progressivement commencer par les élections municipales, après viser les élections législatives et finalement l’élection présidentielle. Chaque parti politique est libre de sa stratégie de conquête du pouvoir d’État.
Succinctement quels quelles sont les ambitions de l’ATD dans l’arène politique burkinabè ?
Notre ambition suprême c’est la conquête du pouvoir d’État. Mais nous sommes un jeune parti politique. Nous continuons l’implantation de notre parti sur le territoire national. Nous préparons activement les élections municipales en perspective et nous comptons obtenir beaucoup de conseillers et des mairies.
Monsieur le président d l’ATD, vos vœux pour vos militants, la classe politique burkinabè et le peuple burkinabè en général ?
L’année 2020 a été très éprouvante pour le Burkina. Donc, mes vœux pour 2021 est que nous puissions l’entamer dans la paix, la sécurité, la santé. Que nous œuvrons tous ensemble dans nos divergences d’opinion construire le Burkina qui nous appartienne à tous.
Interview réalisée par TZ