M. Brice Oussene Ouédraogo, maire de la commune rurale de Pibaoré

Brice Oussene Ouédraogo est l’un des plus jeunes cadres des maires burkinabè. La commune rurale de Pibaoré qu’il gouverne sous la bannière du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) connait une sérénité légendaire, malgré toutes les grandes tendances politiques qui composent le Conseil municipal. Une attitude qu’il place sous le signe de la maturité politique du Conseil municipal de Pibaoré. Nous l’avons rencontré non seulement pour mieux connaitre l’état des lieux de sa commune et d’une manière générale nous avons abordé avec lui les questions brûlantes de l’actualité sociopolitique et économique du Burkina. Sans complaisance, il répond à nos questions avec tact et dans un ton mesuré !

 Monsieur le Maire de Pibaoré, pouvez-vous nous situer succinctement la position géographique de votre commune rurale ?

La commune rurale de Pibaoré est située dans la région du Centre-Nord et précisément dans la province du Sanmatenga. La Commune se trouve sur la route nationale 15, l’axe Kaya-Boula à 45 km de part et d’autre. Elle a pour commune frontalière les communes de Boaga, du Boulsa, de Pissila, de Ziga, de Kogo et celle de Boussouma.

Depuis 2016, la commune rurale de Pibaoré est certes dirigée par le MPP avec 29 conseillers, mais l’opposition politique composée du CDP, UPC, NAFA équilibre la force avec un total de 27 conseillers. Comment la cohabitation s’opère dans la gestion de la mairie ?

Il faut déjà à ce niveau saluer l’ensemble du Conseil municipal. Cela dénote la maturité de la

« Nous récoltons les fruits de cette gestion paisible de notre commune »

population. Nous avons toutes les sensibilités des forces politiques du pays qui composent le Conseil municipal. A Pibaoré le leitmotiv se résume à : « Ensemble comment nous pouvons conjugue

r nos efforts pour construire la commune de Pibaoré ».  Cet esprit est en marche et la cohabitation se passe sans problème.

Vous êtes pratiquement à mi-mandat à la tête de la commune rurale de Pibaoré. Vos ambitions préétablies pour le développement de Pibaoré avancent-elles convenablement à votre satisfaction ?

Notre engagement politique vise un objectif à atteindre pour notre commune. L’essentiel se résume sur l’épanouissement intégrale des populations en matière d’éducation, de santé, d’autosuffisance alimentaire, l’eau et l’assainissement etc., bref les besoins primaires primordiaux pour booster le progrès socioéconomique de la commune de Pibaoré. La commune comptait 25 écoles avec seulement 3 classes de 6ème au secondaire. Donc il y avait la nécessité d’y faire face avec de nouvelles infrastructures. De même au niveau de la santé des difficultés existaient en termes de construction de maternités. Toutes ces préoccupations ont connu de l’amélioration, même si des efforts restent toujours à faire. Car avec l’appui de l’État nous avons eu une maternité, nous avec un collège d’enseignement général (CEG). La question de l’eau a également trouvé une solution. Je profite du micro pour remercier tous les partenaires : notamment l’Association Badielle Fondation depuis les États-Unis qui nous a soutenu, avec des forages dans certains villages, on a Burkina35 depuis la

France qui nous soutient chaque année sur nos priorités.  Je salue de même El Hadj Malgr-Naaba de Nagréogo qui est un fils de Pibaoré qui nous a permis également d’avoir des forages.  En somme, nos chantiers avancent avec les soutiens des bonnes volontés.

Pibaoré a été sinistré en juin 2018 par une pluie diluvienne causant des dégâts matériels et plus d’un millier de sinistrés. Une année après, comment se porte la commune après ces calamités naturelles ?

