Le Président de l'AN, Alassane Bala Sakandé lors de son discorus d'ouverture à la 2ème session ordinaire 2017

La cérémonie solennelle de l’ouverture de la 2ème session ordinaire a eu lieu hier 27 septembre 2017, en présence de 105 députés. Le ministre d’État ministre de la sécurité représentait le Premier ministre Chef de gouvernement Paul Kaba Thiéba. L’invité d’honneur de cette 2ème session ordinaire était l’honorable Joseph Osei Owusu, Premier Vice-président du parlement ghanéen. Les représentants du corps diplomatique et des institutions internationales ont également honoré de leur présence. Nous vous proposons l’intégralité du discours du président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé.

Monsieur le Ministre d’État, Ministre de la sécurité intérieure représentant Son Excellence Monsieur le Premier Ministre ;

Son Excellence, l’honorable Joseph Osei Owusu, Premier Vice-président du parlement de la république sœur du Ghana et sa délégation ;

Mesdames et Messieurs les présidents d’institutions,

Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement,

Leurs Excellences Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et représentants des missions diplomatiques et consulaires,

Mesdames et Messieurs les représentants des organisations internationales et inter-africaines,
Monsieur le chef de file de l’opposition politique,
Autorités coutumières et religieuses,

Honorables députés à l’Assemblée nationale,

Mesdames et Messieurs,

C’est avec une émotion toute particulière, cette émotion qui vous enserre, cette émotion qui accompagne toujours les premiers pas, oui, c’est avec cette émotion que je préside l’ouverture de cette deuxième session ordinaire de l’année 2017.
Une pensée du philosophe Michaël Menton me vient à l’esprit.          Je cite : «Un homme n’est jamais que le fruit de son époque et souvent, l’histoire scelle son destin avant qu’il ne s’en choisisse un ».
Honorables députés,
En portant très largement vos suffrages sur ma modeste personne pour présider aux destinées de notre auguste Assemblée suite à la disparition de Son
Excellence Monsieur Salifou DIALLO , vous n’avez pas simplement imprimé le sceau du destin sur le parcours politique d’un homme ; mais vous avez voulu faire passer un message fort.

Ainsi, Je reçois cet insigne honneur et cette marque de confiance placée en moi comme une exhortation à l’unité ; l’unité dans la diversité. Ce qui signifie faire en sorte que nos divergences politiques ou idéologiques ne soient pas des éléments séparateurs mais plutôt des richesses à partager. Faire en sorte que ce qui nous rassemble prime sur ce qui nous sépare !

Mesdames et Messieurs les Députés,

Pour l’heure, je vous réitère ma profonde gratitude pour l’honneur fait à ma modeste personne et vous renouvelle ma totale disponibilité à assumer la charge que vous avez bien voulu me confier.
Cette deuxième session ordinaire de l’année 2017 s’ouvre au moment où la Représentation nationale de cette septième législature reste toujours affectée par la disparition de son premier Président.

En cette circonstance toute particulière, mes premiers mots de reconnaissance vont à Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE , Président du Faso.
D’abord, pour son implication personnelle dans l’organisation des obsèques nationales au Président Salifou DIALLO .
Ensuite, pour l’intérêt qu’il a toujours porté au bon fonctionnement de l’institution parlementaire.
Qu’il en soit remercié !

Mes remerciements vont également à l’ensemble du gouvernement, à toute la classe politique, à la société civile, aux autorités coutumières et religieuses, à l’ensemble du peuple burkinabè et aux pays amis pour le mémorable hommage rendu au défunt président de l’Assemblée nationale.
En cet instant solennel, je garde une vive pensée pour l’homme de conviction, d’honneur et de courage que fût mon prédécesseur.
Et comme je le disais dans mon discours d’investiture, il a donné un cap, dessiné un horizon, préfacé une vision, impulsé une dynamique.
De lui, il restera le souvenir d’un modèle d’engagement qui doit continuer à guider notre mission commune.

