Le siège du QG du G5 Sahel après l'attaque à,la voiture piégé par un kamikaze

Six personnes, dont deux soldats maliens et un civil, ont été tués vendredi en même temps que trois assaillants, lors d’un attentat suicide d’une voiture piégée contre le quartier général de la force du G5 Sahel à Sévaré, dans le centre du pays, lev 29 juin 2018, selon une source sécuritaire citée par l’AFP. L’attaque revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a aussi fait plusieurs blessés.

 

Les bâtiments ont été quasiment dévastés par l’attaque

Selon une source miliaire, un kamikaze avait lancé cette attaque en voulant forcer l’entrée du camp. Quatre suspects ont été arrêtés, selon le général Sidi Alassane Touré, gouverneur de Mopti, chef-lieu de la région.

C’est la première attaque contre le quartier général de la force conjointe du G5 Sahel installé à Sévaré depuis octobre 2017.

Cette force qui lutte contre les djihadistes, regroupe des soldats du Mali, du Burkina Faso, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad.

Suspects arrêtés

Elle intervient à trois jours d’une rencontre à Nouakchott, en marge du sommet de l’Union africaine dans la capitale mauritanienne, entre le président français Emmanuel Macron, qui soutient cette initiative, et ses homologues du G5 Sahel.

Le siège du QG du G5 Sahel à Sévaré avant l’attaque

Lors d’un entretien téléphonique samedi, le président français et son homologue camerounais Paul Biya ont « condamné l’attaque ». Ils ont aussi « évoqué la situation dans la région du bassin du lac Tchad et la nécessité de poursuivre la coopération régionale dans le domaine de la lutte contre les actions terroristes du groupe Boko Haram ».

Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a également condamné samedi l’attentat, en soulignant que la France se tenait « à la disposition des autorités maliennes et du G5 pour apporter, s’ils le souhaitent, notre soutien et expertise en vue de renforcer la sécurité du camp ».

Le dernier bilan s’élevait à deux militaires de cette force et un civil tués, selon les services du chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou, président en exercice du G5 Sahel, et le gouverneur de Mopti, chef-lieu de la région, le général Sidi Alassane Touré.

Le gouvernement malien a précisé dans un communiqué que les deux soldats tués appartenaient à son armée. « Nous avons arrêté quatre suspects », a déclaré le gouverneur à l’AFP, ajoutant que les opérations de ratissage se poursuivraient jusqu’à l’aube. Les assaillants étaient au nombre de six et parlaient en bambara et en peul, a affirmé dans la soirée une source au sein de la force du G5 Sahel. Selon le porte-parole du groupe dirigé par le chef islamiste touareg malien Iyad Ag Ghaly, cité par l’agence, les assaillants ont utilisé une voiture piégée et des « infiltrés » pour perpétrer l’attentat.

Tout le mur d’entrée a été soufflé par la déflagration, qui a projeté le véhicule à l’intérieur de l’enceinte, selon des témoins et les images diffusées après l’attaque.

Les bâtiments de couleur jaune et rose du poste de commandement de la force conjointe, opérationnel depuis octobre 2017, abritent des officiers de liaison des cinq Etats membres.

« Conditions de sécurité précaires »

Dans des communiqués publiés à New York, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le Conseil de sécurité ont condamné l’attentat « dans les termes les plus fermes » et menacé de sanctions ses commanditaires.

Dans un rapport sur la force conjointe publié en mai, Antonio Guterres, qui a visité le quartier-général de Sévaré il y a un mois, soulignait les vulnérabilités de plusieurs de ses installations au Mali, mentionnant la nécessité d’un « renforcement de son quartier-général à Sévaré ». « Les conditions précaires dans ces sites et aux alentours représentent une lourde menace pour la sécurité, et retardent le déploiement du reste des contingents », selon le rapport. « Il y a eu une très forte détonation », suivie d’échanges de tirs d’armes automatiques, ont indiqué à l’AFP des habitants, dont une vendeuse d’oranges, Haoussa Haidara.

Pendant l’attaque, nombre d’habitants de Sévaré étaient terrés dans leurs maisons, a témoigné l’un d’entre eux, Bouba Bathily, un commerçant. « Solidarité avec nos partenaires africains avec qui nous poursuivrons sans relâche la lutte contre le terrorisme », a réagi la ministre française des Armées, Florence Parly. Le président nigérien a pour sa part dénoncé une attaque visant « l’un des instruments essentiels pour la stabilisation de notre sous-région ».

Enquête de l’ONU

La France, qui conduit au Sahel l’opération Barkhane de lutte contre les djihadistes, soutient la force du G5 Sahel, y voyant un possible modèle de prise en main par les Etats africains de leur propre sécurité. Mais sa mise en œuvre est marquée par des problèmes de financement, malgré des promesses de quelque 420 millions d’euros, et des accusations de violations des droits de l’homme.

La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a annoncé le 26 juin qu’une enquête de sa division des droits de l’homme concluait à l’exécution sommaire de douze civils par le bataillon malien de cette force à Boulkessy » (centre).

Il ne s’agit pas de la première attaque de ce type à Sévaré. Le 7 août 2015, une attaque contre un hôtel de cette localité avait fait 13 morts, dont quatre étrangers –deux Ukrainiens, un Népalais et un Sud-Africain–, employés par des sous-traitants de la Minusma.

Malgré l’accord de paix au Mali signé en mai-juin 2015, les violences djihadistes ont persisté et se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou des conflits intercommunautaires.

Source: Le Monde

 

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