Merci d’abord au gouvernement pour la promptitude après la pluie diluvienne qui a ravagé des infrastructures de la commune comme la préfecture, le logement du préfet, le centre de loisirs, des populations ont également connu l’effondrement de leurs maisons et des pertes d’animaux. Malheureusement, il ya eu des morts d’hommes.
Aujourd’hui, je peux affirmer que la situation a beaucoup évolué. L’ONG Qatar Charity nous a permis d’avoir 10 logements, les infrastructures ont été réhabilitées. Je remercie le PNGT qui nous permis de réhabiliter le centre de loisirs. Dans l’ensemble la situation a favorablement évolué. Nous souhaitons que ce genre de sinistre ne nous affecte plus.

Quelles sont les activités socioéconomiques et culturelles autour de votre commune rurale qui nécessitent d’être valorisées ?

Il y a des activités qui étaient déjà encrées dans les habitudes de la population. Il y a par exemple le ‘’Bag-raaga’’ (une cérémonie de pas de danses traditionnelles et assimilée à des activités divinatoires). Il y a une bonne partie de la population qui est composée de Nioniossé qui ont comme activité phare le ‘’Bag-raaga’’. Ce qui nous permet de donner une identité spécifique sur le plan culturel à la commune de Pibaoré.

Il y a également les foires qui se tiennent mais il nous faut susciter plus d’engouement à travers l’organisation. La maraichère culture est également développée et nécessite une réorganisation.  Ce sont autant de chantiers qui nous tiennent à cœur que nous travaillons à réaliser.

Monsieur le maire, malgré la quasi-équilibre des forces politiques en présence à Pibaoré, la gestion de la mairie semble ne pas connaitre de soubresauts. Comment cela s’explique ?

Nous sommes des maires post insurrectionnelle. Si la gestion est vertueuse, s’il y a la communication et la maturité, nous regardons tous dans  la même direction,   qui est de conjuguer nos efforts pour développer notre commune.
La gouvernance de Pibaoré est ouverte et tout le monde y participe. Donc, nécessairement nous récoltons les fruits de cette gestion paisible de notre commune.

D’une manière générale, la situation socioéconomique du Burkina a pris du plomb dans l’aile à cause de la situation sécuritaire du pays depuis 2016. Comment appréhendez-vous la répercussion dans l’activité économique du pays et particulièrement dans votre commune rurale ?

D’abord, il faut regretter ce que le pays subit depuis l’arrivée au pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré.

La relance des activités cultuelles et sportives est un pari à gagner par le maire Brice Brice Ouédraogo

Les forces du mal sont arrivés à créer un environnement difficile dans certaines zones du pays. Les répercussions sont réelles en ce sens que celles-ci freinent les mouvements des gens d’une région à l’autre. Il va sans dire que l’économie subisse fatalement les conséquences des attaques terroristes, car de nos jours des déplacés ne peuvent plus exercer leurs activités. Donc, il y a une morosité économique qui s’installe. Il y a aussi que la priorité étant maintenant donnée à la sécurité, il y a eu une diminution de l’appui de l’État aux communes.  Cette nouvelle réalité fait effectivement que l’économie a pris un coup.

Monsieur le maire, en tant que politique et jeune intellectuel du MPP, comment appréciez-vous une certaine opinion occidentale qui peint le Burkina en rouge et déconseille leurs ressortissants la destination au Burkina ?

Certains partenaires qui venaient nous accompagner n’ont pas hésité de nous dire que la zone du Centre-Nord est devenue une région à risque et s’abstiennent de venir maintenant. C’est dire que la situation est difficile. Mais je pense que les occidentaux devraient avoir une autre approche. Par ce que la question du terrorisme n’est pas propre au Burkina Faso. Toute la sous-région est menacée. Même l’occident n’est pas épargné. Je pense qu’il faut poser la question du terrorisme et du djihadisme d’une façon globalisante, afin de permettre à tous les Etats de s’impliquer véritablement.

