La marche-meeting organisée le 29 septembre 2018 par l’opposition politique du Burkina a gagné son pari de mobilisation. Des milliers de personnes ont pris part à cette manifestation, non seulement pour soutenir les Forces de défense et de sécurité (FDS), mais surtout pour dénoncer selon les organisateurs de la situation sécuritaire du pays, la vie chère, et la situation économique chaotique etc. C’est une première marche contre le régime Kaboré qui a connu un succès relatif.
Ils étaient tous là les leaders des partis politiques du Burkina avec à la tête le chef de fil de l’opposition politique (CFOP)) Zéphirin Diabré, les leaders des organisations de la société civile (OSC) pour laisser entendre leur voix sur la gestion des affaires publiques pilotées par le Mouvement du Peuple pour le Progrès (parti au pouvoir).
Selon les leaders politiques de l’opposition le Burkina se trouve dans un cercle vicieux de « gouvernance chaotique ». Ainsi, la place de la Nation a servi de point de départ de cette marche qui a sillonné les grandes artères de la ville de Ouagadougou. Les marcheurs brandissaient des banderoles et scandaient des slogans hostiles au régime Kaboré, tels que : «Non à la gestion chaotique du pays, non à un gouvernement mouta-mouta (mal gouvernance), non aux détournements des fonds publics, Non à l’insécurité, la paix et la réconciliation nation etc.»
Selon Zéphirin Diabré cette marche-meeting de l’opposition a pour but de combattre : «la gouvernance chaotique de notre pays, caractérisée entre autres par l’insécurité chronique, la corruption à outrance, la vie chère, le chômage des jeunes, la crise du logement et les atteintes aux libertés ». Et de renchérir : «Le territoire est envahi et menacée et en face de cela ils sont dans des tâtonnements».
Selon l’opposition le régime actuel a lamentablement échoué à garantir la sécurité des Burkinabè.
Dans la même trompette l’opposition demande au président Roch Marc Christian Kaboré : «de prendre un décret pour limoger les deux ministres en charge de la Défense et de la Sécurité».
Pour le porte-parole des Organisations de la société civile (OSC), Siaka Coulibaly, son intervention s’articulait sur la situation économique du Burkina qui devient de plus en plus chaotique, la précarité de l’emploi, le recul de la liberté d’expression à travers les arrestations des leaders d’OSC.
Cette marche-meeting s’est déroulée dans le calme, la discipline et sans aucune incidence majeure.
Alima OUEDRAOGO
Encadré
L’intégralité du message du Chef de fil de l’opposition Zéphirin Diabré
Minute de silence pour nos FDS
Mesdames et messieurs les représentants des forces vives de la nation, organisateur de la marche meeting,
Mesdames et messieurs les responsables des partis politiques membres du Cadre de concertation du chef de file de l’Opposition politique,
Mesdames et messieurs les responsables des organisations de la société civile,
Mesdames et messieurs les représentants des organisations syndicales,
Mesdames et messieurs les responsables des partis politiques,
Honorables députés à l’Assemblée nationale,
Mesdames et messieurs les élus locaux de l’Opposition,
Mesdames les représentantes des organisations et structures féminines,
Mesdames et messieurs les représentants des mouvements et structures de jeunesse,
Mesdames et messieurs les représentants des organisations de commerçants et du secteur informel,
Autorités coutumières et religieuses,
Mesdames et messieurs les représentants de la presse nationale et internationale,
Camarades militantes et militants venus des provinces,
Militantes, militants et sympathisants de l’opposition,
Militantes, militants et sympathisants des organisations de la société civile,
Chers camarades,
Mesdames et messieurs,
Au nom de tous les responsables de toutes les Forces vives de la nation qui organisent cette manifestation, je voudrais vous saluer, vous remercier, et vous féliciter, pour votre gigantesque mobilisation d’aujourd’hui, pour votre détermination et pour votre courage, à l’occasion de cette journée nationale de Protestation contre la gouvernance du MPP et de ses alliés.
Les tentatives de boycott et de débauchage du MPP ont échoué !
Distribution d’argent, AG par ci et par là, coupure de sms et d’internet, propagande mensongère etc.. tout ça pour ne pas entendre la vérité qui fait mal. C’est peine perdue !
Il parait que nos adversaire craignent que nous ne fassions une nouvelle insurrection !Normal, l’assassin a peur du gourdin.
Nous ne sommes pas des putschistes, nous ne sommes pas hors la loi ! Nous sommes des républicains. S’ils veulent éviter une nouvelle insurrection, ce n’est pas en distribuant de l’argent qu’ils ont réussir. C’est en se mettant au travail !
