Nous vous proposons en intégralité les discours d’hommages du Président du Faso Roch Marc Christian Kaboré et celui du Vice-Président de l’Assemblée nationale Me Stanislas Sankara prononcés le 24 Août 2017 à l’occasion de la cérémonie
d’hommage de la Nation à l’illustre digne fils qui a servi avec dévouement le Burkina et décédé le 19 août à Paris.
Discours du Président Roch Marc Christian Kaboré
Son Excellence, Monsieur Alpha CONDE,
Président de la République de Guinée, Président en exercice de l’Union africaine
Son Excellence, Monsieur Mahamadou Issoufou,
Président de la République du Niger et épouse
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale du Mali, Représentant Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République du Mali
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale du Ghana Représentant Son Excellence Monsieur Nana AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana
Monsieur le Ministre des Affaires présidentielles Représentant Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire
Monsieur le Sénateur, Représentant Son Excellence Madame Ellen Johnson Sirleaf, Présidente de la République du Libéria
Excellences, Messieurs les Présidents d’Assemblée nationale du Bénin, du Togo et de la Centrafrique
Distinguées personnalités membres des Corps constitués du Burkina Faso
Monsieur le Chef de file de l’Opposition politique
Autorités coutumières et religieuses
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégations étrangères
Mesdames et Messieurs les Ministres et parlementaires étrangers
Mesdames et Messieurs les Représentants des partis politiques étrangers et burkinabè
Madame Chantal DIALLO et toute la famille DIALLO
Peuple du Burkina Faso
Les circonstances qui nous rassemblent ici cet après-midi sont douloureuses et tristes. La disparition brutale, à Paris, le samedi 19 août courant de Salifou DIALLO, Président de l’Assemblée nationale, Président du Mouvement du Peuple pour le Progrès arraché à notre affection et à notre combat quotidien pour la démocratie, la justice et le progrès économique et social, est celle d’un frère, d’un camarade, d’un ami, d’un grand commis de l’Etat, d’un compagnon de lutte, d’un collaborateur engagé et déterminé, d’un homme politique averti.
Contraint de se rendre à l’évidence et d’accepter que Salifou DIALLO a effectivement quitté ce monde, je voudrais lui rendre cet ultime hommage pour saluer son action en faveur du Burkina Faso, de sa région du Nord et de son Yatenga natal, mais aussi du continent africain et du reste du monde où il compte de nombreux amis et compagnons de lutte.
Je tiens à faire une mention spéciale pour son engagement sur la scène internationale, afin de défendre et de servir, sans relâche, les intérêts du Burkina Faso et de l’Afrique.
En ces moments où nous nous rendons à l’évidence que devant la mort, l’être humain ne peut rien, je voudrais exhorter tous mes compatriotes éprouvés, les cadres de l’État, la classe politique et tous les acteurs d’une gouvernance démocratique apaisée et porteuse de paix, de stabilité et de prospérité, à renouveler leur engagement au service de la Nation.
Durant tout son parcours professionnel et politique,
Salifou DIALLO nous a donné l’exemple d’un homme de conviction, courageux, tacticien et résolument déterminé à remporter toutes les batailles qu’il engageait.
Du Cabinet du Président du Faso au ministère de l’Agriculture, en passant par le Secrétariat d’Etat à la Présidence du Faso, au ministère de l’Environnement, à l’Ambassade du Burkina Faso à Vienne et au perchoir de l’Assemblée nationale, l’illustre disparu a fait montre d’un incontestable courage politique et d’une détermination sans faille à servir le Burkina Faso.
En dépit des hauts et des bas inhérents à toute œuvre humaine, je dois dire que tout au long des trente années de notre compagnonnage politique, Salifou DIALLO a su donner goût à tous les combats qu’il a menés.
Salifou : Tu as été de tous les combats. Tu n’auras pas vécu pour rien.
C’est pourquoi aujourd’hui, j’ai une pensée pour ton épouse, tes enfants, tes petits-enfants, ta mère, tes frères, tes sœurs et parents inconsolables. Allah saura les fortifier et faciliter pour eux les jours et années à venir.
