A l’occasion de la 24ème Journées internationales de la tolérance, l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI), à travers une déclaration invite les médias, les activistes, les religieux, les traditionnalistes et tous les leaders d’opinion à cultiver davantage les vertus de la tolérance, afin d’endiguer les violences à caractère multiples qui fragilisent la cohésion sociale. L’intégralité du message.
Le 16 novembre dernier, l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a célébré la vingt-quatrième journée internationale de la tolérance. A cet effet, la directrice générale de l’organisation, Audrey Azoulay a, dans son message, souligné qu’« À l’heure où les extrémismes et les fanatismes se déchaînent encore trop souvent, à l’heure où le venin de la haine continue d’empoisonner une partie de l’humanité, la tolérance n’a jamais été une vertu aussi indispensable. »
En attendant d’y revenir le 30 novembre prochain qui correspond au premier anniversaire de notre association, il sied de noter qu’en plus du feu de la division intra et interreligieux attisé (avec peu de succès certes) dans notre pays par les internationales terroristes que sont Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) et l’État islamique au grand Sahara (EIGS), le vert des indicateurs empiriques de la tolérance en général et de la tolérance religieuse en particulier continue, de façon tendancielle, à devenir plus terne. Ainsi, le ton des discours et des débats publics d’une part et d’autre part les jugements de valeur (parfois indécents) par les médias traditionnels ou sociaux interposés suscitent de plus en plus des interrogations sur ce qu’est devenu le système des valeurs que les générations précédentes ont légué aux Burkinabè du XXIe siècle.
Un constat inquiétant…
Pour ce qui est de l’aspect religieux, ici ce sont des leaders qui se plaignent sur les médias et les réseaux sociaux de la manière dont telle autorité traite leur(s) coreligionnaire(s) ; là ce sont des responsables religieux qui, via les médias traditionnels, réseaux et médias sociaux, sont, à la limite, défiés ouvertement ou subtilement par d’autres responsables et/ou fidèles de la même confession ; plus loin, ce sont des dirigeants religieux qui présentent des doléances à de hautes personnalités morales afin que, entre autres, la diabolisation dont leur religion fait l’objet de la part des responsables d’autres confessions religieuses prenne fin ; ailleurs, ce sont des personnalités publiques qui, de façon ostentatoire, font parfois prévaloir leur appartenance religieuse dans les services publics, sur les médias et les réseaux sociaux et à l’étranger au risque d’éclipser le caractère laïc de l’État déjà mis à mal par la radicalisation rampante de certains citoyens et l’extrémisme violent.
Sans langue de bois, il faut reconnaître que l’avenir, à partir du constat actuel, ne se présente pas sous de bons auspices et bien malin sera celui qui pourrait prédire ce qui adviendra de notre maison commune dans les années à venir. Ce n’est ni de la prophétie de malheur, ni un pessimisme de mauvais aloi mais une approche qui se veut lucide en dépit de la marge d’erreur qu’elle peut comporter.
Mais ne pas baisser les bras
Dès lors que ce constat plus que préoccupant a été fait, il urge de rechercher les solutions. Dans ce sens et parallèlement à la répression qu’il faut exercer sur les personnes et groupes de personnes dont les propos, les comportements et les attitudes sont contraires aux dispositions législatives et règlementaires, il est impérieux que les individus, les communautés et les confessions religieuses disposent davantage d’éléments concrets de la part des citoyens (considérés dans leur individualité), des groupes sociaux et des gouvernants attestant que tous œuvrent pour la tolérance entendue à longueur de cérémonies officielles et de fora et pour l’équité dans le traitement des communautés et des confessions religieuses.
Cela est un impératif car au-delà des commodités verbales de circonstance que l’on lit ou entend ici ou là concernant (notamment) la tolérance religieuse, bien de Burkinabè tendent à devenir intolérants : les contenus des prêches, des discours et autres commentaires sur les ondes des stations de radio et de télévision et des médias et réseaux sociaux, les sermons dans les lieux de culte et/ou même certainement le langage des parents dans le secret de l’éducation religieuse de leurs enfants. Ce ne sont pas le Conseil supérieur de la communication (CSC), le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale (MATDC), département chargé des cultes, et l’Observatoire national des faits religieux (ONAFAR) qui nous contrediront. L’apologétique de la tolérance ressemble alors au mieux à une scène de théâtre servant à amuser la galerie et au pire à un jeu de dupes dans lequel chacun essaie d’entuber l’autre pour disposer de plus de pouvoir (de toutes sortes) au détriment de l’avenir de la nation.
Un devoir d’intégrité et d’honnêteté de la part des leaders religieux
De telles (in)conduites posent au grand jour la problématique des rapports de nombre de leaders religieux avec les valeurs d’intégrité et de vérité, (valeurs cardinales de toutes les religions) dont ils n’hésitent pas à se gargariser officiellement. Si ces comportements peuvent être compréhensibles (mais pas excusables) de la part du commun des croyants, ils le sont moins lorsqu’il s’agit de leaders d’opinion par-dessus tout religieux. C’est malheureusement humain. Ce faisant, aspirant plus à être sages que nous ne le sommes réellement, il peut nous arriver à tous de prendre consciemment ou inconsciemment des libertés vis-à-vis des lois et de la morale ; d’où l’impératif de faire preuve de tolérance (mais non pas de complaisance) face aux particularismes biologiques, aux spécificités culturelles, aux choix politiques et aux croyances d’autrui, notre alter ego, l’autre nous-même.
Pour le bureau national, le Président
Issaka SOURWEMA
Dawelg Naaba Boalga