D’un franc-parler avec de la suite dans les idées, le Président du Groupe parlementaire Renouveau démocratique (RD), député Daouda Simboro s’est exprimé à travers cet entretien sur la vie du Groupe parlementaire RD, les élections qui s’annoncent, les relations avec leur parti politique d’origine, la situation sécuritaire et sociopolitique nationale et son opinion de la gouvernance sous le Président Kaboré…
I-Burkina (IB) : Monsieur le président, le groupe parlementaire jadis UPC/RD a pris désormais la dénomination : groupe parlementaire Renouveau démocratique. Qu’est ce qui a fondamentalement changé dans sa vision ?
Député Daouda Simboro (DS): Merci de nous permettre après un temps de pause de parler par rapport à l’actualité et à la vie de notre Groupe parlementaire Renouveau démocratique, créé depuis le 04 août2017.
Quand nous avons créé notre groupe parlementaire, nous l’avions dénommé avec deux parties : une partie qui indiquait nous appartenance à notre parti politique d’origine et la deuxième partie pour montrer la vision que nous pensions qu’il fallait suivre. Le ‘’Renouveau démocratique’’ est dans ce sens-là.
Vous avez pu suivre les péripéties que nous avons vécus et nous sommes actuellement à la justice par rapport à l’utilisation des symboles et du logo du parti (Ndlr : UPC). Dans un premier jugement on a donné raison à l’autre partie, Nous étant légaliste nous nous sommes conformés à la décision du juge. Mais cela ne nous empêche pas de poursuivre l’action juridique et nous avons fait appel et cela suit son cours jusqu’à nos jours. Donc, le dossier n’est pas encore vidé. Néanmoins en respectant l’injonction du juge nous avons renommé notre groupe parlementaire ‘’Renouveau démocratique’’. Le fait qu’il y a eu le changement de dénomination du groupe n’a pas changé notre vision, car elle reste toujours la même. Notre vision était puisée dans les points cardinaux de notre parti qui consiste à travailler avec au point de mire le Burkina Faso, le pays et ses hommes. Ce qui est bien pour le Burkina, nous le soutenons ; ce qui ne l’est pas nous proposons une autre alternative. C’est ça notre vision. A voir de près, la quasi-totalité des partis politiques qui sont en train de naitre s’appuient sur cette vision. Aujourd’hui on ne peut pas s’appuyer exclusivement sur une idéologie initiale de son parti et faire prospérer sa politique et sa position. Si vous prenez les sociaux-démocrates, ils sont obligés sur instigation des bailleurs de fonds de proposer des solutions libérales. De ce constat qui s’impose à nous, il y a nécessité de réorienter la vision sur le Burkina et les besoins de sa population pour être plus pragmatique.
Quand vous voyez les militants mobilisés pour remplir les stades et autres aires de meetings, ils ne pourront rien vous dire ce que représente l’idéologie pour eux.
Dans quel camp se place votre groupe parlementaire RD à l’Assemblée nation ? Indépendant, opposition, mouvance ou de la majorité ?
D’abord il faut exclure le terme mouvance car cela fait référence aux partis politiques regroupés au sein de l’Alliance des partis de la mouvance présidentielle (APMP), par ce que nous ne sommes pas un parti politique.
De même, quand vous parlez de l’opposition ou de la majorité, dans la résolution de l’Assemblée nationale cette notion n’existe pas étant donné que la résolution de l’Assemblée nationale permet à des députés quel que soit leur bord politique ou indépendant de s’inscrire ou de ne pas s’inscrire dans un groupe parlementaire. Dès lors on ne peut pas dire qu’un groupe parlement est de la majorité ou de l’opposition. Seulement, ce sont les partis d’origine qui indiquent l’appartenance des groupes parlementaires. Aujourd’hui, nous avons posé des problèmes par rapport à notre parti d’origine.si bien que la posture qui est la nôtre est que nous sommes indépendants. Quand nous pensons qu’une loi proposée par la majorité est conforme à notre vision nous soutenons. De même si l’opposition fait également des propositions et ça va dans le sens de notre vision nous soutiendrons.
Dès le début de la crise votre groupe parlementaire avouait toujours son appartenance à l’UPC. Pensez-vous que vos compagnons d’hier vous maintienne dans la même famille politique ?
Jusque-là, nous ne sommes pas exclus de notre parti politique. Mais la crise à atteint un certain niveau ou il y a de l’immobilisme, un statuquo. Si bien que chacun va dans sa zone pour essayer de maintenir son électoral. En réalité la situation sera clarifiée quand viendra le moment d’élaborer la liste pour les prochaines échéances.
Nous sommes déjà à la veille des élections de 2020. Comment dès lors le groupe parlementaire Renouveau démocratique prépare cette échéance ?
C’est légitime que vous vous interrogiez sur ce que nous comptons faire en 2020. Mais pour répondre à la question, je vous dis encore que le groupe parlementaire Renouveau démocratique n’est pas un parti politique et n’a pas vocation à devenir un parti politique. Maintenant chaque membre du groupe à une position souveraine. Il y a ceux qui ne veulent plus être dans cette tracasserie politique, il y a aussi ceux qui veulent être candidat du parti d’origine pour peu qu’il y a de la démocratie à la base. Quoi qu’on dise de nos députés, quand on fera des primaires à la base, vous constaterez qu’ils seront toujours candidat si le parti est démocratique. Au temps opportun chacun trouvera la solution. Je ne peux parler au nom des autres. Personnellement, que je sois candidat du parti ou pas ce n’est pas ma préoccupation. Mais la situation va se décanter d’elle-même.
