Me Gilbert Noël Ouédraogo, n’est plus a présenté dans le paysage politique burkinabè. Président de l’Alliance pour la démocratie et la fédération, Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) ou le ‘’parti de l’éléphant’’, Me Gilbert Ouédraogo, malgré les soubresauts continu le combat avec méthode et patience. Une assurance qui lui a permis d’être élu récemment nouveau président du Réseau Libéral Africain (RLA) à Marrakech au Maroc lors de la 15ème Assemblée générale du Réseau. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il nous parle de ses ambitions pour le RLA, mais donne aussi ses opinions sur des questions de l’actualité politique et sécuritaire du Burkina. Lisez plutôt !
IB : Monsieur le Président de l’ADF/RDA, vous venez d’être élu Président à Marrakech lors du 15ème Assemblée générale du Réseau Libéral africain. Brièvement parler nous de la genèse de ce Réseau et l’esprit qui le sous-tend ?
Président Me Gilbert Noël Ouédraogo : Merci pour l’intérêt que vous portez au Réseau Libéral Africain (RLA). Le RLA est née formellement en juin 2003 en Afrique du Sud. Il faut dire que la plupart des membres fondateurs du RLA étaient déjà membre de l’International Libéral. Au niveau de l’International Libéral, il y a plusieurs organisations sous-régionales dont : l’organisation des Libéraux d’Asie, d’Europe et d’Amérique. Mais il n’y avait pas de Réseau libéral africain. C’est ainsi que les parties membres de l’International Libéral ont décidé de créer le RLA. Maintenant que le RLA a été créé, les partis adhèrent au RLA avant d’adhérer à l’International Libéral.
L’objectif du Réseau, c’est de promouvoir les valeurs libérales en Afrique et surtout servir de plateforme pour les libéraux de s’échanger les expériences, afin que les partis libéraux puissent acquérir les compétences nécessaires pour gagner les élections et diriger nos pays sur la base des valeurs libérales.
En tant que nouveau Président du RLA, quelles sont les missions que vous accomplirez au cours de votre mandat d’un an et qui débute d’ailleurs en 2020 ?
D’abord, je vais représenter le RLA à toutes les rencontres des libéraux. Mais au-delà, je ferais la campagne sur la base de douze principaux points à savoir :
- Promouvoir une solidarité agissante entre les libéraux africains d’une part, et d’autre part entre les libéraux africains et les libéraux du monde entier ;
- C’est poursuivre et intensifier la collaboration entre les organismes et les fondations qui aident et accompagnent le Réseau libéral ;
- C’est également aussi la réorganisation du RLA pour une plus grande interactivité et pour une plus grande efficacité ;
- Il y a également l’implication accrue des anciens présidents libéraux. Nous œuvrons à ce qu’ils s’impliquent de sorte que leurs expertises puissent nous servir pour la promotion des valeurs libérales en Afrique.
- Il y a aussi l’autonomisation du Réseau, c’est-à-dire de travailler à la mise en place d’un mécanisme efficace pour nous permettre d’avoir des ressources pour le fonctionnement du Réseau ;
- Mettre de même l’accent sur le marketing et la communication du Réseau.
- Voir également comment les Chefs d’Etat libéraux peuvent accompagner le RLA, afin de lui permettre de s’étendre sur le continent africain ;
- Impliquer aussi davantage les femmes et les jeunes pour leur leadership affirmé en Afrique ;
- La formation des membres du RLA ;
- La visite de solidarité au niveau des différents pays et surtout lors des campagnes politiques aux côtés des partis membres qui y participent ;
- Obtenir aussi le statut d’observateur à l’Union africaine etc. Donc, comme vous le constatez, il y a beaucoup de choses à faire au cours de mon mandat pour promouvoir le libéralisme en Afrique.
Est-ce que c’est la volonté de rajeunir le RLA qui a favorisé votre élection ?
Je pense que le Réseau est déjà jeune. Dans la mesure où l’actuel président qui est le maire
de la ville de Pretoria (Afrique du sud), qui est à son deuxième mandat n’est pas aussi ancien. Son parti politique est l’Alliance démocratique (la 2ème force politique) qui est un parti d’opposition et d’obédience libérale.
Je suis membre fondateur du RLA et nous faisons partis des plus anciens parmi les libéraux. Par ce que l’ADF/RDA était admise à l’International libéral avant la création du RLA. A l’époque notre parti politique a été parrainé par deux partis politiques d’obédience libérale en Afrique de l’ouest qui étaient : le PDS du président Wade ‘Sénégal) et le RDR du président Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire).
