La bonne gouvernance financière est l’outil fondamentale pour tout gouvernement pour planifier un développement harmonieux et durable d’un pays. Au Burkina, la GIZ qui est une entreprise allemande œuvre à travers le Projet de Renforcement de la Bonne Gouvernance Financière (PRBGF), a appuyé le gouvernement burkinabè dans la réforme budgétaire pour une meilleure gestion des finances publiques du pays. Pour en savoir plus sur les centres d’intérêts du PRBGF, nous avons rencontré Mme Ksenija MAVER, Conseillère technique principale du PRBGF au Burkina. Elle nous donne surtout son appréciation sur la gestion de la bonne gouvernance financière au pays des Hommes intègres. Lisez plutôt !
I-Burkina : Madame la Conseillère Technique Principale du PRBGF de la GIZ au Burkina, succinctement quels sont les grands axes et les objectifs poursuivis par le PRBGF?
Mme Ksenija MAVER : La GIZ, Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH, est une entreprise fédérale allemande à but non lucratif, et son commettant principal est le Gouvernement fédéral allemand. Les principaux champs d’action au Burkina Faso sont l’Agriculture Durable, la Décentralisation et Eau et Assainissement. La GIZ accompagne ses partenaires au Burkina Faso dans la mise au point de solutions efficaces qui ouvrent des perspectives à la population et améliorent durablement leurs conditions de vie.
Le Projet GIZ de Renforcement de la Bonne Gouvernance Financière au Burkina, en abrégé ‘’PRBGF’’ accompagne le Ministère de l’Économie des Finances et du Développement (MINEFID) dans la réforme budgétaire pour une meilleure gestion des finances publiques au Burkina Faso.
De 2015 à 2018, nous avons grâce à nos interventions atteint des résultats significatifs notamment la mise en place de conditions cadres de régulation, la mise à disposition de modules de formation et la formation qui devraient renforcer l’efficience dans la mise en œuvre de la réforme budgétaire. Le projet contribue aussi à la promotion d’une compréhension profonde des mécanismes de transparence auprès du grand public.
Depuis avril 2016 que vous avez pris service au Burkina comme responsable du PRGBF à la GIZ, quelle appréciation faites-vous maintenant de la gestion de la bonne gouvernance financière au pays des Hommes intègres ? Et plus spécifiquement dans la budgétisation sensible au genre ?
Le Burkina Faso est l’un des pays pionnier et un modèle dans la sous-région en ce qui concerne la mise en œuvre de la réforme budgétaire.
Il a introduit depuis janvier 2017 le budget-programme qui permet d’établir un lien entre les dépenses sous forme de programmes et les objectifs à atteindre. Depuis 2014, l’égalité du genre et les droits de l’enfant constitue un élément important dans les politiques économiques et sociales du développement et dans le processus budgétaire. En mai 2018, la circulaire budgétaire pour 2019 a instruit six (06) ministères (de la femme de la solidarité nationale et de la famille (MFSNF), de l’économie des finances et du développement, de la santé, de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, de l’agriculture et des aménagements hydrauliques, de l’eau et de l’assainissement) pour piloter l’initiative en prenant des actions et conduisant des activités sensibles au genre et aux droits de l’enfant. Dans le mois de janvier 2019, dix (10) autres ministères sectoriels seront formés sur la budgétisation sensible au genre et aux droits de l’enfant.
La coopération économique et technique entre la GIZ et le Burkina date de 1973. L’évolution de cette coopération a-t-elle eue des impacts satisfaisants au niveau socioéconomique au rythme de votre convenance ? Si oui dans quels secteurs ?
L’Allemagne est engagée dans la coopération internationale avec le Burkina Faso depuis 1973. En termes d’importance, c’est le cinquième donateur bilatéral et donc un partenaire important pour le pays. De 2016 à 2018 par exemple les engagements de la GIZ à travers ses interventions ont contribué entre autre à améliorer le revenu de plus de 1.3 Millions de personnes en zone rurale dont 580 milles femmes ; dans le domaine de L’Eau et Assainissement la GIZ a contribué à rendre l’eau potable accessible à plus de 1, 9 Millions de personnes ; en ce qui concerne la santé plus de 1,7 millions de personnes dont 880 milles femmes ont accès à des services médicaux de base, pour ne citer que ces exemples.
