L’Archevêque de Ouagadougou, le Cardinal Philippe Ouédraogo plaide, dans une interview accordée à Radio Vatican, pour une plus grande solidarité internationale et invite à poser des actes concrets pour combattre le terrorisme dans le Sahel.
Au lendemain d’une nouvelle attaque djihadiste perpétrée dans un lieu de culte chrétien à l’est du Burkina Faso, causant au moins 14 morts, le Cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou, a déploré la récurrence de ces attaques dans le pays. Depuis 2015, en effet, elles y sont de plus en plus fréquentes et meurtrières en particulier dans le nord et l’est. Des attaques quasi quotidiennes qui ont fait plus de 700 morts, et environ 500.000 déplacés internes et réfugiés.
Une Situation déplorable
Les attaques terroristes au Burkina Faso n’épargnent personne, déplore le Cardinal : « l’armée, les forces de défense et de sécurité payent un lourd tribut avec les nombreux morts enregistrés dans leur rang. Aussi bien les autorités coutumières que des prêtres, religieux, et d’autres chrétiens sont tués. Nous avons des prêtres, des religieux qui ont été enlevés et jusque-là nous ne savons pas où ils sont ».
En outre, le Cardinal a fait remarquer que ces attaques ne visent pas que les chrétiens : « 18 fidèles musulmans ont été tués lors d’une prière dans une mosquée au village de Salmossi dans le nord du pays ».
Pour l’archevêque de Ouagadougou, les raisons de toutes ces attaques, sont « une question à poser au monde entier ». Il a cependant dénoncé des mains invisibles qui arment les djihadistes : « Tous ceux qui donnent ces armes, qu’ils arrêtent et qu’ils comprennent la sacralité de la vie qui mérite le respect », a-t-il insisté.
Le terrorisme, un défi mondial
Le terrorisme est un défi mondial majeur auquel tous les pays sont confrontés, selon Cardinal Philippe Ouédraogo, « mais un défi plus difficile à relever pour les pays pauvres qui subissent davantage sans moyens de défense adéquats ».
Evoquant la mission du G5 Sahel, il note une mission bien difficile pour cette organisation locale qui, à ses yeux, nécessite plus de moyens. « Des promesses sont faites, et des aides qui ne viennent pas comme prévu ». Le G5 Sahel est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politique de développement et de sécurité. Il a été créé en 2014 par cinq États du Sahel, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.
Un engagement à plus de solidarité
Pour le Cardinal burkinabè, le combat contre le terrorisme au Sahel nécessite un véritable engagement de la part des pays concernés, qui doivent être soutenus par la communauté internationale. Il appelle donc à plus de solidarité interne et internationale « sans laquelle nous ne saurions vaincre ce fléau international dont souffrent essentiellement les pays les plus pauvres ». Il souhaite également des actions concrètes, « plus de solidarité et moins d’indifférence … C’est un cri de cœur », a laissé entendre l’archevêque de Ouagadougou.
La prière, notre « kalachnikov »
Face aux conséquences de ces attaques, l’Eglise catholique burkinabè mène de nombreuses actions caritatives en faveur des populations déplacées.
En outre, le Cardinal Ouédraogo recommande le pays à la prière de tous les fidèles catholiques pour qu’advienne la paix qui est « un don de Dieu et reste toujours le fruit des efforts des hommes ».
Dans ce sens, l’archidiocèse de Ouagadougou organise, à partir de la première semaine du temps de l’Avent, une année de prière continue, pour toute l’année liturgique, impliquant toutes les paroisses à travers les groupes de prières et les mouvements paroissiaux. « Notre kalachnikov de riposte, c’est la prière », rappelle le cardinal Ouédraogo qui appelle toute la population burkinabè à l’espérance : « Vivons dans l’espérance que nous allons nous en sortir », conclut-il.
Françoise Niamien
Source : Vaticannews