Pour être membre de l’International libéral, il faut être parrainé par deux partis politiques. Et l’ADF/RDA est le troisième parti politique à être membre du RLA. C’est partant de cette connaissance du RLA, de cette ancienneté, que les frères et sœurs ont estimé que j’avais l’expérience nécessaire pour pouvoir diriger ce regroupement et l’agrandir. C’est la raison pour laquelle j’ai été élu.
De nos jours le RLA compte combien de partis politiques membres et repartie dans combien de pays ?
Le RLA compte 44 partis politiques membres, qui sont repartis dans 30 pays. La différence du Réseau libéral avec les autres réseaux d’autres obédiences c’est qu’on peut être plusieurs à être membre du RLA. Par exemple, si vous prenez le cas du Burkina Faso, l’ADF/RDA est le premier membre du RLA. Mais l’ADF/RDA a parrainé la candidature de l’UPC ( Ndlr, Union pour le progrès et le changement de Zéphirin Diabré) afin que ce parti puisse être membre du RLA. Après cela, l’ADF/RDA et l’UPC ont parrainé la candidature du »Le Faso Autrement » (Ndlr, du Dr. Ablassé Ouédraogo) pour que ce parti également s’intègre dans le RLA. Cela signifie que, si un parti politique est membre du RLA, pour qu’un autre parti politique de ce même pays intègre le Réseau il faut nécessairement un avis favorable du parti qui est déjà dans le Réseau.
Quelle est la nature d’entraide et d’alliance entre les membres du RLA ?
La nature d’entraide et d’alliance se porte surtout sur la solidarité qui se manifeste entre les différents partis politiques membres du RLA. C’est-à-dire la participation aux activités des uns et des autres, la formation, car nous sommes accompagnés par l’International Libéral et aussi par des fondations qui nous aident pour la formation des compétences des partis politiques.
Par exemple cette dernière Assemblée générale que nous venons de tenir se portait sur : « L’autonomisation des femmes en commençant par mon parti politique ». Là, des outils ont été donnés pour parvenir à cette autonomisation., afin que les femmes puissent exprimer leur leadership féminin.
Historiquement, depuis les années des indépendances en 1960, les libéraux africains ont du mal à conquérir le pouvoir d’État. Comment expliquez-vous cela ?
C’est vrai que cela a été constaté, mais c’est dû aussi qu’il n’y avait pas assez de
communication sur les valeurs libérales. Surtout qu’il y a une confusion entre le libéralisme et le capitalisme.
Si bien que les gens croient que si c’est le capitalisme c’est l’exploitation de l’homme par l’homme. Ça ce n’est pas une valeur libérale. Il y a une grande différence entre le libéralisme et le capitalisme. Aujourd’hui il y a de plus en plus de la communication sur le libéralisme et vous constatez que les libéraux accèdent au pouvoir D’État. Par exemple en Afrique de l’ouest nous avons eu le président Wade du Sénégal, il y a aussi la Côte d’Ivoire avec Alassane Ouattara et ensuite le président Macky Sall du Sénégal. Présentement nous avons deux pays en Afrique de l’ouest où les libéraux gouvernent et les bilans des réalisations dans leur pays respectif sont à la hauteur des attentes des populations. Et comme il n’a jamais deux sans trois, nous espérons que le prochain troisième pays libéral en Afrique de l’ouest sera le Burkina Faso et cela s’enchaînera avec d’autres pays.
Un régime libéral au Burkina est votre souhait. Pensez-vous que l’environnement socioéconomique est propice à l’exercice d’une gouvernance d’option libérale ?
Parfaitement ! Par ce que, ce qui se passe aujourd’hui est une mise en scène d’une politique libérale sauf que les gens l’ignorent. Mais le problème est que quand on n’est pas libéral et on veut mettre en place une politique libérale, c’est quasiment difficile de réussir.
Dans le monde d’aujourd’hui on applique des valeurs libérales. L’État de droit dans sa conception actuelle est une valeur libérale. L’État de droit, la république ce sont des valeurs libérales. La liberté de la presse, de manifestations sont des valeurs libérales. Les libéraux disent : « Je ne suis pas d’accord avec votre opinion, mais je suis prêt à me battre pour que vous exprimez votre différence avec moi ».
La propriété privée est une valeur libérale et c’est ce qui fonctionne aujourd’hui dans le monde.
