Accusant l’ambassadeur de la mission de l’Union européenne Olivier Nette d’ingérence dans les affaires de politique intérieure, le gouvernement béninois lui a demandé de quitter le pays, ont révélé plusieurs sources diplomatiques béninoises et européennes, ce mercredi 27 novembre 2019.
« Il [Oliver Nette] s’intègre beaucoup trop dans les affaires intérieures. Il ne respecte pas son devoir de réserve de diplomate », a justifié une source diplomatique béninoise haut placée sous couvert d’anonymat. « Il a jusqu’au 1er décembre prochain pour partir du Bénin », a-t-elle ajouté. « Le Ministère [des affaires étrangères du Bénin] avait déjà plusieurs fois attiré son attention sur des excès, mais il a persisté. Il se disait protégé par Bruxelles. » Une porte-parole européenne a expliqué que le service d’action extérieure avait été informé le 20 novembre de la décision des autorités béninoises de retirer leur agrément à Olivier Nette, ressortissant allemand et chef de la délégation de l’UE.
Le pays en crise politique depuis fin avril
« Pour l’UE, rien ne peut justifier une telle mesure dans les bonnes relations globales qui existaient jusqu’à présent entre l’UE et le Bénin », a-t-elle déclaré. « Nous avons donc demandé d’urgence à nos partenaires béninois des éclaircissements sur les raisons spécifiques de leur décision, mais nous ne les avons pas encore reçues à ce stade », a-t-elle précisé.
Selon plusieurs sources diplomatiques européennes en poste à Cotonou, cette décision a été prise de manière brutale, sans convocation préalable, contrairement aux usages diplomatiques en vigueur. Le Bénin traverse une crise politique depuis fin avril, date des dernières élections législatives auxquelles l’opposition n’avait pas pu présenter de candidat.
L’ancien président béninois et opposant Thomas Boni Yayi avait dénoncé une « parodie d’élections » et vit désormais en exil. Il a fait une visite éclair dans le pays avec une délégation de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) sans avoir rencontré le chef de l’État, malgré ce qu’avait annoncé la présidence. Patrice Talon, élu en avril 2016, est accusé d’avoir engagé un tournant autoritaire au Bénin, pays modèle de la démocratie en Afrique de l’Ouest.
AFP