La présidente de l’Autorité de Régulation du Secteur de l’Électricité (ARSE), Mme Mariam Gui Nikièma a animé une conférence de presse dans la matinée du 08 janvier 2020 à Ouagadougou. Le point focal de l’entretien avec les journalistes se portait
principalement sur le rapport 2018 de l’ARSE. Une conférence que la présidente a conjointement animée avec son conseiller technique M. Alassane Tiemtoré. Le bilan du rapport 2018 fait ressortir des faiblesses en matière d’électrification, des difficultés rencontrées par l’ARSE, des recommandations et les perspectives.
Après la remise officielle du rapport 2018 de l’ARSE au Premier ministre Christophe Marie Joseph Dabiré, la présidente de l’ARSE Mme Mariam Gui Nikièma a tenu à faire prendre connaissance du document par le grand public par le canal des médias.
Ainsi de prime à bord, il ressort que la qualité du service de l’électricité s’est dégradée entre 2017 et 2018 au Burkina. En ce sens qu’au cours de cette période l’énergie non disponible était de 48KWh en 2018 contre 30KWh en 2017. En d’autres termes le temps moyen de coupure d’électricité est passé de 155 heures en 2017 à 233 heures en 2018. Ce qui a occasionné une perte de 48 milliards Fca sur l’économie nationale en 2018, et 4,8 milliards Fcfa pour la SONABEL selon le rapport de l’ARSE, Il s’agit de tous les secteurs productifs ont
été affecté par les coupures d’électricité (débits de boissons, moulins, artisans, soudeurs etc).
Cette faiblesse de la production d’électricité est due non seulement à l’insuffisance des investissements dans le secteur de l’électricité, mais surtout que la demande de l’énergie au niveau national augmente d’environ 10 à 12% chaque année. Selon le rapport il ressort que la SONABEL a enregistré 48 mille nouveaux abonnés en 2018.
Autres faits ressortis est que malgré la subvention de l’État à hauteur de 36milliard de FCFA en 2018, le coût du Kwh reste élevé au Burkina. Ce qui s’expliquerait par la forte dépendance du Burkina par les énergies fossiles importées à savoir les hydrocarbures.
Tous ces facteurs engendrent comme conséquence la dégradation de la qualité du service de l’électricité en 2018.
Dans l’ensemble, le rapport laisse ressortir que l’accès à l’électricité au Burkina demeure un défi à relever en dépit des multiples efforts des autorités compétentes.
Par exemple en 2018, le secteur énergétique a connu une évolution globale de 6,7 % entre 2017 et 2018, contre 8, 7% entre 2016 et 2018. Toutefois le rapport note néanmoins une hausse de vente d’énergie qui était de l’ordre de 8% entre 2017 et 2018. Là aussi, une chute a été constatée parce qu’elle était de 10% entre 2016 et 2018.
Les difficultés : peu d’investissement, et problème de gestion comptable et financière
Depuis de longues années le secteur de l’électricité n’a pas suffisamment reçu des investissements qu’il faut pour permettre l’accès des populations à l’électricité. Ce qui fait que la SONABEL a environ 600000 abonnés actuellement. Au niveau des zones rurales on a approximativement 40000 abonnés. Au regard de ces chiffres il va sans dire qu’il faut des efforts encore pour étendre le réseau à travers les lignes de transports et tout l’équipement nécessaire pour la distribution de l’électricité.
L’autre difficulté est la gestion comptable et financière de la SONABEL et des coopératives d’électricité. A ce niveau il y a beaucoup de travail à faire. D’abord il est dit dans la loi 014 que la SONABEL doit procéder à la séparation comptable de ses activités de production et de transfert de l’électricité.
Au niveau régional dans le cadre de la CEDEAO, le régulateur régional souligné qu’il faut s’orienter vers la séparation comptable des activités. Cela permet une meilleure gestion dans le cadre de l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence. Cette disposition comptable est importante car permet plus de clarté, de transparence et une meilleure gouvernance du secteur.
Si bien que ces difficultés sont des réalités évidentes Mme Mariam Gui Nikièma et son staff demeurent optimistes pour les années à venir car la prise de conscience professionnelle des travailleurs du secteur de l’énergie et la volonté politique sans relâche du gouvernement de faire de l’accès à l’énergie un levier du développement socioéconomique du Burkina, il va sans dire que des perspectives meilleures s’offriront à la clientèle.
Rappelons brièvement que la mission de l’ARSE s’articule autour du règlement des litiges qui opposent les acteurs du secteur, la régulation de la production, l’importation et l’exportation de l’électricité au Burkina.
JT
Encadré
La présidente de l’ARSE évoque en détail la mission de son institution, les rapports entre l’ARSE et la SONABEL, les attentes des clients.
Mme Nikiema Gui Mariam, Présidente de l’ARSE : «La mission du régulateur du secteur de l’électricité se déroule dans la chaine de valeur de l’énergie que sont la production de l’énergie, le transport de l »énergie et la commercialisation de l’énergie.
Au niveau de l’activité de transport, il n’y a rien eu de nouveau. Nous avons 333km de ligne ce qui veut dire que le réseau n’est pas énorme. Il y a eu la ligne de transport du Ghana au Burkina qui est communément appelée Bolgatenga-Ouaga qui est une ligne de 225 Kilowatt. C’est une ligne qui nous permet d’acheter l’énergie auprès du Ghana. Cette ligne est très importante pour nous car elle nous
permet d’augmenter d’électricité que nous achetons auprès de nos voisins.
En ce qui concerne la production, au cours de l’année 2018, il n’y a rien de nouveau dans cette activité. En novembre 2017, il y a eu l’inauguration de la centrale de Zagtouli qui a été une innovation dans la production de l’énergie solaire.
Au niveau de la distribution, la SONABEL et l’Agence burkinabè de l’électrification rurale ont eu à raccorder 48000 abonnés. La structure qui produit l’électricité au Burkina est essentiellement la SONABEL. Les activités du secteur de l’électricité sont en plein construction. En ce sens qu’il n’y pas eu depuis longtemps des investissements dans ce secteur. Donc la SONABEL demeure à ce jour le seul opérateur qui a un quasi implantation dans ce secteur.
Ce qui lie l’ARSE à la SONABEL c’est le contrôle, le suivi de ses activités. Nos équipes sortent régulièrement contrôler quelques lignes de transports. Je dis bien quelques lignes parce que nous n’avons pas assez de personnel pour couvrir toutes les lignes de transports.
Ensuite nos équipes ont pu examiner le programme d’activité de la SONABEL. Ce qui nous intéresse c’est de savoir comment la SONABEL fait usage de ses recettes et comment elle élabore son programme.
Si nous examinons le programme d’activité de la SONABEL, c’est juste pour nous rassurer si ce programme tient compte du programme du gouvernement.
Ensuite le suivi des contrats d’achat d’électricité avec la Côte d’Ivoire et le Ghana. Nous regardons si les termes du contrat ont été respectés. Il y a aussi le contrat entre la SONABEL et le gouvernement. Nous appelons cela le protocole d’accord État – SONABEL. A ce niveau la SONABEL a des obligations d’indice de performance.
Nous avons un regard sur le registre de la SONABEL sur la qualité de service de l’électricité c’est-à-dire la fourniture d’électricité en quantité, en qualité et la sécurité de l’approvisionnement en électricité. Parce que le nombre de coupure détermine la qualité et la continuité de la fourniture d’électricité.
Bref la SONABEL doit prendre des dispositions pour que les clients soient satisfaits du service public de l’électricité».
Propos recueillis par JT