Le Président du Faso Monsieur Roch Marc Christian KABORÉ

Moins de dix-huit mois séparent Roch Marc Christian Kaboré de la présidentielle de novembre 2020, au cours de laquelle le président sortant briguera un second mandat. L’emprise inédite des actes terroristes dans le pays depuis son arrivée au pouvoir, alliée à une faible gouvernance, rend toutefois sa victoire très incertaine.

Unité perdue.

Élu avec à peine 53% des voix en 2015, l’ex-premier ministre de Blaise Compaoré voit son électorat s’effriter au rythme des attentats sur tout le pourtour nord et est du pays ainsi qu’à Ouagadougou.

Sur la carte de la rubrique « Conseils aux voyageurs » du ministère français de l’Europe
et des affaires étrangères, plus une seule zone du Burkina Faso n’est épargnée par les mises en garde ou par les recommandations de ne pas séjourner. C’est dans ce contexte que Simon Compaoré, bras droit du chef de l’Etat écarté du portefeuille de la sécurité intérieure, en janvier, a été chargé de mettre le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) en ordre de bataille. A l’approche de 2020, l’ex-maire de la capitale burkinabè s’emploie à déminer les tensions apparues dans le parti présidentiel ces derniers mois.

Critiqué pour son incapacité à endiguer la menace terroriste (2 000 écoles sont fermées dans le nord), Kaboré voit l’unité de son parti se lézarder, y compris dans des fiefs comme Ouahigouya (nord). Si le chef de l’Etat compte toujours de fidèles thuriféraires parmi ses ministres (Bachir Ouédraogo, Jacob Ouédraogo, Alpha Barry…) ou chez les sankaristes, sa capacité à fédérer sur son bilan semble de plus en plus s’émousser.

Opposition soudée.

De fait, le nombre de ses challengers au scrutin devrait être historique.
Qualifiant la situation de « chaos », Zéphirin Diabré, principal opposant arrivé second en 2015 avec 30%, bat déjà campagne bien que sa formation, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), ne le désignera candidat qu’au dernier trimestre de 2019.

Depuis la mi-février, l’ex-conseiller d’Anne Lauvergeon chez Orano (ex-Areva) parcourt les 45 provinces du pays. Fort d’une trentaine de députés, il se pose également comme le candidat d’une vaste coalition dans l’hypothèse d’un second tour. Celle-ci pourrait s’étendre du Faso Autrement jusqu’au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

Seul handicap – rédhibitoire – pour Diabré : d’ethnie bissa, ce dernier n’est pas issu du plateau central mossi où se concentre l’électorat. Une faiblesse dont Kadré Désiré Ouédraogo entend profiter. Cet autre ancien chef de gouvernement s’est déclaré candidat, le 26 février, depuis
Bobo-Dioulasso, la seconde ville du pays. Dépourvu de formation, il pourrait lancer son propre parti au second semestre de l’année.

Soutenue par de nombreuses personnalités (Boureima Badini, Juliette Bonkoungou, le banquier Léonce Koné…), cette candidature devrait grignoter davantage le MPP, mais aussi le CDP.

Inquiétudes.

Cette pré-campagne est lancée alors que les chancelleries en poste à Ouagadougou font régulièrement part de leurs préoccupations (LC n°785, LC n°790).

Selon nos sources, la ministre française des armées, Florence Parly, vient de valider un nouveau soutien stratégique aux forces burkinabè. Outre un volet formation, ce programme comprend la livraison de plusieurs dizaines de pick-up Toyota armés devant renforcer
l’armée nationale ainsi que les forces spéciales. Ces équipements étaient initialement destinés aux trois pays du « faisceau centre » du G5 Sahel (Niger, Burkina Faso et Mali), mais
la situation du « Pays des hommes intègres » a poussé Paris à concentrer tous ses efforts sur Ouagadougou, au grand dam des deux autres capitales.

De leur côté, les États-Unis doivent débloquer 30 millions $ d’aides matérielles
d’urgence (véhicules, gilets pare-balles…) pour le Burkina Faso dans le cadre de leur Participation au G5 Sahel.

La Lettre du Continent.

 

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