L’activité économique du Burkina Faso s’organise de façon méthodique et efficacement depuis novembre 2015, à travers la création de la Société Coopérative de Solidarité Commerciale (SOCSOCOM). Cette coopérative au-delà de la défense des intérêts moraux et matériels de ses membres se veut être un véritable moteur d’attelage entre producteurs, transformateurs et commerçants dans l’optique de booster le rendement et imposer les marques des produits burkinabè dans l’espace UEMOA et ailleurs. M. Roch Donatien NAGALO, Président du Conseil d’Administration de la SOCSOCOM que nous avons rencontré nous parle de la genèse de cette coopérative, ses membres, son implantation sur le territoire national, son organisation et ses ambitions etc.
IB : Monsieur le Président, brièvement qu’est ce qui renferme l’esprit de la création d’une Société de Coopérative et de Solidarité Commerciale au Burkina Faso ?
M. Roch Donatien NAGALO (RDN) : Avant tout propos je voudrais relever que cette Société de Coopérative et de Solidarité Commerciale (SOCSOCOM) a une histoire. Elle est d’abord issue des acteurs eux-mêmes, c’est à dire des commerçants, qui ont eu l’idée de créer un syndicat dans le but naturellement de défendre les intérêts moraux et matériels des membres. De là, nous avons réfléchi et analysé sur les modes de revendications en nous posant les questions suivantes : Est-ce en grevant et en revendiquant tous azimuts que nous pouvons trouver des solutions structurelles à nos préoccupations ?
L’éclairage de cette réflexion nous a amené à la création de la Société de coopérative et de solidarité commerciale. Juste dans l’esprit de s’entraider mutuellement, de s’éduquer et aussi dans la quête du leadership pour pouvoir atteindre nos objectifs en protégeant et en défendant les intérêts de nos membres.
Depuis sa création en novembre 2015, quel est le chemin parcouru et quels sont vos défis actuels ?
Effectivement depuis 2015 que la SOCSOCOM a vu le jour, son parcours a évolué en dent de scie. Pour la simple raison que des nouvelles initiatives dans un contexte un peu difficile, les choses n’accélèrent pas au rythme souhaité. Néanmoins, nous ne baissons pas les mains, nous y croyons aux objectifs poursuivis et nous œuvrons à ce que la coopérative s’implante sur le territoire national.
La SOCSCOM s’implante dans les 13 régions du Burkina. Parlez-nous de sa structuration, de ses membres et de ses moyens d’actions ?
Après la Société de Coopérative et de Solidarité Commerciale, nous l’avons transformée en Réseau de Sociétés Coopératives. Ce Réseau de Sociétés Coopératives qui couvre l’ensemble du territoire, est multisectoriel et multidimensionnel et a aujourd’hui pour moyen d’action les structures de bases qui ont été mises en place c’est-à-dire les sociétés de coopératives simplifiées agro-sylvo-pastorales. Nous avons les structures de bases également telles que les coopératives simplifiées des commerçants et ces structures travaillent en synergie d’action pour permettre que ceux qui produisent, ceux qui transforment, ceux qui vendent, travaillent à travers cette chaine de sorte qu’on ait de la valeur ajoutée sur l’ensemble de nos activités.
Au niveau de la hiérarchie nous avons la fédération régionale, et le réseau national qui coiffent la coopérative.
La mission principale de la coopérative est de contribuer au développement socioéconomique du Burkina. Plus explicitement, quels sont vos moyens d’actions pour booster cet idéal poursuivi ?
Avec un peu de recul dans l’histoire, nous pouvons dire qu’après les indépendances, on s’est rendu compte que des actions ont été menées par les différents gouvernants à travers des projets de développement bien structurés, mais les impacts n’ont pas été bien visibles jusqu’à ce jour. Ainsi nous avons réfléchi qu’il était important que les acteurs eux-mêmes se mettent au travail. Car si l’initiative vient des acteurs eux même ils sont plus engagés pour aboutir à des résultats.
C’est dans cet optique que la Société de Coopérative et de Solidarité Commerciale a réfléchi pour apporter sa contribution par la sensibilisation, la formation, le changement de mentalité pour rassurer ses membres qu’il est primordial de compter d’abord sur ses propres compétences, ses propres ressources, sa propre organisation pour bâtir son propre progrès social. Si toutes ces conditions sont préalablement bien réunies l’aide pourrait encore être utilisée à bon escient.
Les pesanteurs socioculturels sont de fois des blocages pour le progrès de la société. Comment comptez-vous lever ce bouclier pour une parfaite adhésion de la population à la vision de la SOCSOCOM ?
