Lors d’une conférence de presse le Mouvement pour le retour de l’ex-président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par l’insurrection populaire des 30-31 octobre 2014, justifie la nécessité de son retour à travers cette déclaration.
Mesdames et messieurs les journalistes,
Nous vous remercions d’avoir honoré de votre présence à la présente conférence de presse qui est pour notre Mouvement une belle occasion d’interpeler toutes les composantes de la Nation sur les maux qui fissurent la cohésion nationale, qui mettent en péril et sapent notre unité nationale et exposent notre chère patrie aux atrocités de nos ennemis. Résolument engagé dans la quête de la réconciliation, de l’unité et de la paix, socle d’un avenir radieux de toute Nation. Notre mouvement n’entend pas limiter seulement ses efforts aux interpellations. Il se veut surtout être une force de propositions à même de contribuer à sortir notre pays de l’état agonisant dans lequel il se trouve.
Mais avant d’entrer dans le vif de notre rencontre de presse, nous voudrions demander un instant de silence en la mémoire de nos chers concitoyens et chères concitoyennes arrachés à notre affection, victimes de la barbarie inqualifiable de la horde des terroristes.
I Constat d’échec du gouvernement face à la préoccupante question du terrorisme.
Depuis l’accession à la magistrature suprême du Président Rock Marc Christian Kaboré, le Burkina a maille à partir avec une horde de barbares qui sème ruine et désolation. Toutes les actions du gouvernement n’ont pu freiner la marche funeste de ces terroristes et cet état de fait s’est soldé par la perte d’une partie importante de notre territoire National.
Le bilan humain et matériel de cette barbarie est lourd : environ 3000 morts FDS et Civils contre 580 attaques terroristes, 1 500 000 personnes déplacées internes et en proie à l’insécurité alimentaire. La mise en œuvre calamiteuse de la politique de défense, marquée par la succession de 3 ministres de la Défense avant la fin du quinquennat et le bruit des bottes de nos FDS réclamant plus de moyens matériels témoignent du constat d’impuissance du gouvernement.
Suffisant et hostile à toute critique, le régime a réduit considérablement les libertés individuelles et collectives et a limité la possibilité pour les citoyens d’apporter des contributions pour le recadrage des actions de lutte contre le terrorisme.
II Nécessité et urgence de faciliter le retour des exilés politiques
Face à ce constat d’échec du régime actuel, il vous souviendra que le 26 octobre 2018, au cours d’une conférence de presse, nous avons peint la triste réalité du terrorisme qui décime et surtout souligner avec insistance la nécessité de permettre le retour du Président Compaoré et de tous les exilés politiques afin de mettre véritablement en branle la machine de la réconciliation et de l’unité nationale qui pourraient être un atout majeur dans cette guerre que le Burkina Faso mène.
Dans cette perspective, le président Compaoré a manifesté sa volonté de rentrer au pays dans des conditions apaisées afin d’œuvrer, aux côtés du président en exercice, au retour de la sécurité et la restauration de l’intégrité territoriale.
Les trois généraux, Diendéré, Bassolé et Zida ont aussi exprimé leur volonté de collaborer à l’éradication du terrorisme. Face à ces propositions et dont on espérait un écho favorable auprès du gouvernement, le régime est resté de marbre et pire s’est contenté de déclaration ambiguë. Le dialogue politique agréé par l’Opposition politique dans l’agenda duquel figurait le retour des exilés politiques n’a pas pu faire entendre raison le régime Kaboré.
Triste orgueil du régime de Roch qui se complait dans sa carapace orgueilleuse qui cache mal son incapacité pendant que chaque jour compte son nombre de victimes du terrorisme.
C’est cruel d’emprisonner des populations innocentes dans une longue et harassante guerre alors qu’une alternative est proposée par la sagesse. La sagesse comme celle qui a guidé Nelson Mandela qui, en dépit des horreurs des acteurs de l’Apartheid, a pêché plus le pardon et la réconciliation nationale afin de tourner le regard de chaque citoyen vers un avenir radieux.
La démarche de Madiba nous convainc à bien des égards. La réconciliation est un terreau fertile nécessaire pour une véritable unité nationale qui en cette période de guerre est une arme redoutable contre les agresseurs. L’impartialité et l’indépendance de la Justice Burkinabé procèdent de la réconciliation. C’est pourquoi, nous en appelons à l’engagement de toutes les composantes de la société burkinabè pour que la réconciliation nationale ne soit pas seulement un simple vœu, mais qu’elle devienne une réalité qui sans doute nous permettra de lutter plus efficacement contre l’insécurité qui se nourrit des miasmes de la division. A ce titre, c’est avec amertume que nous constatons le silence complice de toutes ses « forces vives de la nation », qui ont toujours œuvré pour un climat apaisé entre les citoyens et ont toujours prôné le dialogue.
Nous en appelons à un sursaut patriotique pour remettre la concorde, dialogue national inclusif, et de la réconciliation nationale au centre des préoccupations. Nous saluons les efforts et les actions de la CODER, de l’APPEL DE MANEGA, Du CED, Du MPCRN de Safiatou Lopez et de toutes ces OSC partie prenantes sur la question de la réconciliation nationale.
Mesdames et messieurs les journalistes,
Notre mouvement a recensé depuis 2015 a peu près 35 exilés politiques hors du pays, pour lesquels nous militons à leur retour apaisé en terre natale.
Mais pour le cas spécifique de l’ex-conseiller François Compaoré nous tenons à nous y pencher dans la présente conférence de presse afin de dénoncer auprès de l’opinion nationale et internationale, l’acharnement politico-judiciaire dont subit ce dernier. Qu’il ne nous soit donc pas prêté l’intention de promouvoir l’impunité s’agissant de nos compatriotes en exile.