Je n’oublie pas tous tes camarades, tes amis et proches, les militantes et militants du MPP et de l’APMP ainsi que tes nombreux compagnons de lutte sur le continent et dans le monde, au nombre desquels je voudrais mentionner Nos frères du Niger, ta seconde patrie.
Salifou DIALLO a cru, s’est battu et a tiré sa révérence, nous enjoignant ainsi à relever les défis qui se dressent devant nous.
Le meilleur hommage, que nous puissions lui rendre, c’est de nous engager individuellement et collectivement à remporter les batailles à venir pour la paix et la prospérité de notre Nation.
Permettez-moi, en mon nom personnel, au nom de la famille DIALLO, et au nom du peuple Burkinabè d’exprimer ma profonde gratitude aux Chefs d’État, aux Présidents d’Assemblée nationale, aux ministres, aux parlementaires et à toutes les personnalités venues compatir à notre douleur.
Salifou DIALLO, le frère, l’ami, le compagnon de lutte repose en paix et que la terre du Burkina Faso te soit légère.
Je vous remercie.
Discours du 1er Vice-président de l’AN Me B. Stanislas Sankara,
Notre peuple a été plongé dans la consternation et la stupéfaction en apprenant au petit matin de ce samedi 19 Août, le décès brutal à Paris de Son Excellence Monsieur Salifou DIALLO, président de l’Assemblée nationale.
Le temps s’est arrêté sur la représentation nationale, chacun des 126 députés de tout bord politique a coupé son souffle les agents de l’administration parlementaire avec.
L’Assemblée nationale du Burkina Faso a été estomaquée avec à la clef beaucoup de questionnements avant de se rendre compte dans la triste et douloureuse évidence qu’elle était désormais orpheline.
Réunie immédiatement le jour même, du 19 Août, le bureau de l’Assemblée nationale décida de se rendre à Paris avec une délégation gouvernementale pour le rapatriement du corps du Président de l’Assemblée nationale.
Ainsi donc, Docteur Salifou DIALLO, Président de l’Assemblée nationale, vous avez décidé subrepticement, de nous quitter à un moment décisif voire critique de l’histoire politique de notre pays qui est dans une zone de turbulence politique et sociale, pour emprunter vos propres termes.
Ainsi donc, vous avez décidé de façon mystérieuse alors même qu’on vous attendait à Ouagadougou le soir du 19 août de mettre un point final, point barre à votre vie, exclusivement faite de militantisme, d’engagement, de don de soi, d’abnégation, de persévérance et de vision prospective.
Monsieur le Président, puisque vous n’aimiez pas qu’on vous appelle Son Excellence Monsieur le Président, par vos énormes et désintéressés sacrifices, vous avez consacré toute votre vie à la lutte politique pour que notre pays, le Burkina Faso soit un pays de dignité, de liberté et de progrès.
A l’unanimité, la classe politique dans son ensemble et les observateurs reconnaissent en vous l’homme politique exceptionnel et hors pair aux multiples facettes avec les qualificatifs dont on peut retenir entre autres:
- Salifou DIALLO, le baobab politique,
- Salifou DIALLO, le stratège, le fougueux,
- Salifou DIALLO, homme de conviction,
- Salifou DIALLO, le monstre politique,
- Salifou DIALLO, l’infatigable,
- Salifou DIALLO, le monument, la légende,
- Monsieur le Président, vous étiez à vrai dire un grand Homme d’Etat,
Excellence, Monsieur le Président du Faso, Excellence, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les distinguées personnalités,
Pour nous députés de la 7e législature, en 20 mois passés à la tête de l’Assemblée nationale, Docteur Salifou DIALLO a véritablement impacté le parlement burkinabè et a posé la pierre angulaire pour l’édification d’un parlement moderne et innovante qui devra refléter les ambitions de notre peuple et ses aspirations à la démocratie et à la justice sociale.
