La situation sanitaire du Burkina est devenue préoccupante avec la pandémie du coronavirus. Face à cette menace , le gouvernement burkinabè a pris un certain nombre de mesures dont l’arrêt de circulation des taxis. Pour en savoir plus sur les difficultés liées à cette mesure et les attentes de la Fédération nationale des syndicats des taximen vis-à-vis du gouvernement, nous avons rencontré M. Adama Emmanuel Nacoulma, Président de la Fédération nationale des syndicats des taximen et des acteurs du transport urbain du Burkina (FNST/ATU-B). Il répond sans détours à nos questions.
iBurkina : Monsieur le Président, succinctement comment se porte la Fédération nationale des syndicats des taximen et des acteurs du transport urbain du Burkina ?
Adama Emmanuel Nacoulma : Présentement la Fédération nationale des taximen se porte très mal. Par ce qu’actuellement avec la situation sanitaire due au coronavirus qui a engendré la décision du gouvernement de mettre aux arrêts les activités des taximen, nous traversons une période très difficile. Nous comprenons bien la préoccupation du gouvernement de protéger tous les burkinabè. Mais cette décision brusque nous attriste. Pour la simple raison que notre activité est journalière et nous vivons au jour le jour. Quand le ministère des Transport et de la mobilité urbaine nous a invité pour nous informer de cette décision, nous étions peinés. Néanmoins nous l’avons supporté avec philosophie, car il y va de l’intérêt de la santé publique.
Quel apport spécifique la Fédération peut apporter à ses membres en période de crise qui touche le secteur. Exemple de la situation d’inactivité actuelle des taximen ?
La crise est générale. La quasi-totalité des activités dans les différents secteurs tournent au ralentis. Aujourd’hui les transports aérien, ferroviaire et routier sont aux arrêts et les marchés et yaars sont aussi fermés. Même si la décision du gouvernement n’intervenait pas, ça serait tout de même difficile pour les taxis de faire des bonnes recettes dans ces conditions. Raison pour laquelle quand nous avons reçu la nouvelle des autorités, nous avons immédiatement informé nos différentes cellules qui sont hors de Ouagadougou, pour les inviter à respecter la décision du gouvernement. Comme vous le savez la manière dont le coronavirus se propage, notre milieu était exposé, car nous ne pouvons pas respecter la distance d’un mètre à l’intérieur d’un taxi.
Certes, c’est difficile pour nous, mais nous convenons également que cette mesure est légitime. Notre santé et celle des usagers ne sont pas à négliger.
Comme nous avons respecté les mesures, nous attendons en retour du gouvernement un accompagnement pour nous soulager.
Maintenant que l’impact de cette décision des autorités affecte le pouvoir d’achat de la population en générale et particulièrement la vie de l’activité de vos membres. Qu’envisagez-vous entreprendre pour vous faire comprendre ?
Grace aux différentes opportunités que nous avons avec les médias, nous arrivons à faire entendre nos préoccupations. Comme cri de cœur, nous sollicitons au gouvernement de voir les modalités de soutiens possibles que nous pouvons bénéficier. Si du jour au lendemain on met un coup de frein à l’activité productive de quelqu’un, il va sans dire qu’il y a de multiples conséquences qui en découlent, au regard des charges familiales et sociales des intéressés.
Lors d’un précédant entretien dans une radio, j’ai plaidé qu’on vienne en aide aux taximen avec des dotations en vivre. Mais notre souhait sincère est que ce mal ne perdure pas.
Avez-vous des propositions concrètes à l’endroit de toute bonne volonté pour vous accompagner dans cette crise ?
Nous nous adressons, à nos concitoyens, à tous ceux qui vivent au Burkina. Qu’on ne se leurre pas, le gouvernement tout seul ne peut pas apporter un soutien total à la population dans cette crise. L’entraide et la solidarité doivent être manifeste entre les burkinabè. C’est une situation malheureuse qui s’impose à nous tous et nous devons relever le défi dans une synergie d’action. Ainsi, nous lançons un appel à tous les opérateurs économiques, le patronat, la Chambre de commerce, la mairie etc., à nous soutenir moralement et matériellement dans cette période difficile que nous vivons.
Les préoccupations sont évidemment légitimes. Mais la mesure des autorités visent surtout à protéger les populations. N’est-ce pas que chacun devrait jouer sa partition pour stopper cette pandémie du coronavirus ?
Bien sûr ! Nous sensibilisons les gens d’être prudent. De respecter les consignes du gouvernement (se laver les mains, se protéger avec des cache-nez, d’éviter les attroupements etc.), afin que nous stoppons la propagation du coronavirus.
Quelles sont les charges administratives des taxis au Burkina que vous souhaiteriez voir un allègement ?
Très bien ! Avant cette crise, les taximen avaient trop de charges administratives. A savoir : les assurances, les visites techniques, les patentes de stationnements etc. L’assurance coûte 128 000 FCFA par an, la visite technique 28.000, la patente de stationnement 50.000Fcfa. A cela s’ajoute maintenant les changements des plaques et des permis de conduire. C’est exorbitant ! Nous suggérons des taxes regroupées qui allégeront les taximen. A vrai dire cette activité est juste pour ne pas rester les bras croisés. Car nous roulons plus à perte qu’à profit au cours de l’année.
Avez-vous déjà entamé des démarches auprès des autorités compétentes à cet effet ?
Oui, nous discutons régulièrement avec le ministère des transports qui est notre ministère de tutelle. A chaque occasion, nous mettons sur la table de discussion de la nécessité d’alléger les taxes. A chaque fois, on nous rétorque que la décision est prise au niveau de l’Assemblée nationale. Nous pensons que c’est toujours mieux quand il s’agit de prendre de telle décision qu’on cherche aussi à écouter ceux qui exercent dans le secteur d’activité pour comprendre certaines réalités. Néanmoins il y a de l’espoir car le Président de l’Assemblée a promis de s’y pencher sur notre cas.
Quel message avez-vous présentement à l’endroit de vos membres ?
Je lance un appel à tous les acteurs du secteur urbain, que malgré cette période de crise de garder le moral haut. J’ai eu vent que le gouvernement s’attèlerait de venir en aide aux acteurs du transport urbain. J’invite tout le monde à avoir l’esprit de civisme pour la bonne marche d’un avenir radieux pour le Burkina.
Votre mot de la fin ?
Nous prions tous Dieu que ce mal qu’est le coronavirus soit maîtrisé avec la prise de conscience de chacun et de tous. Ainsi, chacun pourra ressortir et vaquer librement à ses occupations quotidiennes.
Interview réalisée par J.T