L’activité économique burkinabè est paralysée par les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre le coronavirus. Une situation préoccupante qui pourrait engendrer la faillite programmée de certains acteurs de l’activité économique. Pour s’imprégner des réalités du terrain nous nous sommes entretenus avec M. Roch Donatien Nagalo, Président du Conseil d’administration de la Société coopérative et de solidarité commerciale (SOCSOCOM) et Secrétaire général du Syndicat national des commerçants du Burkina (SYNATCOMB).
Avec cette double casquettes, le président Roch Nagalo, nous parle à cœur ouvert des mesures salutaires du gouvernement, tout en insistant sur les conséquences de la quarantaine et de la fermeture des marchés et yaars.
I-Burkina : Monsieur le Président, comment se porte présentement les activités de la SOCSOCOM à l’heure de la crise due au coronavirus?
Nous traversons effectivement une crise sanitaire qui a engendré des mesures strictes par le gouvernement burkinabè pour pouvoir faire face. C’est bien louable, car la santé est surtout primordiale pour booster toute activité quelconque dans la vie. C’est une évidence, mais seulement, il va sens dire que tout ce qui concourt à ralentir l’activité économique, impacte négativement sur sa rentabilité. Comme vous le constatez, les marchés et yaars ont été fermés, les villes en quarantaine, les frontières sont fermées etc. Donc il n’y a plus d’échanges marchands et les acteurs se retrouvent inactifs avec pour corollaire des manques à gagner en numéraires.
Roch Donatien Nagalo (RDN) : Avec la situation de la quarantaine et du confinement, quels sont les désagréments que la SOCSOCOM rencontre dans les treize régions du Burkina?
Avec le confinement, tous les mouvements d’échanges de marchandises sont suspendus. Pour les vendeurs de bétails, ils se retrouvent avec des charges de surplus pour nourrir les animaux. Pour les vendeurs de céréales, cette nouvelle donne, freine l’achat de la quantité habituellement vendue ou l’épuisement des stocks dans certaines localités avec des risques de flambés des prix au détriment des consommateurs. Mais c’est aussi le sacrifice à consentir pour qu’ensemble nous puissions éradiquer la pandémie hors du Burkina.
La SOCSOCOM est composés de commerçants, des producteurs agro-sylvo-pastoraux, des transformateurs locaux etc. Quel est le secteur d’activité le plus touché par les mesures sanitaires ?
Quasiment tous les secteurs d’activités sont touchés au même degré. Par ce que dans la coopérative, il y a une interdépendance entre les principaux acteurs. Si bien qu’un malaise subit dans un secteur spécifique, se répercute systématiquement dans les autres secteurs d’activités. En quelque sorte, c’est un travail à la chaine. On peut alors dire qu’aujourd’hui, c’est toute la chaine qui est affectée. Les commerçants ne savent plus où aller acheter ni où aller vendre. En outre, actuellement toutes les formations programmées pour nos membres sont arrêtées, car on ne peut plus regrouper plus de 50 personnes de peur de créer un foyer de contamination du coronavirus.
Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour accompagner les acteurs de développement de l’économie. Comment appréciez-vous ces mesures de soulagement ?
Certaines mesures sont déjà enclenchées. Le gouvernement a décidé que les boutiques des marchés et yaars ne seront pas payés jusqu’en fin juin. C’est un soulagement pour un certain nombre de commerçants. Il y a aussi le coût de l’électricité qui profite non seulement les commerçants mais aussi une frange de la population.
Je dirais qu’il y a du concret dans les mesures prises par le gouvernement. Malgré le contexte de crise sécuritaire que nous sommes confrontés, l’effort du gouvernement est salutaire.
Un grand nombre de vos membres sont des producteurs et des vendeurs de sésames. Comment avez-vous accueillis la fermeture des marchés et yaars ?
La fermeture des marchés et yaars ne peut pas empêcher la vente du sésame. Tout simplement parce qu’il y a l’autorisation au fret de circuler. C’est un produit qui est d’ailleurs vendu généralement dans les magasins. Il faut reconnaitre aussi, qu’il y a un certain type de produits qui sont vendus dans les marchés et yaars, comme les fruits et légumes. Ces produits en pâtissent car, non seulement difficile à conserver longtemps et surtout très périssables.
La solidarité se manifeste au quotidien au Burkina soit au profit de L’État, ou directement à la population. Comment la SOCSOCOM se préoccupe de ces membres actuellement ?
L’action de solidarité de la SOCSOCOM a commencé bien avant le Coronavirus car, comme l’indique sa dénomination il y a la solidarité. Notre solidarité s’est toujours manifestée à travers nos membres, par la sensibilisation, la formation, le suivi et l’accompagnement. La pandémie du coronavirus est venue nous rappeler que notre créneau de solidarité doit tenir le cap de sa vision.
Cependant, pour répondre à l’esprit de votre question, je dirai que nous n’avons pas laissé certains de nos membres exprimer le désir d’un soutien quelconque. Nous avons un petit stock de vivres que nous octroyons discrètement à ceux qui sont dans le besoin, sans des tapages médiatiques. Nous avons aussi rendu visite à certaines familles de nos membres qui ne vivent plus, pour apporter notre soutien en vivres aux veuves et aux orphelins.
Quel genre d’accompagnement du gouvernement serait plus utile à vos membres ?
Ce que nous attendons du gouvernement, c’est l’appui technique qui est très utile, de même que l’appui financier pour la relance des activités de nos membres en difficulté.
En ce qui concerne l’appui financier, ce n’est pas un don que nous sollicitons, mais plutôt un accompagnement pour faciliter l’accès aux crédits à nos membres à travers les structures de micro finances.
Avez-vous des partenaires que vous avez déjà partagé vos préoccupations ?
Oui, nous avons des partenaires qui travaillent avec nous depuis un certain temps. Naturellement, nous les avons parlés de la situation de crise que nous vivons. Mais comme la situation est générale, nos partenaires aussi sont affectés dans leurs pays. Donc, ils sont limités pour mener des actions à notre faveur.
Quel message avez-vous à l’endroit de vos membres ?
J’interpelle tous les acteurs du commerce à parler d’une même voix, à s’unir, à s’aimer, à s’apprécier, afin que nous puissions contribuer à travers notre solidarité pour brandir haut le flambeau de notre commerce pour la prospérité économique du Burkina.
Aussi, le SYNATCOMB jouera toujours sa partition pour fédérer tous les acteurs du commerce pour un lendemain meilleur.
Votre dernier mot ?
Je lance un appel aux politiques et aux chercheurs africains, à saisir l’opportunité pour imposer les marques de l’Afrique en s’activant dans la recherche de vaccins contre le COVID-19. Je ne doute pas que la motivation y est déjà. Que demain soit meilleur pour l’Afrique !
Interview réalisée par JT