Car nous fondons la crainte qu’une justice partiale, aux ordres et actionnée par une politique revancharde serait plus nuisible à la paix et à la réconciliation.
Outre les cas d’arrestations abusives de l’activiste qui décrédibilisent notre système judiciaire, des raisons objectives sur le dossier d’extradition de François Compaoré en lui-même démontrent à souhait que la Justice Burkinabé en son état actuel n’est pas en mesure de garantir à François un procès équitable.
Sans être exhaustif, on peut tout d’abord relever que la demande d’extradition a été établie par la justice Burkinabé en violation de l’article 130 du code de procédure pénale qui impose que le poursuivi ait la qualité « d’inculpé ». Or, le poursuivi n’a jusqu’aujourd’hui que le statut juridique de « témoin », dont par ailleurs la justice Burkinabé n’hésite pas à s’en servir comme argument lorsque cela l’arrange pour empêcher aux avocats de François Compaoré d’avoir accès au dossier sur l’assassinat de Norbert Zongo.
En outre, y figure au dossier d’extradition un PV émis par le juge d’instruction qui fait dire au témoin Barry des propos que ce dernier n’a jamais tenu lors de son audition par la commission d’enquête internationale dirigée par le patron de l’association française de défense des droits de l’homme, Robert Ménard. Il y a donc de quoi fortement douter de l’impartialité de la justice dans cette affaire quand manifestement elle ne respecte ses propres lois dont elle est supposée prononcer, mais également instruit un dossier unilatéralement à charge sur la base de témoignages sélectifs et aux origines douteuses.
Alors, nous invitons la France à saisir le sens, la portée et le fondement de l’accord de coopération judiciaire entre elle et le Burkina Faso et à apprécier la question de l’extradition de François Compaoré. La France aura intérêt à aider plutôt les peuples que les politiques. Elle doit d’ailleurs être au diapason de certaines réalités sur la violation du droit de l’homme et de l’impunité installées dans certaine gouvernance africaine et avoir compris le ressenti Anti-français qui grimpe depuis les 5 dernières années en Afrique.
Nous disons à la France, pays du droit de l’homme, qu’elle engagera forcement sa responsabilité en cas d’extradition de François Compaoré concernant tout traitement inhumain et dégradant dont ce dernier pourrait être victime une fois aux mains du régime Kaboré. Certes nous recherchons la vérité et la lumière sur les dossiers Thomas Sankara, Norbert Zongo, l’insurrection populaire d’octobre 2014, les massacres de Yirgou, Kain, Bahn et tanwalbougou, mais nous ne cautionnerons pas des parodies de justice envers les boucs émissaires idéals du régime aux affaires.
Nous tirons l’alarme, qu’au regarde des faits diverses de violation grave de droit de l’homme, notre pays sous la gouvernance de Roch Kaboré n’est à mesure de garantir la sécurité et la tenue d’un procès impartial pour François Compaoré. Aussi, la cacophonie politique qui nous a été servi par la France dans ce dossier d’extradition concernant notamment la publication initiale du décret d’extradition par le Premier Ministre Français dans les journaux en ligne Burkinabé en lieu et place du journal officiel français.
Puis, le non-respect de la séparation des pouvoirs par le président Français Macron qui promettait le 28 Novembre 2017 à l’université de Ouagadougou, l’extradition de François Compaoré avant la réception du dossier complet d’extradition par la justice française, nous fait légitimement croire à un deal politique mouta-mouta entre les présidents français et burkinabè sur cette affaire.
III. Des élections de 2020
Conformément à la Constitution, les citoyens burkinabè doivent être appelés aux urnes en novembre prochain. Mais au regard des écueils qui jalonnent le processus électoral plombé par la crise sécuritaire, notamment le terrorisme qui a mis une partie du territoire nationale hors de contrôle, nous disons, de manière pragmatique et réaliste, qu’il est impossible de tenir les élections à la date prévues sans remettre en cause le principe constitutionnel du suffrage universel.
Notre position n’est qu’une question de bon sens, car si avant de restaurer l’intégrité du territoire, l’on organise les élections en écartant ainsi les citoyens des zones occupées, cela est d’autant grave qu’il s’interprète comme un cautionnement tacite de l’annexion de ces localités au profit de la horde des terroristes.
Aussi faut-il craindre une frustration des populations des zones occupées dont la fibre patriotique est plus que jamais en train de se dissiper. Pour notre part et au regard de la crise multidimensionnelle que traverse notre pays, il serait judicieux de faire une pause au cours de laquelle tous les acteurs doivent s’accorder sur un nouveau projet de société et de vivre ensemble. Oui, un nouveau contrat social est nécessaire pour notre pays qui a longtemps souffert des politiques revanchards.
En tout état de cause, le Mouvement pour le retour du Président Blaise Compaoré et des autres exilés politiques propose à son bon sens un agenda politique articulé en 3 points à savoir :
1- Il sera judicieux d’Ouvrir un dialogue national impliquant toutes les couches socio-politiques qui aboutira à la mise en place d’une période de recherche et de signature d’un nouveau contrat social au soir du 28 décembre prochain. Ce, au regard du contexte sécuritaire.
2- Engager le processus de réconciliation nationale et du retour des exilés politiques pendant la période de la recherche du nouveau contrat social (réf proposition CODER et Feuille de route de l’appel de Manéga). Ce, à la recherche de l’unité Nationale.
3- Respecter le calendrier du processus de réconciliation et ne ménager aucun effort pour la restauration de l’intégrité du territoire pendant la même période pour une tenue effective des élections.
Dialogue-Réconciliation-Justice-Paix-Développement
Je vous remercie.
Mamadou Abdel Kader TRAORE
Coordonnateur