L’étymologie de certaines villes du plateau mossi est intrinsèquement liée au nom de son fondateur. Des zones mossi du Centre-sud comme Manga, Kombissiri et Pô, ont une richesse culturelle historique et émouvante qui résiste au temps et continue de passionner les historiens et à attirer des touristes. Zoom !
Kombissiri. De l’histoire de Kombissiri l’on retient que les premiers habitants à s’installer furent deux chefs, le Naaba Fangtinga d’origine nyonioga et le Naaba Kalkori-Tinga descendant de Zoungrana fils de Ouédraogo, fondateur de la chefferie mossi. Le nom Kombissiri serait issu de la fusion de deux mots « Kom » et « bissiri ». Kom signifie « eau » et bissiri « sable », ce qui traduit Kombissiri comme « Terre d’eau et de sable ».
Manga. L’histoire de la ville de Manga quant à elle serait liée à deux descendants de Zoungrana roi des Mossi : Karkui et Tampouy. Ces deux auraient quitté la cour royale par crainte d’assassiner le roi et d’usurper son pouvoir.
Cet exil forcé conduira Karkui et Tampouy successivement à Gampèla, Ramongo, Kombissiri et Dapèlogo. C’est finalement dans une zone initialement occupée par des Bissa qu’ils se stabilisèrent. Une fois installés, ils décidèrent de cultiver du gombo en raison de la fertilité du sol. En guise de reconnaissance, Karkui et Tampouy envoyaient à chaque fin de saison une bonne partie de leurs récoltes au roi Zoungrana. Sous l’instigation de Zoungrana, le conseil royal décida de donner à Karkui le petit frère, le titre de Mang’Naba (chef du gombo) en référence à la prédominance de la culture du gombo. C’est de là que dérive le nom « Manga ». Mécontent de cette situation, le grand frère Tampouy se replie à Ouagadougou avec pour objectif de s’occuper des ordures du roi. Tampouy signifie ordures et c’est de là que vient le nom Tampouy que porte un des quartiers de Ouagadougou.
Pô. La ville de Pô elle aura bâti son histoire autour de Naaba Bilgo, un mossi du village de Nobéré situé à une trentaine de kilomètres de Pô. Pô était une forêt sans habitation et Bilgo fut le premier à défricher cette forêt pour en faire un champ. Pour désigner cette partie de la forêt Bilgo la baptise « Pougho », ce qui signifie champ. Les habitants de Nobéré adoptèrent donc « Pougho » ou Bilgo Pougho (champ de Bilgo) comme appellation. La déformation du colonisateur donnera le mot « Pô ».
Les richesses culturelles et touristiques du Centre-Sud
Sur les plans touristique et culturel la région du Centre- sud n’est pas si mal lotie. Comme potentiel touristique culturel immatériel, Manga comme les deux autres villes offrent le djendjéré qui est une danse culturelle effectuée après avoir vaincu l’ennemi, le warba, le djénéga. A cela Pô ajoute le djongo popularisé par Bil Aka Kora, les polyphonies nakana chantées par les femmes avec des battements de mains et le festival des femmes peintres à Tiébélé.
Il y a aussi les sociétés de masques dont chaque département en possède au moins une. Les masques se produisent lors des cérémonies funèbres et des rites qui leur sont propres.
Le potentiel touristique culturel matériel du Centre- sud est assez riche.
Le département de Nobéré dans la province du Zoundwéogo conserve encore jalousement la case abritant les bracelets et autres objets sacrés de Naaba Bilgo, le baobab sacré portant les traces de sabot du cheval de Naaba Bilgo. La mosquée de Nobili construite vers 1582, la lance de Naaba Kiba, la marre aux hippopotames dans le département de Gombousgou et le parc national Kaboré Tambi sont autant d’attractions touristiques que l’on trouve à Manga.
La province du Bazèga y ajoute la mosquée de Namini qui est l’une des premières mosquées au Burkina Faso construites dans les années 1850, la mosquée de Tabtenga et la forêt classée de Daongho.
La province du Nahouri semble la plus lotie en matière de richesses touristiques dans la région. En termes de potentiel touristique culturel matériel, ce qui frappe le visiteur à son arrivée dans la province c’est l’architecture traditionnelle Kasséna et Nakana que l’on trouve un peu partout. On découvre par exemple au palais royal de Tiébélé des forteresses construites dans un but défensif durant les périodes de guerre. Pour rentrer à l’intérieur de ces cases il faut s’accroupir ou se mettre à genoux en introduisant la tête. Cela permettait au chef de famille assis à l’intérieur de voir qui entrait. Si vous êtes un ennemi, il a la possibilité de vous assommer ou de vous trancher la tête. Si vous échappez à cette première tentative de meurtre, vous avez devant vous un petit mur qui vous oblige à vous relever en tendant la tête. Là encore le chef de famille a une seconde chance de vous abattre. Le mur servait également à bloquer les flèches.
Aussi, dans le pays Kasséna il y a les femmes peintres qui réalisent des fresques géométriques à base de latérite, de kaolin, de pierre noire sur les murs. L’équipe de Tiébélé reçoit environ 2000 visiteurs par an. Non loin de la ville de Pô il y a la case de l’explorateur Binger à Tiankani, les statuts coloniaux au niveau du Haut-Commissariat du Nahouri.
Comme potentiel touristique naturel il y a le pic du Nahouri d’une altitude de 447 mètres, la rivière aux crocodiles de Konvili, le ranch de Ouallem et le ranch de Nazinga qui est le principal pôle touristique de la région. Le ranch de Nazinga est un type particulier d’aire protégée, une zone de chasse et de tourisme de 97 000ha (savane arbustive) pour la grande chasse et 20 000ha pour les safaris photos. C’est une forêt ouverte et classée où seules les zones de cultures délimitent le territoire. De nombreux aménagements (600 km de pistes et 11 retenues d’eau) ont été créés pour une meilleure gestion de la biodiversité. Le ranch se trouve à 200 km de Ouagadougou, avec 150 km de route goudronnée et 50 km de piste. Le ranch de Nazinga possède la plus forte densité d’animaux de toute l’Afrique de l’Ouest.
Source : Doc. Histoire Zone Mossi