Le dernier trimestre de l’année 2020 a été très déplorable dans le milieu des médias au Burkina. Des confrères ont subi des menaces et des tentatives d’agressions physiques. Face à cette situation déplorable qui se dégrade au quotidien, le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) et le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) sont montés au créneau pour interpeller le gouvernement à plus de vigilances sur la sécurité des journalistes et la liberté d’expression démocratique. L’intégralité de la déclaration.
Nous vivons une ambiance particulière en cette fin d’année 2020. De mémoire de Burkinabè, jamais au cours de ces 20 dernières années, nous n’avons assisté à autant de menaces contre la vie de journalistes en si peu de temps. En moins d’un mois, soit entre novembre et décembre 2020, nous avons enregistré trois cas, de quoi nous convaincre que si les vieux démons ne sont pas de retour, ils ne sont pas loin de l’être, et se signalent avec cynisme. Les faits sont têtus. Tenez :
– Dans la nuit du 27 au 28 novembre 2020 des menaces de mort sont proférées à l’endroit de Siriki DRAME, Secrétaire général (SG) du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC). En effet, ce jour, notre camarade découvre un tag sur son portail avec le message suivant : « Je viendrai se soir pour vous tue ».
– Le 02 décembre 2020, le domicile du journaliste de la RTB/Radio, Séry BAOULA essuie des tirs de balles laissant des impacts visibles. Un moment de grande frayeur certaine pour sa famille.
– Le 10 novembre 2020, la voiture qui ramène le journaliste d’investigation et rédacteur en chef du journal Courrier Confidentiel Yacouba Ladji BAMA à Ouagadougou, après une conférence qu’il a co-animée à Dori sur la corruption électorale, reçoit un projectile (probablement une balle) au niveau de la vitre, côté passager, la place qu’occupait le journaliste.
Et ce n’est pas tout ! Dans la nuit du 6 au 7 janvier 2020, la maison du même Yacouba Ladji BAMA est attaquée au cocktail molotov. Sa voiture est incendiée. N’eut été la vigilance des membres de sa famille, l’on assisterait à un drame certain.
Au regard de ces faits, on peut sans risque de se tromper, affirmer que les journalistes sont incontestablement dans l’œil du cyclone.
Mesdames, messieurs les journalistes !
Qui en voudrait autant aux journalistes ? Sans préjuger des auteurs de ces intimidations, le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) et le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) mettent l’Etat face à son devoir de protection de l’ensemble des citoyens de ce pays, et particulièrement les journalistes, les défenseurs de la liberté d’expression et de la presse, ainsi que les défenseurs des droits humains, eux qui consentent d’énormes sacrifices pour concourir à la protection des droits des populations des villes et des campagnes.
Nous ne le rappellerons jamais assez ! La criminalité se nourrit de l’impunité. Et seul le silence persistant de la justice peut expliquer la persistance des menaces contre la vie des citoyens.
Mesdames, messieurs les journalistes !
Le 13 décembre 2020, le peuple burkinabè commémorait le 22è anniversaire de l’assassinat crapuleux du journaliste Norbert Zongo et de ses trois compagnons. 22 ans après, la justice demeure muette sur ce crime odieux. Voudrait-on donner un blanc-seing à tous les apprentis sorciers, que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
Il est plus que temps que les autorités politiques et judiciaires envoient un signal fort à tous ceux qui, cagoulés, jouent à faire peur aux journalistes et aux citoyens engagés.
A ceux qui seraient tentés de minimiser la portée de ces menaces, nous rappellerons la similarité des contextes de décembre 1998 et 2020. Il vous souviendra que les menaces se faisaient précises autour de Norbert Zongo. A l’époque que n’avons pas entendue comme conjectures jusqu’à ce que l’irréparable se produise ?
Mesdames, messieurs les journalistes !
Pour le Centre national de presse Norbert Zongo et le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, il est plus que temps de se mettre débout et faire face à ces forces rétrogrades qui mettent ou qui tentent de mettre en péril la cohésion sociale au Burkina Faso. Gardez le silence et croiser les bras face à ces menaces à répétition, seraient incontestablement une grave erreur.
Le CNP-NZ et le Collectif, ici et maintenant :
– affirment leur soutien et leur solidarité pleine et indéfectible aux hommes de médias victimes de ces menaces de mort ;
– mettent en garde quiconque oserait tenter d’attenter à leur vie ;
– appellent instamment les autorités en charge de la sécurité et de la justice à prendre toutes dispositions afin, d’une part d’assurer la sécurité des journalistes menacés et, d’autre part, de rechercher, d’appréhender et de punir les commanditaires et les auteurs de ces menaces de mort et tentatives d’assassinat ;
– Appellent le peuple burkinabè à se mobiliser, afin de faire échec aux remises en cause répétées du droit à la vie et au recul démocratique au Burkina Faso.
Ouagadougou, le 24 décembre 2020
Pour le CODMPP
Le Président
Chryzogone ZOUGMORE
Pour le CNP-NZ
Le Président du Comité de pilotage
Guézouma SANOGO