Une grande partie du territoire échappe désormais au contrôle de Ouagadougou qui commence à peine à sortir du déni face à la multiplication des attaques des groupes armés et des milices dites « d’autodéfense ».
Dans le village de Yagma, près de Ouagadougou, le 17 septembre, le nombre de déplacés dans le pays atteint désormais près de 300 000 personnes en raison de la violence des groupes djihadistes.
Il a fallu du temps aux autorités du Burkina Faso pour sortir de leur déni alors que les attaques se multipliaient sur le territoire jusqu’à frapper la capitale Ouagadougou. Ce temps est révolu. Il est à l’urgence devant « l’extrême gravité de la situation sécuritaire » qui fait « qu’il n’y a pas un jour, pas une semaine sans de nouvelles victimes », selon les mots du ministre des affaires étrangères Alpha Barry. A tel point que de hauts responsables occidentaux en viennent à redouter un effondrement de l’Etat, à l’image du voisin malien en 2012 sous les assauts alors combinés d’indépendantistes touareg et de groupes djihadistes.
Ouagadougou a en effet perdu la main sur une bonne partie du pays. « Environ un tiers du territoire échappe à son contrôle », affirme un officier de la police burkinabé. Une estimation confirmée par d’autres sources occidentales. Attablé à une terrasse de restaurant de la capitale, le policier trace les zones rouges à grands traits sur une carte du pays. Région par région, d’ouest en est, il isole la moitié de la Boucle du Mouhoun, les deux tiers du Centre-Nord, la totalité du Sahel, et un demi de l’Est. Autant de zones frontalières du Mali, du Niger, du Bénin et du Togo. « Pour compléter le tableau, le Sud-Ouest [proche de la Côte d’Ivoire] est sous la menace des bandits et des coupeurs de route », ajoute le policier.
« Ils grappillent du terrain comme des fourmis »
Prenons Djibo, grande ville du nord du Burkina distante de seulement 210 kilomètres de Ouagadougou. Sa caserne est la seule à tenir encore dans la province du Soum, jouxtant le Mali. Harcelés, sous-équipés, démoralisés, les militaires burkinabés ont déserté les cinq autres positions qu’ils occupaient dans cette province. Cette débandade entamée il y a quelques mois s’est accélérée depuis l’attaque, fin août, de Koutougou, proche de la frontière malienne, soldée par la mort d’au moins vingt-quatre soldats – les officiers avaient abandonné la place quelques jours plus tôt – et le pillage d’un arsenal important.
L’assaut par des combattants en motos a été revendiqué par le Groupe de défense de l’islam et des musulmans (GSIM) lié à Al-Qaida. Pour les services burkinabés, le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS) en serait l’auteur. Selon une source occidentale, « sept à neuf groupes armés sont présents dans le nord du pays et travaillent ensemble ». Lire la suite dans www.lemonde.fr
Christophe Châtelot