Cette élection présidentielle s’annonce probablement avec une pléthore de candidats. Selon vous qu’est ce qui fait obstacle au sein des partis politiques de se regrouper autour d’un candidat ‘’favoris’’ ?
C’est cette notion de ‘’favoris’’ qui est le premier obstacle. Parce que nous avons des personnalités ou chacun peut apprécier sa juste valeur par rapport aux activités menées par cette personnalité. Malheureusement, personne ne se rend compte de la réalité de la situation. Quand vous partiez dans une localité (à Nouna) par exemple, vous organisez un meeting avec un public. Cette population n’est pas forcement vos militants, ni vos électeurs. Si vous prenez 26 candidats, vous verrez que ses candidats ont des traits communs dans leurs projets de société. Cependant, comment fédérer ces programmes pour désigner un candidat. Même en émettant des critères ça serait toujours difficile. A ce stade ce sont des ambitions individuelles qui s’affirment. Raison pour laquelle il est quasiment difficile de désigner un seul candidat. Mais je crois que le cas du Benin inspirera tôt ou tard le Burkina et cela évitera la floraison des partis politiques.
A la veille de l’élection présidentielle, comment appréciez-vous la situation socioéconomique nationale au cours du premier mandat du Président Kaboré ?
Pour apprécier la situation socioéconomique de notre pays de ce nouveau mandat du président Kaboré, il faut tenir compte au moins de deux facteurs majeurs :
Primo : La situation dans laquelle le président Kaboré a récupéré le pays. Financièrement, sur le plan budgétaire, sur le plan économique, ce n’était déjà pas rose. Donc, il faut partir de cette base. C’est dommage que le président dès le début n’ait pas présenté la situation réelle de notre pays aux burkinabè au lendemain de sa prise de fonction. Bien avant la transition la situation du pays était illusoire. La transition a travaillé pour permettre le rétablissement des institutions avec l’organisation des élections présidentielles et législatives a accomplie sa part de mission. La priorité de cette Transition n’était pas de poursuivre ou de rétablir l’essor socioéconomique du pays.
Secundo : Quelques jours seulement après la prise du pouvoir du Président Kaboré, le Burkina a été victime d’attaque terroriste et le fléau se poursuit malheureusement avec l’insécurité. Voici autant de freins qui constituent des obstacles à la redynamisation de l’activité économique pour accélérer le développement socioéconomique.
Malgré ces facteurs désagréables, nous avons toujours des indicateurs macroéconomiques appréciables qu’il faut mettre à l’actif du président Kaboré.
La situation sécuritaire du Burkina devient de plus en plus préoccupante. Quelle devrait être la partition de la classe politique pour défendre la Patrie ?
La partition à jouer par les partis politiques c’est d’éviter de faire des calculs politiques pour la récupération de la situation. Il y a des partis politiques qui se focalisent sur l’incapacité du président Kaboré d’assurer la sécurité des burkinabè, sur la mauvaise gestion des Forces de défense et de sécurité (FDS) etc. Mais à mon humble avis la bonne manière c’est d’apporter les propositions concrètes pour nous permettre de défendre la Nation et tout en restant souder dans nos différences. Les partis politiques sont proches des populations à travers leurs différentes bases dans les différentes du pays. Chaque parti politique devrait sensibiliser la population afin qu’elle participe à collaborer avec les FDS à travers le renseignement et une veille publique communautaire. Bref, il faut qu’une synergie d’ensemble se manifeste pour la cause nationale.
Yirgou, Zoala, Arbinda…ont connu des violences intercommunautaires, qui s’ajoutent aux attaques terroristes. Quelles unions sacrées devront-on adopter pour vaincre les forces du mal ?
Il y a deux choses distinctes : les violences intercommunautaires et les attaques terroristes. Même si quelque part on peut établir un fil conducteur. A Yirgou où à Arbinda, ce qu’on ne dit pas est qu’on indexe une communauté qui soutiendrais les terroristes. Sinon, les problèmes intercommunautaires ne datent pas d’aujourd’hui en réalité. On ne peut pas se permettre au Burkina de stigmatiser une population, ethnie ou une région. Donc, il faut que les hommes politiques, les religieux, les coutumières et les sages travaillent en synergie pour ramener la cohésion sociale et l’harmonie de vivre ensemble entre les populations. Ce qu’il y a à faire aussi c’est de rendre justice pour éviter que chacun cherche à se rendre lui-même justice.
La nouvelle constitution pour le passage à la 5ème république est prévue pour être adoptée par référendum. Votre commentaire ?
Le mode d’adoption de la nouvelle Constitution ? Je pense qu’on était partie pour le referendum. Mais avec les attaques terroristes ici et là et la nécessité de renflouer les caisses de l’Etat, d’équiper les FDS, les gens étaient plus favorables qu’au lieu de dépenser pour le referendum ça serait plus utile d’investir pour renforcer la sécurité. Personnellement je partage ce point de vu. Le referendum si c’est une volonté de la classe politique on peut y aller. Mais de façon pragmatique, je vois qu’il n’y a pas eu une remise en cause sur le processus d’élaboration de la nouvelle constitution à ma connaissance. Toutes les sensibilités ayant été concernées on pourrait économiser en passant par la voie parlementaire.
Avez-vous un dernier mot ?
La situation sécuritaire est toujours préoccupante. J’appelle la population à s’impliquer auprès des Forces de défense et de sécurité, auprès des autorités, pour rendre les informations disponibles. Ce qui permettra de rendre également les FDS plus opérationnelles.
En tant que parlementaire, nous avons fait des efforts qui restent à être mis en œuvre concrètement sur le terrain pour mieux sécuriser les FDS, qui à leur tour sécuriseront les populations.
Interview réalisée par MCZ