La budgétisation sensible au genre et aux droits de l’enfant constituent également vos centres d’intérêt au Burkina. Concrètement, comment vous accompagnez le gouvernement burkinabè à surmonter les obstacles liés à ce combat ?
La sensibilisation, la formation et le développement d’outils sont très importants et nécessaire afin que le Burkina s’approprie la budgétisation sensible au genre et aux droits de l’enfant. La majeure partie de la formation a été dispensée par l’École nationale des finances publiques du Burkina (ENAREF). Cette sensibilisation passe par :
- L’élaboration de matériels d’apprentissage (manuel de formation, études de cas, des guides didactiques pour les formateurs, des fiches d’information, des brochures de plaidoyer décrivant la stratégie,
- La création d’un pool de vingt-cinq (25) formateurs issus de dix (10) ministères,
- L’organisation de sessions de formation et de sensibilisation à compter de 2017 pour plus de 700 représentants de 24 ministères sectoriels, de la Cours des comptes, de la société civile ainsi que 75 parlementaires.
En octobre 2018, le PRBGF a apporté un soutien financier à l’organisation d’un séminaire-atelier à Ouagadougou, qui a formalisé le Réseau des journalistes et communicateurs pour la promotion du genre à la budgétisation sensible au genre. Comptez-vous accompagner le Réseau dans ces activités ?
Les médias sont un outil important pour atteindre le plus grand nombre de personnes et pour faire passer un message. Nous sommes disposés et ouvert à travailler avec les médias pour sensibiliser la population et tous les acteurs concernés à cet effet.
A l’ouverture de ce séminaire-atelier, il ressort de votre allocution que le Burkina est placé parmi les champions d’Afrique et de l’Afrique subsaharienne en matière de budget genre. Quels sont les indices de cette performance du Burkina ?
En Afrique, le Maroc, l’Ouganda et le Rwanda sont parmi les pays leaders en matière de budgétisation sensible au genre et aux droits de l’enfant. Le Burkina Faso a emboité le pas avec le passage au budget programme en janvier 2017, ce qui a permis l’introduction de la budgétisation sensible au genre et au droit de l’enfant.
Le PRBGF est l’un des partenaires clés du Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale et de la Famille (MFSNF) et du MINEFID. Quels sont déjà les acquis et les perspectives de ce partenariat ?
Le MFSNF et le MINEFID assurent le leadership en matière de prise en compte du genre. L’un des objectifs stratégiques du MFSNF est de promouvoir l’emploi décent et la protection sociale pour tous, particulièrement pour les jeunes et les femmes. Ces formations, organisées en partenariat entre la GIZ et un groupe des partenaires techniques et financiers notamment l’UNICEF, la Coopération Suisse, la Coopération Autrichienne, l’Ambassade du Canada au Burkina, la Délégation de l’Union Européenne, le Fond Commun Genre, la National Democratic Institute (NDI)/USAID, ont permis de relever le défi de renforcement des capacités des acteurs au niveau national. La prochaine étape serait d’apporter ces initiatives de reformes au niveau local.
La problématique du genre de nos jours à une tendance mondiale. Quelle est la stratégie adoptée par la GIZ à cet effet ?
La stratégie genre de la GIZ repose sur cinq (5) éléments stratégiques complémentaires que sont : la volonté politique et la redevabilité, la culture d’entreprise, la parité au sein de l’entreprise, les compétences en matière de genre, l’ajustement des processus. L’égalité entre les sexes est donc une des valeurs fondamentales présentes dans nos activités.
Pour l’année 2019, quels sont vos vœux sur la question du genre à travers le monde et particulièrement au Burkina ?
Notre souhait c’est que la budgétisation sensible au genre et aux droits de l’enfant soit une réalité à tous les niveaux ; national, régional, provincial, communal et local, car les bénéfices pour la société entière sont substantiels. Les partenaires techniques et financiers restent ouverts et disposés à accompagner le gouvernement burkinabè dans cette lancée pour le bien-être socio-économique de tous les Burkinabè
Interview réalisée par T. Z