Les efforts immenses ont été faits par le Président de l’Assemblée nationale pour la reconstruction du siège du parlement de même que les différentes mesures qui ont été prises au plan de l’amélioration des performances et capacités de la fonction publique parlementaire attestent de la vision que l’homme avait de faire de l’Assemblée nationale une institution dotée de toutes les capacités pour servir exclusivement les intérêts du peuple.
D’ailleurs, la production législative en 20 mois de législature à hauteur de plus de 120 lois votées illustre parfaitement le travail titanesque abattu par le Docteur Salifou DIALLO. En effet, la modernisation de l’Assemblée nationale, sa gestion transparente et la communication institutionnelle ont été au cœur des actions de celui que nous pleurons tous aujourd’hui qui avait placé son mandat sous le signe d’une gestion consensuelle de l’Institution parlementaire.
C’est pourquoi notre douleur est donc incommensurable et notre amertume très profonde.
Pour paraphraser Martin Luther King, il y a ceux qui écrivent l’histoire. Il y a ceux qui la font. Sans conteste, Salifou DIALLO a fait l’histoire de notre pays.
Révolutionnaire dans l’âme, dès son jeune âge, son combat et son dévouement pour la cause d’un monde plus juste et pour un Burkina Faso de liberté et de démocratie ont été inébranlables.
Pour preuve, dénonçant ce qu’il a appelé la patrimonialisation du pouvoir avec 75 de ses camarades, il quittera avec fracas son ancien parti pour rejoindre avec humilité et grande responsabilité le peuple burkinabé dans sa lutte pour l’alternance et la démocratie véritable. La suite on la connaît.
Aujourd’hui, Salifou DIALLO n’est plus là pour nous imprimer sa cadence rythmée de rigueur, de témérité et de pragmatisme.
Mais Salifou DIALLO a joué pleinement sa partition et a marqué de façon indélébile l’histoire sociale et politique de notre pays.
C’est pourquoi, par-delà l’Assemblée nationale, il est du devoir de toute la nation burkinabé de lui rendre un hommage mérité et solennel et un témoignage sincère Sur l’homme qui a consacré sa vie entière au service du peuple.
Quant à nous députés de la 7e législature, en vérité, le meilleur hommage que nous puissions rendre au Président Salifou DIALLO, c’est de lui demeurer fidèles en prenant tous ensemble, l’engagement de poursuivre l’œuvre déjà entamée dont l’opérationnalisation concrète du plan stratégique qu’il a pu nous léguer et qui porte sa vision pour un quinquennat de progrès économique et social pour notre peuple.
En effet, comme l’a dit Jean Jaurès, c’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source.
Cette pensée m’amène à dire que nous n’avons pas droit ni à l’erreur ni au fatalisme. Ne nous laissons pas abattre par le découragement et la fatalité. N’ayons pas peur. Affrontons notre destin avec foi et assurons à la source, c’est-à-dire à notre peuple, que son espérance sera plus vaste que l’étendue de la mer. C’est à cette condition que Docteur Salifou DIALLO pourrait se reposer en paix afin que son don de soi par amour pour le peuple burkinabé reste éternel.
Excellence, Monsieur le Président du Faso, Distinguées personnalités, Peuple du Burkina Faso,
La représentation nationale dans toutes ses composantes prend l’engagement en rendant ce dernier hommage au Président de l’Assemblée nationale Docteur Salifou DIALLO, de perpétuer son œuvre et de poursuivre son combat dont l’autonomisation des jeunes et des femmes s’inscrivait dans ses dernières priorités.
C’est à ce titre que je voudrais au nom de tous les députés, majorité comme opposition, du Bureau de l’Assemblée nationale et du personnel administratif présenter à la nation entière toutes nos sincères condoléances, au MPP, dont il était le président nos encouragements dans cette dure épreuve. A la famille éplorée, nous lui exprimons toute notre compassion et notre solidarité,
Nous prions Dieu le Miséricordieux afin qu’il le reçoive dans son Royaume et que la terre libre du Burkina Faso lui soit légère.
A Dieu Président,
A Dieu Docteur Salifou DIALLO
A Dieu Camarade Salifou DIALLO