Je remercie chaleureusement les organisations de la société civile qui participent à l’organisation de cette manifestation. Je les félicite pour leur intégrité et leur droiture. Il ya OSC et OSC. Celles qui sont restées dignes se battent aux cotés du peuple.Celles qui sont devenues brouettes mangent avec le MPP. A chacun son combat !
Je salue la présence ce matin de tous les leaders des partis politiques membres du cadre de concertation du Chef de file de l’opposition : chefs de partis, députés, maires, conseillers municipaux. Et ce pour leur engagement, pour leur détermination, pour leur combativité, et pour leur constance !
Je salue également la présence des leaders des partis d’opposition non membres du cadre de concertation. Je les remercie pour leur solidarité.
Mes chers camarades, mesdames et messieurs,
Je tiens tout particulièrement à saluer, à magnifier et à glorifier la participation des femmes à cette marche meeting. Les femmes burkinabé sont des amazones. Nos femmes sont courageuses. Elles sont battantes. Elles sont engagées. Elles sont déterminées. Elles sont constantes. Elles sont le présent et l’avenir du Burkina Faso !
Je salue la détermination et l’engagement de la jeunesse burkinabè qui est sortie en masse ce matin. Notre jeunesse est martyrisée ! Notre jeunesse est bafouée ! Notre jeunesse est oubliée ! Notre jeunesse est négligée ! Mais notre Jeunesse est debout ! Notre jeunesse est rassemblée ! Notre jeunesse est conscientisée ! Notre jeunesse est responsable ! Notre jeunesse est engagée ! Et notre jeunesse est déterminée.
Les commerçants qui prennent part à cette marche meeting sont nombreux. Je les félicite d’avoir bravé la propagande du MPP et d’avoir eu le courage de s’afficher aux cotés de l’opposition.
Vous êtes tous là parce que vous avez un message ferme pour le MPP et ses alliés !
Vous êtes là parce que vous êtes inquiets pour l’avenir de notre pays !
Vous êtes là parce que personne ne peut vous acheter avec un billet de 2000F
Vous êtes là parce que vous êtes des patriotes !
Mes chers camarades,
Mesdames et messieurs,
Depuis ce matin, à travers le monde entier, à l’appel des forces vives de notre nation, de Ouagadougou à Abidjan, de Paris à New York, de Bamako à Bruxelles, de Libreville à Rome, et j’en passe, tous les patriotes soucieux de l’avenir de notre pays sont debout, pour exprimer leur colère et dire non à la mauvaise gouvernance du MPP.
Nous sommes ici ce matin parce que notre pays est à la croisée des chemins.
Nous sommes ici ce matin, parce que le destin de notre pays est en train de vaciller.
Nous sommes venus ici ce matin, pour dire au MPP et à ses alliés que nous sommes déçus, profondément déçus de la manière dont ils gèrent le Burkina.
Cela fait bientôt trois ans que le MPP et ses alliés sont au pouvoir.
Ils sont arrivés au pouvoir en disant qu’ils étaient la solution aux problèmes du Burkina Faso. Aujourd’hui, ils sont devenus aujourd’hui un problème pour le Burkina Faso.
La sécurité du Burkina Faso n’est plus garantie. L’intégrité de son territoire national est menacée. Face à la montée en puissance du péril terroriste, le MPP et ses alliés brillent par leurs tâtonnements et leurs improvisations. Malgré nos nombreuses interpellations, rien ne change.
Nos dirigeants boivent le champagne et dansent le coupé décalé, pendant que nos enfants tombent au front comme des mouches !
Notre position en tant qu’opposition est claire: Notre pays est attaqué. Il a donc a besoin de l’union sacrée de ses filles et de ses fils.
Cette union sacrée, elle se fait d’abord et avant tout autour de nos forces de défense et de sécurité, à qui nous ne cesserons jamais de rendre hommage pour leur bravoure et leur sacrifice.
Cette union sacrée nous ne la marchanderons jamais à nos forces de défense et sécurité qui se battent vaillamment au péril de leur vie pour sauver la patrie.
Honneur à nos Forces de Défense et Sécurité !
Gloire à Forces de Défense et Sécurité !
Victoire à nos Forces de Défense et Sécurité !
Toute la victoire à nos Forces de Défense et Sécurité !
