Sur invitation du président français, les chefs d’États du G5 Sahel se sont rendus à Pau (Sud-Ouest de la France) pour discuter de l’avenir de leurs relations notamment de la présence des troupes françaises au Sahel.
Ont pris part à ce sommet, les chefs d’états du Tchad, du Niger, du Burkina Faso, du Mali, et de la Mauritanie. La Mauritanie est le seul pays de ce groupe qui n’est pas confrontée aux attaques meurtrières des bandes armées.
La rencontre de Pau intervient au lendemain de l’annonce faite par les autorités de Niamey dimanche, de la mort de 89 soldats dans le camp de Chinégodar, près du Mali, dans une attaque terroriste.
La rencontre a été capitale, en ce qu’elle a permis de parler de « toutes les questions y compris celles qui peuvent fâcher ».
La présidence française, a obtenu une déclaration commune des cinq pays, qui souligne que la France agit à la demande de ses dirigeants, afin de « légitimer » sa présence au Sahel.
« Il faut tout d’abord obtenir des responsables politiques de cette région une position nette sur ce qu’ils souhaitent ou n’aiment pas », a indiqué Florence Parly la ministre des Armées.
Les échanges entre Emmanuel Macron et ses invités, ont visé aussi à revoir la stratégie militaire contre les djihadistes dans cette zone. Un appel à une participation plus intensive des alliés internationaux, surtout européens a été aussi lancé.
Le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres et le président du Conseil européen Charles Michel ont participé à la rencontre de Pau.
Ces chiffres montrent un conflit qui échappe à tout contrôle.
Une crise qui se dégrade rapidement
La crise sécuritaire dans la région a commencé en 2012 lorsqu’une alliance de militants séparatistes et islamistes a pris le contrôle du nord du Mali, déclenchant une intervention militaire française pour les évincer alors qu’ils progressaient vers la capitale, Bamako.
Un accord de paix a été signé en 2015 mais n’a jamais été complètement mis en œuvre et de nouveaux groupes armés ont depuis émergé et se sont étendus au centre du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Les victimes d’attaques dans ces pays auraient quintuplé depuis 2016, avec plus de 4000 décès rapportés l’an dernier seulement.
Les endroits les plus meurtriers
Une étendue de terre couvrant les zones frontalières du Burkina Faso, du Mali et du Niger est au centre des opérations d’insurrection et de lutte contre le terrorisme.
Les groupes armés, dont certains liés à Al-Qaïda et d’autres au groupe État islamique, ont étendu leur présence et leurs capacités.
Les djihadistes ne sont pas les seuls responsables
La plupart des attaques contre des civils ne sont pas réclamées, mais il existe de nombreux groupes militants islamistes armés au Sahel.
Certaines forces de sécurité ont été accusées par des groupes de défense des droits de l’homme de tueries illégales lors d’opérations antiterroristes.
La semaine dernière, une coalition d’ONG a déclaré que « la réponse militaire au Sahel fait partie du problème ».
Action contre la faim, le Conseil norvégien pour les réfugiés et Oxfam ont estimé que l’opération de l’armée au Mali avait contraint plus de 80 000 personnes à fuir leurs foyers – environ 40% de toutes les personnes déplacées dans le pays.
Crise humanitaire
La population de la région devant doubler au cours des 20 prochaines années, la violence aggrave les problèmes de développement.
Cultiver suffisamment de nourriture pour tout le monde deviendra de plus en plus difficile et cela n’est pas aidé par le nombre de personnes qui ont été forcées de fuir leurs maisons.
Au Burkina Faso, le nombre de déplacés internes est passé de 40000 fin 2018 à plus de 500000 fin 2019, soit plus de 2% de la population. Au Mali, ce nombre a pratiquement doublé.
La violence accumule également des problèmes pour les générations futures, certains groupes islamistes ciblant délibérément les écoles et les enseignants, laissant des centaines de milliers d’enfants sans accès à l’éducation.
Ils deviennent alors encore plus vulnérables à l’exploitation sexuelle, au travail forcé ou au recrutement dans des groupes armés.
Une grande partie des données de cet article proviennent du Projet de données sur les lieux et événements de conflits armés (ACLED).
Source : BBC