Au demeurant, nous avons la pleine conscience qu’en me portant au Perchoir, il est essentiellement question de poursuivre l’œuvre parlementaire entamée sous le magistère de l’illustre disparu.
En effet, sous cette quatrième République longtemps marquée par une crise de la Représentation nationale, il est parvenu à susciter un regain d’intérêt pour le pouvoir législatif.

Maintenant que le Président DIALLO est entré dans le Panthéon des Héros Nationaux, la meilleure façon de lui rendre hommage, c’est d’œuvrer avec persévérance à la matérialisation de sa vision, de l’ambition qu’il nourrissait pour son pays et pour l’institution dont il était le premier responsable.
Dans cette perspective, j’entends placer mon mandat sous le signe d’une gouvernance républicaine, démocratique, transparente et consensuelle.

Je militerai de toutes mes forces pour le débat démocratique c’est-à-dire pour cette confrontation loyale des idées où s’expriment les désaccords et où se construisent les compromis.
La vérité n’est ni dans un camp ni dans un autre. La vérité naîtra du débat et de notre volonté d’agir dans le sens de l’intérêt général.
Députés de la 7e législature, nous sommes les mandataires d’un peuple dont l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, exprime un désir d’être représenté autrement.
Nous comprendrons ce message ou c’est la jeunesse consciente qui se chargera de nous le faire comprendre.
Je ne joue pas au cassandre, je me rends à l’évidence.

Je voudrais dès lors, rassurer le gouvernement de notre engagement à œuvrer pour la concrétisation du programme présidentiel orienté vers l’émergence d’une société démocratique, de liberté, de justice sociale, d’équité et de progrès.
Par ailleurs, je ne doute pas un seul instant que l’opposition parlementaire, dans le rôle qui est le sien, saura, par des critiques constructives dépouillées de tous calculs politiciens, contribuer à notre quête commune d’une nation prospère et solidaire.

Cher collègues députés,

Afin de poursuivre l’œuvre déjà entamée il nous appartient de veiller à l’exécution judicieuse du plan stratégique 2016-2020 de notre Assemblée.
Pour ce faire, nous devons mettre un point d’honneur à poursuivre notre action dans la logique d’une gestion consensuelle de l’Assemblée nationale et à renforcer le dialogue social par une prompte mise en œuvre des plans de formation pluriannuels 2016-2020 tant au profit des députés que du personnel de l’administration parlementaire.

Par ailleurs, nous devrons œuvrer inlassablement à la promotion d’une citoyenneté responsable tout en essayant dans la mesure du possible d’associer l’expertise de la société civile à la production législative.
Au chapitre de la coopération parlementaire, tout en travaillant à consolider nos acquis, nous agirons dans le sens de la promotion des relations de partenariat et de coopération propices au développement harmonieux de notre pays et qui confortent les intérêts légitimes de notre peuple.
Qu’il me soit permis de saluer ici la présence de nos frères du parlement du Ghana à cette session.

Chers frères, soyez les bienvenus, vous êtes bien chez vous au Burkina Faso !

Pour me résumer, je dirais que je mesure bien l’immensité de la tâche qui m’attend. C’est pourquoi, j’en appelle à plus d’esprit d’ouverture, de dialogue, de compromis et de solidarité.
M’adressant aux honorables députés, je voudrais vous dire que : je sais compter à la fois sur votre engagement et votre disponibilité pour qu’ensemble nous puissions relever les défis qui se présentent ainsi à nous.

Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de la sécurité intérieure représentant Son Excellence Monsieur le Premier Ministre ;

Distingués invités, Honorables députés, Mesdames et Messieurs,

L’ouverture de cette session budgétaire intervient dans un contexte marqué par diverses tensions de par le monde :
Au plan international, certains protagonistes et non des moindres font courir à l’humanité une guerre nucléaire dont nul ne peut imaginer les conséquences.
C’est le lieu pour nous de rappeler l’impératif de mettre fin à la prolifération des arsenaux nucléaires.

