Pour le président Patrice Talon (photo), il n’est « techniquement pas évident » que les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) soient prêts à adopter une monnaie unique dès 2020.
Lors d’une interview accordée jeudi à la chaîne d’information France 24, le chef de l’État béninois est revenu sur plusieurs sujets de l’actualité sous-régionale, dont celle du remplacement du franc CFA par la monnaie Eco pour tous les pays de la CEDEAO, l’année prochaine.
« C’est un agenda politico-économique, mais les réalités de l’économie sont parfois en déphasage avec la volonté politique », s’est justifié le dirigeant. Pour l’homme de 61 ans, ces doutes sont motivés par les problèmes de calendrier relatifs au respect des critères de convergence par tous les pays, avant l’adoption de la monnaie.
Cependant, l’ancien magnat du coton affirme que le principe pour un retrait des réserves de change du franc CFA, du Trésor français est déjà acté. Sans donner un agenda précis, le dirigeant a indiqué que désormais, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest se verrait confier la gestion de toutes les réserves de change des pays de la zone UMOA. Cette mesure devrait être accompagnée d’un retrait de la France des structures de gouvernance du FCFA.
« La Banque centrale des pays d’Afrique de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) va gérer la totalité de ces réserves de devises et va les répartir auprès des diverses banques centrales partenaires dans le monde » a déclaré Patrice Talon, ajoutant que cela se ferait « très rapidement ».
Cette sortie médiatique intervient alors que la sensible question de la monnaie unique cristallise les débats sociaux dans la sous-région ouest-africaine. Pour de nombreux Africains, le franc CFA est vu comme un instrument de domination de la France sur les pays qui l’ont en commun, notamment en raison de sa parité fixe avec l’Euro.
Malgré l’annonce de Paris qui s’est dite ouverte à une « réforme ambitieuse » du FCFA, la déclaration du président Ouattara qui indiquait que l’UEMOA maintiendrait cette parité fixe en 2020 pour l’Eco, la future monnaie commune de la CEDEAO, avait déclenché l’ire de plusieurs jeunes africains sur les réseaux sociaux.
« Même si nous n’y parvenons pas véritablement l’année prochaine, la volonté demeure, et nous souhaitons qu’un jour les pays de la CEDEAO puissent se retrouver tous au sein d’une même monnaie », a déclaré Patrice Talon. « ça viendra même si techniquement nous n’y parvenons pas encore l’année prochaine », a-t-il ajouté.
Moutiou Adjibi Nourou
Source :Agenceecofin