Selon les statistiques le Burkina a connu de 2015 à 2019 : 283 attaques terroristes avec 524 morts. De même l’éducation est compromise dans certaines régions avec 1933 écoles et établissements secondaires fermés qui affectent plus de 326.000 élèves et 9.042 enseignants. A cela se greffe un front social en constante ébullition avec des grèves et des revendications incessantes. On se pose naturellement la question où va le Burkina ?

Je souris lorsque vous me posez la question ou va le Burkina. Où voulez-vous que le Burkina aille ? En ce qui concerne les attaques se sont des réalités que nous vivons. Il faut reconnaitre aussi qu’à l’Est du Burkina il y a eu une réplique des Forces de défense et de sécurité (FDS) qui a permis la reprise des classes dans cette localité. Il y a des efforts sur le terrain qui donnent des satisfactions et rassurent que nous venions à bout dans cette lutte contre le terrorisme. Mais la question n’est pas seulement militaire, car la population doit s’y impliquer dans cette lutte.

Pour le front social, c’est l’occasion ici de saluer aussi bien le gouvernement que le syndicat. Les syndicats mènent une lutte légitime pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail et c’est normal. Mais une logique s’impose, le président en bon père de famille aimerait voir l’épanouissement de l’ensemble de la population burkinabè. L’épineuse question, est que la réalité financière et économique du Burkina est limitée. Dans pareille circonstance il faut privilégier le dialogue pour une parfaite répartition de la richesse nationale, et surtout relever le défi commun du développement.

Une enquête réalisée par le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD)

fait remarquer que la côte de popularité du Président Roch Marc Christian Kaboré a chuté en dessous de la moyenne sur 10. Votre opinion ?

Nous avons tous suivis ce que le CGD a fait comme travail. Je crois que c’est un travail qui a été scientifiquement réalisé. Le CGD a travailler à consolider la démocratie dans notre pays et il faut le féliciter pour cela. Maintenant, le résultat qui a été donné en dessous de 5/10, il faut le voir sur plusieurs angles. Par ce qu’aujourd’hui en termes d’offres politiques se sont tous les acteurs politiques qui ont leurs côtes de popularité en baisse. La sécurité actuelle qui nous préoccupe tous aujourd’hui est la cause réelle de cette appréhension et tout le monde doit se sentir concerner.  La réalité aussi est qu’il y a des actions concrètes qui sont réalisées mais on n’en parle pas. Rien que le conseil des ministres du mercredi passé, le gouvernement a décidé

Lors du sinistre de juin 2018 Pibaoré a reçu le soutien de de plusieurs personnalités physiques et morales. Ici le Larlé Naba Tigré remettant des vivres pour la population sinistrée

de débloquer 180 milliards Fcfa pour bitumage des voies, la gratuité des soins aux enfants de 0 à 5 ans, la construction des écoles etc., sont des actions d’envergures qu’il faut apprécier aussi à sa juste valeur.

Bref, ce résultat du CGD ne nous décourage pas, bien au contraire nous galvanise à continuer nos chantiers, afin qu’au jour du bilan le peuple soit témoin de notre travail.

Nous sommes déjà à la veille de l’élection présidentielle de 2020 qui s’annonce probablement avec un grand nombre de prétendants. Tout se compliquerait pour votre parti le MPP ?

Ah non, Ah non ! Nous irons aux élections sur la base de notre résultat. Le président Roch Marc Christian Kabore est en train d’accomplir son engagement vis-à-vis du peuple burkinabè à travers le PNDES. Je ne doute pas que c’est sur la base de la satisfaction que le peuple va voter le Président Roch Marc Christian Kaboré en 2020.

Votre message à l’endroit de la population de Pibaoré ?

Je remercie la brave population de Pibaoré pour son esprit de civisme et son accompagnement à la commune de Pibaoré. Nous souhaitons toujours son engagement citoyen à payer les taxes de sorte que la commune puisse les offrir en retour les infrastructures nécessaires pour le développement de la commune de Pibaoré.

Interview réalisée par TMCZ

 

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