Nos FDS qui se battent courageusement contre l’ennemi, ont besoin de sentir la solidarité morale de tous les burkinabé. C’est pour montrer cette solidarité que l’opposition a décidé d’organiser une souscription volontaire pour les soutenir, laquelle souscription débute aujourd’hui. Je vous invite tous à y participer, car pour la défense de l’intégrité du territoire burkinabè, pour la protection des populations et de leurs biens, pour la quiétude de notre chère patrie, aucun sacrifice ne sera de trop.
L’opposition politique réaffirme ici haut et fort qu’elle prend part à l’union sacrée des fils de la nation face au péril terroriste.
Mais soyons clair ! L’union sacrée c’est pour soutenir nos forces de défense et sécurité.
L’union sacrée, ce n’est pas pour sauver le MPP du naufrage !
Et l’union sacrée ne nous empêchera pas de situer clairement les responsabilités, et de dire et redire haut et fort, que le MPP et ses alliés ont échoué dans leur responsabilité de garantir la sécurité des burkinabé. Ce qui se passe ces derniers jours nous confortent malheureusement dans cette triste conviction.
Non notre pays ne peut pas et ne doit être abonné aux cérémonies d’enterrements réguliers de jeunes soldats à peine sortis de l’adolescence, assorti de décoration à titre posthume !
Non, il faut que cela cesse et que cela cesse maintenant. C’est fort de cela, que les forces vives de notre nation demandent solennellement ici, que le Président du Faso prenne un décret, pour limoger purement et simplement les ministres en charge de la défense et de la sécurité, et les remplacer par des gens plus compétents et plus expérimentés.
Nous exigeons des équipements pour nos FDS. Nous exigeons des moyens pour tous nos services de renseignement. Nous exigeons une plus grande solidarité avec les veuves et les orphelins des victimes des attaques terroristes.
Nous exigeons du gouvernement, qu’il mette tout en œuvre pour que la rentrée scolaire ne soit pas compromise à l’est et dans les autres régions attaquées.
Chers camarades,
Mesdames et messieurs,
L’économie de notre pays est en panne. Les annonces pompeuses du PNDES tardent à se réaliser et les investisseurs désertent notre pays au profit des autres pays de la sous région. Quel développement pouvons-nous espérer avec un gouvernement qui est incapable d’assurer la sécurité du pays ? Aucun !
Avec la panne de notre économie, le chômage galope et le pouvoir d’achat des ménages court derrière l’inflation des prix. Ils sont de plus nombreux, les burkinabé pour qui Se loger, se déplacer, se nourrir, se soigner et s’éduquer sont devenus des cauchemars.
Nous exigeons du gouvernement qu’il prenne à bras le corps la question des logements et des lotissements, et qu’il arrête de brader nos terres avec ses amis promoteurs immobiliers.
Notre jeunesse est à l’abandon, abonnée au chômage, aux conditions d’étude des plus difficiles et à l’absence de perspective. Les femmes avaient placé beaucoup d’espoir dans l’élection du MPP, qui avait fait des promesses mirobolantes. Rien de ce qui a été prévu n’a été réalisé.
Au moins Ici, nous somme d’accord avec les militants du MPP, qui, lors de leur dernière Assemblée Générale, ont exigé de leur gouvernement une autre politique en faveur des femmes et de jeunes.
La corruption et le népotisme continuent de se développer. Le pouvoir du MPP a créé une nouvelle classe de nouveaux riches, à qui il octroi ses marchée de gré à gré, facilités par la loi sur les PPP. Notre patrie n’est plus le pays des hommes intègres.
Que tous ceux qui sont actuellement aux affaires et qui pillent nos ressources sachent que nous sommes au courant. Nous savons qui prend quoi et où. Nous savons même qui achète quoi et où.
Le jour viendra !
Notre justice sous le règne du MPP continue de chercher sa vraie indépendance, face à un pouvoir qui tente de l’instrumentaliser, pour régler des comptes ou faire des deals politiques.
La politisation de l’administration a été officiellement décrétée par le MPP lors de son dernier congrès. On nomme les gens, non pas en fonction de leurs compétences, mais en fonction de leur militantisme.
C’est cela le Burkina à la sauce MPP !
Mes chers camarades,
Nos libertés sont en danger !
Le pouvoir du MPP aux abois, a commencé à s’attaquer aux syndicats, en tentant de leur supprimer le droit de grève, puis le droit de sit in.
Il est passé à la vitesse supérieure avec les leaders des OSC et les activistes de la toile.
Actuellement Safiatou Lopez croupit en prison pour des prétendues atteintes à la sureté de l’Etat. Avec l’ensemble des OSC et des forces vives de la nation nous exigeons la libération immédiate de Safiatou Lopez, et toute la transparence et la lumière sur cette affaire.
