Le 20 octobre de chaque année, la famille des médias sacrifie au rituel de la célébration de la Journée nationale de la liberté de la presse. Chers confrères journalistes, communicateurs, professionnels de l’information et de la communication, promotrices et promoteurs du secteur des médias, organisations professionnelles des médias, le thème de cette 21ème édition «Comment consolider la liberté de presse face à la menace terroriste», plus que d’actualité, nous interpelle sur notre pratique dans un contexte socio politique particulier .
« Jamais le Burkina Faso n’a subi de plein fouet les effets d’un terrorisme actif qui s’est accentué au début de l’année 2016 par des attentats spectaculaires. » Ce résumé de la difficile situation sécuritaire que vit notre pays, depuis 4 ans, est tiré du rapport sur l’état de la liberté de la presse 2018 au Burkina Faso, publié par le Centre national de presse Norbert Zongo en 2019, justifiant ainsi la thématique sur laquelle la réflexion est axée.
Ce contexte critique, associé à des facteurs tels que la création et la circulation de l’information sur les médias sociaux qui met à rude épreuve la viabilité et la pérennité des médias traditionnels, n’a pas démobilisé les hommes et femmes de médias dans leur élan de préservation d’un environnement favorable à l’exercice de la liberté de presse.
Me félicitant du mérite de notre presse reconnu au plan international, je salue la tenue des activités marquant l’édition 2019 de la journée nationale de la liberté de la presse, cadres qui permettent de valoriser davantage les principes fondamentaux de l’exercice de la profession, d’évaluer la liberté de la presse au Burkina Faso, de défendre et de réaffirmer sans cesse l’indépendance des médias.
La preuve, le dernier classement de Reporter sans frontière (RSF) publié en septembre 2019 classe le Burkina Faso au 36ème rang sur 180 pays. Une progression notable pour notre pays qui occupait la 41ème place en 2018. Un classement basé sur «les performances en matière de pluralisme, d’indépendance des médias, de transparence et de qualité des infrastructures soutenant la production de l’information».
Chers consœurs, Chers confrères,
Le gouvernement salue les efforts consentis, chaque jour, par les professionnels des médias dans leur quête perpétuelle du professionnalisme, malgré des conditions de travail jugées souvent difficiles, notamment dans le contexte marqué par la lutte contre le terrorisme et les conditions socio-économiques précaires que connaissent certaines entreprises de presse.
La spécificité des médias, leur rôle et leur devoir d’informer sur tout événement majeur font des drames liés au terrorisme un sujet d’intérêt majeur. Cependant ceux-ci doivent, au nom de leur responsabilité sociale, traiter avec beaucoup de précautions le caractère spectaculaire du terrorisme, souvent objet de fascination de leur public.
Si nous nous accordons sur le fait que la lutte contre le terrorisme ne doit pas altérer l’état appréciable de la liberté d’expression et d’information dans les médias, fondements essentiels de toute société démocratique, nous pensons aussi qu’elle ne doit servir d’excuse à aucun Etat pour restreindre la liberté de la presse.
Nous devons admettre également que les médias doivent éviter, d’une part, de jouer le jeu des terroristes par une course effrénée à l’information et aux images sensationnalistes, et d’autre part, d’affecter les efforts consentis par les forces de défense et sécurité et la résilience des populations qui font constamment et vaillamment face aux forces du mal.
Le gouvernement saisit encore l’occasion de cette commémoration pour inviter l’ensemble des acteurs de la société civile, les partenaires au développement, à créer de bonnes et saines conditions de travail pour l’ensemble des médias au Burkina. Il exhorte les professionnels de médias à davantage d’efforts pour sauvegarder le climat favorable à un traitement qualitatif de l’information.
Dans notre contexte actuel, il est évident que la lutte contre le terrorisme doit être l’affaire de tous, sans exception, afin de promouvoir l’intégrité, l’unité, la cohésion sociale, le dialogue inter religieux et la tolérance religieuse dans notre pays : le Burkina Faso.
Chers consœurs, Chers confrères,
Certes, l’adoption par l’Assemblée nationale, le 21 juin dernier d’un nouveau code pénal a soulevé un tollé de la part des organisations professionnelles des médias au Burkina, qui l’ont jugé liberticide, en ce qu’il empêcherait le travail des journalistes, mais, pour le gouvernement qui promeut la liberté d’expression et d’informer, il ne s’agit nullement d’une entrave au travail des médias.
Permettez-moi de réaffirmer l’engagement du gouvernement à consolider les acquis en termes de liberté et droits fondamentaux garantis par la constitution burkinabè. Nous devons tous œuvrer à renforcer la confiance mutuelle du gouvernement en la capacité des médias à privilégier les intérêts supérieurs des populations, et des médias en la volonté des pouvoirs publics à assurer les conditions adéquates pour l’exercice de la liberté de presse. L’Etat entend travailler au renforcement des capacités des médias publics et privés pour l’accomplissement effectif de leur mission de service publique et l’amélioration des conditions de vie et de travail des femmes et hommes de médias du public comme du privé.
Le Fonds d’appui à la presse privé, mis en place depuis octobre 2016 et doté d’un budget de 700 millions de FCFA, pour un accompagnement plus structurant et efficace de l’Etat à la presse privée, va bientôt mettre à la disposition des acteurs, les premiers crédits bancaires pour la réalisation de leurs projets structurants. En rappel, ce fonds vient en appoint à la subvention de l’Etat à la presse privée d’un montant annuel de 400 millions de francs CFA.
Chers consœurs, Chers confrères,
Le Burkina Faso est notre patrie, chère à tous. Faisons en sorte de le préserver contre les obscurantistes qui n’ont qu’un seul but, semer la peur, le chaos et surtout la division et la partition de notre Nation. Une fois de plus, le classement de RSF nous interpelle. Travaillons ensemble à améliorer ce classement, car c’est le Burkina qui en sort gagnant.
Bonne célébration de la liberté de la presse à toutes et à tous !
Vive la liberté de la presse !
Vivre le Burkina Faso !
Je vous remercie !