Suite à la crise que traverse la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF), l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI), à travers ce communiqué parvenu à notre rédaction, invite les protagonistes, tous les religieux, le gouvernement et le peuple burkinabè à conjuguer ensemble les effets, afin de trouver ‘’ une solution structurelle et consensuelle’’ à cette crise qui ne fait pas honneur au Burkina. L’intégralité de l’appel ci-dessous.
Le congrès de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF) qui s’est tenu les 05, 06 et 07 juin 2015 à Fada N’Gourma (région de l’Est), avait, au terme, de ses travaux, élu, pour cinq (05) ans, un nouveau bureau exécutif présidé par el hadj Abdoul Rasmané Sana. Ce nouveau bureau exécutif avait à peine été installé que « des membres de la Oummah ont adressée… au Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité… » Une lettre dans laquelle ils demandaient « l’annulation des délibérations de cette parodie de congrès de Fada ». (In L’Observateur Paalga du 02/07/2015). Cette correspondance avait été suivie par « une conférence de presse le 02 août 2015 à Ouagadougou pour, disent-ils, dénoncer non seulement l’irrégularité dans laquelle s’est tenue le Congrès, mais aussi lancer un appel sur l’urgence de rétablir l’ordre statutaire au sein de la pionnière des organisations islamiques au Burkina. » (In Le Pays du 03/08/2015).
Depuis, la crise n’a cessé de se manifester de manière itérative et multiforme pour aboutir le vendredi 28 août dernier à la non-participation du grand imam de Ouagadougou El Hadj Aboubacar Kassoum Sana à la grande prière dans la grande mosquée. En effet, « une vidéo accompagnée d’un élément sonore avait fait le tour des réseaux sociaux ce week-end » qui « mettait en scène le véhicule du grand imam…obligé » de rebrousser chemin « face à des acteurs supposés partisans de El hadj Rasmané Sana » (in Zoodomail.com du 31/08/2020) prêts à en découdre physiquement avec ceux du Cheick Mahamadou Bandé nommément cité dans les éléments audio et vidéo; chose qu’El Hadj Sana a démentie dans une autre vidéo.
« Le liquide de la fosse septique qui tombe sur la tête ne peut manquer de dégouliner jusqu’à atteindre les favoris et les joues, le menton et la barbe et ; si on n’y prend garde, la bouche ; à moins de se nettoyer la tête aussi rapidement que l’on peut » conseille pertinemment un adage burkinabè. Autrement dit, il est de l’intérêt de tous, à commencer par les membres de la CMBF, de contribuer à la résolution de cette crise qui ne fait ni honneur aux musulmans, ni aux croyants, ni au Burkina Faso tout entier. Ayant déjà fort à faire avec les groupes extrémistes armés qui, sous le prétexte fallacieux de la défense de l’islam, endeuillent quotidiennement des familles et détruisent les infrastructures socio-économiques (écoles, formations sanitaires, forages, champs, cheptel…), notre pays se serait bien passé de cette crise.
C’est pourquoi l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI) voudrait, à travers la présente déclaration :
- Implorer nos frères et sœurs musulman(e)s membres de la CMBF pour qu’ils pèsent de tout leur poids aux fins de trouver des solutions structurelles pacifiques et consensuelles à la crise que traverse leur organisation ;
- Souhaiter que l’ensemble des croyant(e)s du Burkina Faso contribuent (pour autant qu’ils le peuvent) en termes de prière, de conseil, de médiation, de facilitation, etc. à rechercher des solutions à cette crise ;
- Interpeler gouvernement sur la nécessité de prendre, en associant les protagonistes, toutes les dispositions techniques et administratives qui siéent pour s’attaquer aux causes structurelles de cette crise et lui apporter une solution définitive.
C’est à ce prix qu’ensemble, nous parviendrons à une issue positive et diligente de cette situation qui menace le vivre-ensemble et peut réduire à néant les efforts de l’Etat, des faitières religieuses et traditionnelles, des organisations de la société civile et des partenaires au développement dans le sens de la cohésion sociale.
Heureux ceux qui chérissent et promeuvent la paix car, en vérité, ce sont eux les vrais serviteurs du Créateur du ciel et de la terre !
Fait à Ouagadougou le 02 septembre 2020
Pour le Bureau national, le Président
Issaka SOURWEMA
Dawelg Naaba Boalga