Le MPP est en train d’apprendre les nouvelles méthodes des apprentis dictateurs africains.
Aujourd’hui ce sont les syndicats et les OSC. Demain, à l’approche des élections, ce sont des leaders politiques de l’opposition ayant du poids que l’on tentera peut être de jeter en prison, pour que l’élection se déroule uniquement avec des adversaires mais !
Nous devons donc être vigilants !
C’est pourquoi, l’opposition propose que toutes les forces vives de la nation, partis d’oppositions, OSC, syndicats, mouvements et associations de défense des droits humains, etc…se retrouvent autour d’une plateforme commune de défense des libertés fondamentales. Et qu’elles s’organisent pour barrer la route à toute atteinte à nos libertés fondamentales.
Mes très chers compatriotes,
Notre démocratie risque de connaitre des problèmes avec le nouveau code électoral que le MPP a imposé à notre peuple.
Notre revendication est claire et sans équivoque : ce code électoral doit être relu !
Il doit être relu, pour éviter la fraude électronique qui se prépare sous nos yeux, avec la suppression des cartes d’électeurs et l’instauration de la plateforme électronique de recensement.
Transférer le fichier électoral de la CENI à l’ONI, c’est repartir 30 ans en arrière !
Transférer le fichier électoral de la CENI à l’ONI, c’est le transférer au bureau politique du MPP !
Mais notre code électoral doit être relu, pour permettre aussi à tous les burkinabé de l’extérieur de participer aux élections. Là aussi nos revendications sont claires :
- La carte consulaire doit être acceptée comme document d’enrôlement
- Le gouvernement doit négocier avec les autres gouvernements pour que nos compatriotes puissent voter dans les écoles et les mairies de leur lieu de résidence.
Chers camarades
Notre pays est profondément divisé. Depuis des décennies, la question de la réconciliation nationale est une question posée et à résoudre. Les récentes déchirures politiques que nous avons vécues, ont compliqué davantage l’équation. Or, face aux difficultés actuelles, il est plus que urgent que les burkinabé se retrouvent pour panser leurs plaies et construire ensemble l’avenir. Malheureusement, au lieu de rassembler les burkinabé, le MPP et ses alliés se plaisent à les diviser, à les indexer, à nous dresser les uns contre les autres, à instrumentaliser les querelles anciennes et à rechercher des boucs émissaires à leurs échecs.
Nous demandons instamment au Président du Faso, de prendre l’initiative de convoquer un forum des forces vives de nation pour la paix et la réconciliation nationale, afin que tous les fils du Burkina se retrouvent et discutent ensemble des voies et moyens de préserver la paix et réussir la réconciliation nationale.
Mes chers camarades,
Mesdames et messieurs,
Notre marche meeting de ce jour doit constituer le point de départ de la lutte pour obliger le pouvoir du MPP à changer sa manière de gouverner le Burkina.
Nous ne voulons pas de gouvernement mout mouta. Nous voulons un gouvernement touma touma !
C’est pour cela que nous ne cesserons pas de secouer le MPP et ses alliés.
Car quand l’opposition somnole, le gouvernement ronfle et croit qu’il est là pour 50ans.
Mais quand l’opposition se réveille, le gouvernement court ! Et nous le voyons déjà !
En sortant si nombreux,
Vous avez honoré le Burkina Faso! Que Dieu vous honore !
Vous avez honoré nos FDS ! Que Dieu vous honore !
Vous avez honoré l’opposition politique, que Dieu vous honore !
Vous avez honoré les OSC honnêtes et intègres. Que Dieu vous honore !
Désormais les marches meeting sont de retour au Burkina Faso.
Notre mobilisation doit encore monter graduellement en puissance, pour nous permettre d’imposer un nouveau rapport de force.
A vous tous venus ici ce matin, félicitations pour notre succès éclatant.
A tous les nombreux camarades venus des provinces pour assister à cette marche, je souhaite un très bon retour chez vous !
Je rends un hommage très particulier à la presse écrite et audiovisuelle, publique et privée, nationale et internationale, qui s’est fortement mobilisée pour l’occasion. Plein succès à elle !
Je remercie les services de sécurité pour l’assistance qu’ils ont fournie à notre manifestation.
Enfin Je félicite le comité d’organisation pour l’excellent travail accompli.
A chacune et chacun d’entre vous je souhaite un bon retour à la maison et je vous donne rendez-vous pour la prochaine marche meeting !
Ensemble, Sauvons le Faso ! Je vous remercie.
Zéphirin DIABRE
Source : Doc. CFOP