De violents combats ont éclaté, dimanche soir, entre les troupes fédérales somaliennes et des milices dans le Jubaland, l’un des cinq États semi-autonomes qui composent la Somalie. Pour Mogadiscio, ces milices sont soutenues par le Kenya voisin qui nie toute implication.
Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a appelé le mardi 26 janvier 2021, le Kenya et la Somalie à privilégier le dialogue alors que la tension monte entre les deux pays à la suite des incidents survenus dans une région frontalière.
« Je suis avec inquiétude les tensions à la frontière Kenya-Somalie et j’exhorte les deux voisins à faire preuve de retenue et à dialoguer conformément au processus IGAD [Organisation sous régionale qui regroupe 8 pays d’Afrique de l’Est, NDLR]. La paix à la frontière entre le Kenya et la Somalie est essentielle à la stabilité régionale », a déclaré Moussa Faki Mahamat dans un tweet.
Au moins 11 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées à la suite de violents combats qui ont éclaté dimanche soir dans la ville de Bulo Hawo entre les troupes fédérales somaliennes et des milices du Jubaland, l’un des cinq États semi-autonomes qui composent la Somalie.
Le porte-parole du gouvernement somalien, Mohamed Ibrahim Moalimuu, a déclaré que les forces somaliennes avaient arrêté près de 100 combattants fidèles au « fugitif » Abdirashid Janan, le ministre de la Sécurité du Jubaland.
Depuis mars 2020, les troupes fédérales de Somalie sont stationnées dans la ville de Bula Hawo, après avoir chassé les forces du Jubaland fidèles à Abdirashid Janan qui se serait enfui vers la ville frontalière de Mandera, au Kenya.
Mogadiscio a par ailleurs accusé Nairobi de soutenir les milices qui ont lancé l’attaque.
Des accusations rejetées par le Kenya qui a écrit, lundi, à l’Union africaine soulevant des problèmes sécuritaires et humanitaires causés par les combats.
« La principale préoccupation du Kenya est que la reprise des combats engendre des déplacements à grande échelle de civils à l’intérieur de la Somalie et génère de plus en plus de réfugiés et de demandeurs d’asile au Kenya, aggravant ainsi la situation humanitaire déjà désastreuse en Somalie et dans les camps de réfugiés au Kenya », a déclaré le ministère des Affaires étrangères.
Et d’ajouter que « le Kenya craint que si les combats se poursuivent sans relâche, la situation puisse déstabiliser davantage la région, compliquer la situation en matière de sécurité et annuler les progrès réalisés dans la lutte contre le terrorisme ».
Selon les médias kényans, les combats ont perturbé les activités normales du côté kényan à Mandera, les écoles et les magasins fermant par crainte des violences. Le gouverneur de Mandera, Ali Roba, a déclaré que certains Kényans avaient été blessés dans l’incident, rapporte Theeastafrican.
Le 14 décembre 2020, la Somalie a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Kenya, l’accusant d’ingérence politique et de violation de sa souveraineté.
Une décision unilatérale qui faisait suite à la visite à Nairobi de Muse Bihi Abdi, le président du Somaliland, République autoproclamée depuis 1991, et sur lequel la Somalie revendique toujours sa souveraineté comme étant un État de sa fédération.
Une goutte d’eau qui avait fait déborder le vase des relations déjà exécrables entre les deux pays, depuis quelque temps.
En plus du Jubaland et du Somaliland, le Kenya et la Somalie sont également en désaccord sur des questions de délimitation des frontières maritimes, dont l’enjeu repose sur de potentielles réserves de pétrole et de gaz.
Source : Agence Ecofin / BK