Nous disons également que le libéralisme en Afrique est un libéralisme à visage africain. Par ce que nous disons que le libéralisme n’est pas seulement la concurrence tous azimuts ; mais assurer une répartition équitable des fruits de la croissance, afin que ceux qui sont au bas de l’échelle puissent profiter de la croissance économique du pays. Il y a des systèmes qui ramènent tout le monde vers le bas, mais nous les libéraux, nous voulons amener tout le monde vers le haut.
Monsieur le Président, comment l’ADF/RDA et les autres partis libéraux du Burkina Faso se préparent pour l’élection présidentielle de 2020 ?
Nous avons déjà des concertations au niveau des partis libéraux pour voir comment nous mettrons en place une stratégie qui sera gagnante. Une commission est mise en place et qui travaille à faire des propositions pour réussir ce que nous appelons le coup KO en 2020. Et assurer à ce que ce soit l’opposition au pouvoir et pourquoi pas un libéral. Au temps opportun nous vous apporterons les conclusions des travaux.
Vous connaissez bien l’histoire du Burkina. Le pays a déjà connu une révolution populaire et un long règne de 27 ans d’un régime social-démocrate. Est-ce que réellement les libéraux peuvent conquérir le pouvoir d’État dans un tel contexte ?
Justement, c’est dans ce contexte propice qu’il faut essayer le libéralisme. Après avoir connu des insatisfactions à travers les autres systèmes c’est le moment pour que les libéraux apportent leurs solutions aux maux qui minent le développement du Burkina. La peur du libéralisme part de la mauvaise perception qui est diffusée, mais heureusement la compréhension est en train d’évoluer positivement. Les libéraux travaillent à protéger le plus faibles. Comme le disait la présidente de l’International libéral le cœur de tous les libéraux comme de tout le monde d’ailleurs bat à gauche.
Le référendum pour le passage à la 5ème république est d’actualité. Votre opinion ?
Au niveau de l’ADF/RDA, notre opinion est que le référendum aujourd’hui n’est pas utile pour le Burkina Faso. Nous pensons que la priorité pour le pays n’est pas le passage à la 5ème république. La priorité est d’abord d’assurer la sécurité de notre territoire national. Ensuite assurer la coexistence pacifique entre les burkinabè, consolider la nation burkinabè, développer de manière équilibrée les régions du Burkina. Après cela, on peut faire adopter une nouvelle Constitution. La Constitution que nous avons actuellement nous permet de fonctionner correctement.
Le 1er mandant présidentiel du président Roch Marc Christian Kaboré sous la bannière du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), fait face à un front social constamment agité et surtout aggravé par des attaques terroristes que le Burkina n’a jamais connu dans son histoire. Selon vous comment peut-on y parvenir à rétablir la stabilité, la paix et la relance de l’activité économique ?
Dès le départ nous avons relevé que cette gouvernance c’est le tâtonnement. Aujourd’hui tout le monde le reconnait que c’est l’échec total. Même ceux qui sont de leur milieu reconnaissent les insuffisances. En témoigne la sortie médiatique de celui qui est chargé de la formation au sein du MPP, le Chat noir du Nayala (Ndlr Emile Paré) qui décrit la gestion actuelle du pouvoir. Ce n’est pas nous qui dirons le contraire. Maintenant, qu’est ce qu’il faut faire ? Nous pensons qu’il faut mettre l’accent sur la sécurité, œuvrer pour la cohésion sociale. Nous n’avons pas d’autres richesses. La richesse du Burkina c’est sa population. Nous devrons travailler à ce que le développement soit équilibré. Il ne faut pas seulement que le développement des infrastructures s’opère dans la capitale, mais soit partagé dans les autres régions du Burkina Faso. Il faut chercher un consensus avec les travailleurs pour apaiser le front social et améliorer les conditions de vie des burkinabè. Si toutes ces conditions sont réunies le pays pourra amorcer le développement. Et nous les libéraux nous sommes en mesure d’apporter cette solution.
Avez-un dernier mot ?
Je souhaite la paix pour notre pays le Burkina. C’est par ce qu’il y a un pays qu’on fait de la politique. Si le pays n’existe pas, il n’y a plus de place pour pratiquer ni la politique, ni le commerce, ni sa religion etc. Donc, nous avons tous intérêt à s’unir pour préserver notre territoire national. C’est ce que nos devanciers nous ont légué et nous devons travailler à laisser à nos progénitures une nation prospère.
Interview réalisée par Théodore ZOUNGRANA