Ce 117e Congrès qui discutera les lois du 46e président des États-Unis, Joe Biden, est le plus divers jamais élu. Il n’est pas pour autant représentatif de la société états-unienne.
Le Congrès élu en novembre 2020, c’est-à-dire l’entité formée par la Chambre des représentants (435 membres) et le Sénat (100), est le plus divers et paritaire jamais élu.
Le Congrès le plus féminisé jamais élu
Avec 26,9 % de femmes, soit 144 sur 535, ce Parlement qui va discuter et voter les lois du 46e président, Joe Biden, est le plus féminisé de l’histoire des États-Unis. Il demeure néanmoins beaucoup moins paritaire que nombre de pays occidentaux : les femmes représentaient 47 % du Parlement suédois en 2020, 44% en Espagne et 36% en France. Il est aussi en retard sur la société, qui, en Europe comme aux États-Unis, compte environ 51% de femmes.
Un rééquilibrage lent à partir des années 1990
Au maximum, le nombre d’élues a été de 127 après les élections de mi-mandat de 2018, sur un total de 535 membres du Congrès. En 2020, elles sont 176.
Cette part de 26,9 % est néanmoins une évolution majeure depuis le précédent « record », enregistré lors des élections de mi-mandat en 2018 : les électeurs et électrices américaines avaient élu 127 femmes dans les deux chambres législatives, soit 23,7 % du Congrès. Ce rééquilibrage, qui s’accélère au XXIe siècle, est majoritairement le fait des démocrates.
A la Chambre des représentants, qui est renouvelée entièrement tous les deux ans, les démocrates ont remporté 222 sièges parmi lesquels 89 sont occupés par des femmes (soit 40 % de la majorité), contre 29 sur 212 pour les républicains (soit 13,7 % de l’opposition). Au Sénat, qui est renouvelé par tiers tous les deux ans, la tendance est la même : les élues démocrates représentent 34 % de la majorité, alors que les neuf républicains ne représentent que 18 % de l’opposition. Le modeste rééquilibrage est surtout le fait des démocrates
Ce graphique représente la proportion d’hommes et de femmes élues au Congrès (soit le Sénat et la Chambre des représentants combinés). Il couvre les 36 élections de 1950 à 2020 qui ont lieu tous les deux ans.
Un Congrès plus âgé que celui auquel il succède
Les deux chambres américaines ont aussi un nouveau benjamin : Madison Cawthorn. L’élu de Caroline du Nord, républicain de 25 ans, relègue la New-Yorkaise Alexandria Ocasio-Cortez, de six ans son aînée, à la deuxième place. Mais globalement, ce Congrès est moins «jeune» que le précédent : la moyenne d’âge des représentants est de 58 ans contre 57 ans et 6 mois lors de la précédente législature, au Sénat cette moyenne passe de 62 ans et 11 mois à 64 ans.
61 % de plus de 60 ans
Ce graphique présente la répartition des élus au Congrès américain – la Chambre des représentants et le Sénat combinés. Parmi eux, 266 sur 535 ont plus de 60 ans (61 %) et 76 % ont plus de 50 ans.
Un record d’élus de «minorités raciales»
Ce Congrès compte le plus grand nombre de personnes issues de «minorités raciales» jamais élues, mais il ne correspond pas pour autant à un miroir de la société américaine. Ainsi, les Blancs représentent 60,1 % de la population américaine, mais constituent 80,4 % des deux chambres.
Par voie de conséquence, les autres communautés sont moins représentées : les législateurs noirs sont 11,4 %, alors que les Noirs représentent 13,4 % des 328 millions d’Américains, selon le bureau du Recensement des États-Unis. C’est pire pour la représentativité des Latinos : ils forment 8,22 % du Congrès, alors que leur part dans la société est de 18,5 %. Enfin, les élus asiatiques et hawaïens représentent 4,8 % du Congrès, ce qui est assez proche de leur part dans la population générale (5,6 %).
Une représentation jusqu’ici inégalée des minorités
Le 117e Congrès américain a le plus grand nombre de représentants de minorités, ainsi ce sont 61 élus noirs, 44 élus latinos et 26 élus asiatiques qui siègent à Washington.
Onze élues et élus LGBT
Enfin, selon le décompte du quotidien Washington Post, ce 117e Congrès est celui qui compte le plus grand nombre d’élus ouvertement LGBT. Ces onze élus (contre dix dans la précédente législature) sont toutes et tous démocrates : ils représentent 2 % des deux chambres. Si cette proportion constitue également un record, elle reste en dessous des 4,5% de la population américaine qui s’identifie comme lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres.
Une écrasante majorité de chrétiens, une élue athée
Au total, 88,1 % des nouveaux élus au Congrès se déclarent chrétiens (d’abord protestants, puis catholiques), alors que ceux-ci ne se retrouvent dans la société américaine qu’à hauteur de 65 %, selon les calculs du Pew Research Center (PRC). Les élus qui se déclarent juifs sont 6,2 %, contre 2 % au sein de la population totale.
En revanche, 26 % des Américains se définissent comme «athées», «agnostiques» ou «rien en particulier» (toujours selon PRC), alors qu’ils ne représentent que… 0,2 % des élus au Congrès. Il s’agit en fait d’une seule élue, la sénatrice démocrate d’Arizona Kyrsten Sinema.
Source : Le Monde / Pierre Breteau