Ceux qui en disposent sont invités à agir avec retenue pour la sauvegarde d’un monde de paix.
Au plan africain et sous régional, on assiste au renforcement des processus démocratiques soit à travers des élections soit à travers des luttes multiformes pour plus de liberté et d’alternance.
Au plan national, la question sécuritaire préoccupe toujours au plus haut point.
La récurrence de tant d’agressions aussi lâches qu’insoutenables achève de convaincre que notre pays est devenu une cible privilégiée d’une funeste entreprise de déstabilisation.
L’hydre terroriste est entrée dans la maison Burkina par portes et fenêtres. Elle en ressortira par la cheminée. Dans cette implacable lutte contre les forces du mal de tout acabit, nous aurons besoin «d’un peuple de convaincu et non d’un peuple de vaincu », comme le disait le président Thomas Sankara.
Face à toutes ces épreuves, nous devons, plus que jamais, rester unis pour opposer une résistance sans concession à cette horde de barbares dont les rêves de déstabilisation se fracasseront bruyamment contre notre détermination farouche à défendre la mère patrie.

Comme le disait Napoléon Bonaparte : « La nation rassemblée ne reçoit point d’ordre ! ».
C’est le lieu pour moi de féliciter nos forces de défense et de sécurité pour la résistance héroïque qu’elles opposent à cette nébuleuse extrémiste. Malgré tout, nous devons le reconnaître ; l’insuffisance des moyens reste une réalité.
Je renouvelle ici le soutien indéfectible de la Représentation nationale à nos forces de défense et de sécurité.

Face au terrorisme grandissant et à toutes les formes de criminalité transfrontalière, la réponse ne sera pertinente et opérante que si elle s’inscrit dans le cadre d’une action concertée et sous régionale. C’est cet impératif que le chef de l’Etat Son Excellence Roch Marc Christian KABORE a rappelé à la tribune des Nations-Unies lorsqu’il a prévenu : « la lutte contre le terrorisme n’aura de succès que si elle s’inscrit, non seulement dans une approche sous régionale, mais également et surtout dans une dynamique de développement économique des zones les plus vulnérables du Burkina Faso ».

En ce sens, nous saluons et encourageons les différentes initiatives des présidents des Etats membres du G5 Sahel.
Aussi, nous exhortons le Conseil de sécurité des Nations-Unies, tout comme les grandes puissances et les organisations internationales comme l’OTAN à s’impliquer davantage dans cette lutte qui se présente comme l’un des défis majeurs de notre civilisation.

Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de la sécurité intérieure représentant Son Excellence Monsieur le Premier Ministre ;

Distingués invités ; Honorables députés ;

L’ordre du jour de cette deuxième session ordinaire de l’année 2017 tel qu’arrêté par le bureau de l’Assemblée nationale reste très chargé, mais y figure en bonne place :
L’examen et l’adoption du projet de Loi de finances de l’Etat, gestion 2018.
S’agissant du projet de loi de finances de l’Etat, gestion 2018, je voudrais rassurer Son Excellence Monsieur le Premier Ministre ici représenté par le Ministre d’Etat, Ministre de la Sécurité intérieure, que mes collègues députés et moi-même mettrons toute la rigueur qui sied pour l’examiner et l’adopter en vue de conférer au Gouvernement un budget à la hauteur de ses ambitions telles que définies par le PNDES et dont la bonne exécution permettra de satisfaire les fortes attentes exprimées par le peuple lors de l’insurrection populaire.

Répondre à ces attentes, c’est faire en sorte que l’examen, l’adoption et l’exécution du budget de l’Etat ne soit pas une simple formalité, un rituel annuel sans contenu et sans conséquences sur la vie des populations ;
Oui, répondre à ces attentes, c’est faire en sorte que la gestion des deniers publics ne soit pas un instrument d’enrichissement personnel ou une source de prédation et de prévarication de tous genres.

