Dans l’un de ses aspects, le nouvel arrangement monétaire qui est en cours de finalisation entre l’Union monétaire ouest-africaine et la France, impactera les revenus de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a fait savoir l’agence de notation Fitch Ratings, dans une analyse dont l’Agence Ecofin a obtenu une copie.
Il s’agit de l’aspect portant sur la centralisation des 50% des réserves de change de la sous-région dans les comptes du Trésor public français.
En effet, contrairement à l’opinion publique, le placement de ces réserves ne constitue pas une confiscation des avoirs des pays qui en sont les propriétaires, car systématiquement, ils ont déjà une contrepartie dans le système monétaire de la sous-région. En effet, lorsque la BCEAO centralise les devises qu’elle a reçues dans le cadre des transferts effectués de l’étranger pour toute sorte de paiements, elle crée de la monnaie locale équivalente, via les banques commerciales locales, au profit des destinataires desdits transferts.
Dans la pratique, les avoirs en réserves sont des sources de revenus pour les banques centrales et c’est le cas pour la BCEAO, qui les place afin d’en obtenir des plus-values. Ainsi, les 50% qui sont logés sur le compte des opérations en France génèrent un rendement de 0,75% par an et au moins 1% lorsque les taux de la Banque centrale européenne (BCE) augmentent. Rappelons que le taux actuel sur les dépôts à la BCE est de 0%.
La BCEAO sera donc libre de placer ses avoirs en devises où elle le souhaite, mais devra s’assurer qu’ils sont toujours disponibles pour les opérations de financement du commerce extérieur ; mais aussi qu’ils apportent des revenus dont l’institution a besoin pour assurer son fonctionnement. Une opération qui exigera de nouvelles compétences, car en ce moment, les marchés financiers les plus sûrs sont tellement sollicités que les rendements des placements notamment, obligataires, y sont nuls, voire négatifs.
Rappelons que l’institution d’émission monétaire de l’UEMOA est avec 47% de participations, le premier actionnaire de la BOAD (Banque ouest-africaine de développement), une institution importante dans le dispositif de la politique de développement sous-régional.
Pour l’instant et même à moyen terme, Fitch ne voit pas de changements fondamentaux, du fait du passage du FCFA à l’ECO. Ses experts estiment qu’on peut faire confiance à la capacité de la BCEAO de bien gérer ses réserves de change.
En effet, contrairement à son institution sœur qu’est la BEAC (Banque centrale de la CEMAC), la banque centrale de l’UEMOA possède un solide historique de transparence dans la publication des indicateurs économiques et monétaires et fait montre d’une certaine rigueur dans le suivi de l’évolution des choses sur les marchés mondiaux.
I.L/AE