Quel que soit l’activité que l’on mène, on doit s’attendre à des difficultés à surmonter. C’est évident. Cependant on doit être convaincu de ce que l’on fait. Il n’y a pas d’impossibilité quand on est dans l’enthousiasme à bien faire son travail. Avec un tel esprit il est facile de transformer les difficultés en opportunité. Nous comptons surtout sur le dialogue, l’approche et la compréhension mutuelle pour atteindre nos objectifs.
Les membres de la SOCSOCOM sont issus de différents milieux socioprofessionnels (commerçants, producteurs agro-sylvo-pastoraux, transformateurs locaux etc.). Comment comptez-vous vous y prendre pour satisfaire leurs intérêts ?
Très bien ! Ce qui est d’abord important, c’est d’assurer les membres que l’avantage d’être membre de la SOCSOCOM est d’abord l’appartenance à un réseau. C’est déjà un avantage et même un accompagnement, parce que la défense des intérêts moraux et matériels prime sur toute chose. Nous pourrons aussi travailler à ce que ceux qui sont dans la production, travaillent avec ceux qui sont dans la transformation et ceux qui sont dans la transformation vont travailler avec ceux qui sont dans la commercialisation.
Ainsi, via cette chaine de valeur nous voyons que c’est déjà une forme d’accompagnement, parce que ça permet à toutes les structures de travailler en synergie d’action pour booster l’activité économique.
Notre charte de bonne conduite également nous interpelle à commercialiser, à transformer et à tout faire avec les membres.
En plus de cela nous négocions des accompagnements au niveau des microfinances et des banques en faveurs des producteurs, des éleveurs, des commerçants afin qu’ils puissent avoir des petits prêts pour améliorer les activités.
Mais surtout la forme d’accompagnement qui est capitale pour nous, c’est la formation du capital humain. Donc nous travaillons pour le changement positif des mentalités.
Au-delà du Burkina, la SOCSOCOM compte imposer ses marques dans les huit (8) pays membres de l’UEMOA. Vos membres sont -ils bien informés de la concurrence du marché ? Les indices sont-ils favorables ?
A ce sujet, je pense que dans la zone UEMOA nous avons le franc CFA qui est la monnaie commune. Nos commerçants connaissent bien la zone à travers leurs activités commerciales de longue date. Donc il y a une connaissance mutuelle et un frottement de longue date entre nos commerçants et ceux de la sous-région. Il n’y a pas véritablement de barrière à proprement parler. En un mot nous formons un même peuple dans la zone UEMOA.
Monsieur le Président de nos jours, la formation, l’information et la communication sont indispensable pour permettre à vos membres d’être au diapason de la compétition commerciale. Vous y pensez ?
Nous y pensons constamment. Parce que,d’ores et déjà nous sommes en train de consulter des structures pour nous aider à mettre en place un outil de communication qui permettra la formation et l’éducation de nos membres. Et surtout réaliser des documentaires pour mieux sensibiliser nos membres dans la production de tout genre, dans la commercialisation, et communiquer particulièrement sur le civisme.
Par là nous voulons inciter nos membres à contribuer à élargir l’assiette fiscale en payant leurs impôts.
A vrai dire, le réseau que nous voulons mettre en place permettra aux communes et à la nation entière de bénéficier de ce réseau.
La situation sécuritaire actuelle du Burkina affecte- t-elle les activités de la SOCSOCOM ?
Évidemment ! Constamment certains membres nous appellent pour exprimer leurs difficultés liées aux actes des terroristes. Beaucoup de boutiques sont incendiées, des commerçants sont en difficultés, des producteurs et des éleveurs etc. sont en déplacement. Tout cela est dû à l’insécurité. Nous pensons que c’est du devoir de chaque citoyen de jouer sa partition pour la paix, de même que nos gouvernants doivent aussi œuvrer à sécuriser l’intégralité du territoire.
Par ce que sans sécurité il n’y a pas d’affaire. Nous suggérons du même coup aux gouvernants le retour de la formation militaire à tous les jeunes. Pas forcément qu’ils deviennent des militaires, mais c’est plutôt un état d’esprit qui les responsabilise au civisme et à la citoyenneté.
Monsieur le Président, nous sommes en début d’année 2019. Quels sont vos vœux pour vos membres, vos partenaires et à l’ensemble du peuple burkinabè ?
Nos vœux sincères s’articulent autour de la paix. La paix est la pierre angulaire de la cohésion sociale et de progrès sociale. Que Dieu donne la paix au Burkina afin que toutes les filles et les fils du Faso continuent à bâtir d’un seul élan le développement harmonieux de notre chère Patrie.
Interview réalisée par T.M.C