Enfin, répondre à ces attentes, c’est faire en sorte que le budget soit un véritable instrument de justice et d’équité sociale.
Pour cela, il nous faut inventer un futur alternatif pour tous ceux-là qui ont été pendant longtemps les grands oubliés des politiques publiques.
Par cette expression, je pense d’abord à cette jeunesse sans emploi longtemps laissée à l’abandon dans nos campagnes et dans nos villes.

Cette jeunesse que la faillite dans la gestion de l’Etat a jetée dans les bras du chômage, de la criminalité et la prostitution.
Cette jeunesse, méprisée, désespérée et habitée par la furieuse envie de déserter la nation pour d’autres contrées, souvent au péril de leur vie.
Je pense également aux femmes. A ces femmes qui continuent de mourir lors des accouchements, qui continuent de parcourir de longues distances à la quête d’une eau à la potabilité douteuse et qui continuent d’être marginalisées par les mécanismes d’accès aux crédits.

Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de la Sécurité intérieure représentant Son Excellence Monsieur le Premier Ministre ;

Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement ;

C’est le lieu pour moi de féliciter l’ensemble du gouvernement pour les multiples efforts déjà consentis pour corriger ces différentes iniquités qui n’ont que trop duré.
La croissance, même timide, est de retour, nous dit-on. Alors, cette embellie doit d’abord profiter en priorité aux couches les plus vulnérables.
Mais pour que nous parvenions à promouvoir le plein emploi et à donner à la femme burkinabé sa dignité, il va falloir en payer le prix : donner l’exemple d’une gouvernance vertueuse fondée exclusivement sur la recherche de l’intérêt général. Il nous faut faire preuve de sacrifice, de sacrifice et encore de sacrifice. Et ce n’est pas cher payé pour tout dirigeant qui aime son peuple.

C’est pourquoi nous mettrons à la disposition du gouvernement les moyens législatifs nécessaires à la réussite de son programme.
Mais que l’on s’entende bien. Ce ne sera pas un blanc-seing encore moins un chèque en blanc que nous offrirons à l’Exécutif.
Le contrôle de l’action gouvernementale, l’une de nos principales missions, se poursuivra sans complaisance et sans la moindre concession.
Au moment où les élus de la nation retrouvent l’hémicycle, le monde de l’éducation quant à lui s’apprête à reprendre le chemin de l’école. Je voudrais par conséquent souhaiter à tous les ordres d’enseignement une bonne rentrée scolaire et académique 2017-2018.
Que la nouvelle année 2017-2018 soit studieuse et couronnée de succès dans l’intérêt supérieur de notre pays.

L’hivernage touche bientôt à sa fin et laissera la place à la récolte. Je souhaite aux paysans et aux agriculteurs une moisson opulente.
Toutefois, les pluies de cette fin de saison étant capricieuses, il est à craindre des poches de disette. C’est pourquoi j’encourage le gouvernement à prendre des mesures anticipatives pour mettre nos populations à l’abri d’éventuelles calamités.
Au monde syndical, dont l’apport dans la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs reste appréciable, je l’invite tout de même à privilégier davantage l’esprit de dialogue sans lequel notre désir de vivre-ensemble restera un vœu pieux.

Je ne saurais terminer mon propos sans saluer la présence parmi nous des représentants du corps diplomatique et des organisations internationales. Je leur adresse nos sincères remerciements aussi bien pour leur présence à cette cérémonie que pour la solidarité que leurs pays et leurs institutions ont toujours manifestée à l’égard du Burkina Faso.

Honorables députés,

Afin de faire de la présente session ordinaire un succès, je vous invite à vous investir pleinement dans les travaux tant en commission qu’en plénière.
Sur ce, tout en renouvelant à tous et à toutes, ma reconnaissance et mon infinie gratitude, je déclare ouverte la deuxième session ordinaire de l’année 2017.

Dieu bénisse le Burkina Faso

Je vous remercie

 

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