Les présidents des parlements nationaux des États membres de la Cedeao, de la Mauritanie et du Tchad se sont réunis à Ouagadougou le 22 Juillet 2017. L’objectif étant de se pencher sur le financement adéquat de la santé, le dividende démographique et les politiques de populations et de développement. A l’issu de la rencontre, la déclaration ci-dessous a été adoptée par les présidents des parlements.
Nous, Présidents des Parlements nationaux des États membres de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad, réunis à Ouagadougou, au Burkina Faso à l’occasion de la Rencontre régionale de Haut Niveau sur le financement adéquat de la santé, le dividende démographique et les politiques de population et développement ;
Considérant
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que la capture du dividende démographique présente des avantages importants dans tous les secteurs de développement socioéconomique ; |
Considérant
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que le capital humain constitue l’atout le plus précieux de toute société et que l’investissement à long terme dans le secteur de la santé est le principal facteur de développement économique ; |
Convaincus
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qu’une population en bonne santé contribue à renforcer la productivité et à stimuler la croissance économique et que l’atteinte des Objectifs de Développement Durables par nos pays respectifs est fortement tributaire de la construction de systèmes sanitaires solides et performants ; |
Considérant
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que malgré les progrès enregistrés dans les pays de la région Ouest africaine, les systèmes de santé dans la plupart de nos pays restent faibles et en retard par rapport aux autres régions du monde ; |
Ayant à l’esprit
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la récente épidémie de la maladie à virus Ebola qui a sévi au sein de la région Ouest africaine et qui a occasionné le décès de plus de 11.300 personnes et ébranlé les tissus économiques et sociaux des pays affectés et par ricochet de la région toute entière ; |
Considérant
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qu’il est impérieux de mettre en place dans nos pays, des systèmes de santé efficaces pour leur permettre, ainsi qu’à toute la région, de mieux répondre aux défis liés aux maladies et aux urgences sanitaires et contribuer à l’émergence d’économies résilientes, à même d’améliorer la qualité et l’espérance de vie de nos populations ; |
Conscients
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des efforts nécessaires à accomplir par nos Etats respectifs en vue de la mobilisation effective des ressources financières indispensables à l’atteinte de cet objectif ; |
Considérant | que le financement de la santé constitue un des piliers du système de santé et qu’il est impérieux pour nos pays d’accroître substantiellement la dépense publique en faveur du secteur de la santé, de trouver des sources alternatives de financement de la santé et de cultiver la bonne gouvernance ; |
Rappelant
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l’engagement pris par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine dans la « Déclaration d’Abuja » lors du Sommet sur le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes, tenue à Abuja au Nigeria, du 24 au 27 avril 2001, d’attribuer au moins 15 % du total de leur budget national annuel au secteur de la santé ; |
Considérant
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qu’en dépit des progrès louables enregistrés par nos pays pour se conformer aux engagements issus de la Déclaration d’Abuja, aucun pays n’a encore pu atteindre cet objectif et que par conséquent, des efforts importants sont encore nécessaires pour mobiliser davantage de ressources domestiques en faveur de la santé ; |
Considérant
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qu’afin d’assurer un financement adéquat de la santé dans nos pays, il convient également d’optimiser l’utilisation des ressources ; |
Considérant
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qu’il revient aux Parlements nationaux des Etats d’assurer, à travers leurs prérogatives constitutionnelles, le vote des lois des finances et le contrôle de l’action des gouvernements ; |
Invitons
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la coordination régionale des réseaux de champions en plaidoyer pour le financement adéquat de la santé et le dividende démographique (RCPFAS-DD) des Etats membres de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad à veiller à la mise en œuvre effective des recommandations et engagements de la présente rencontre de haut niveau des parlementaires ; |
Invitons | les Parlements nationaux à mettre en place des plans d’actions élaborés conformément aux recommandations issues de la présente rencontre de Haut Niveau ; |
Prenons l’engagement solennel,
D’œuvrer à travers l’exercice de nos droits d’amendement des lois, à faire des arbitrages conséquents aux projets de budget de nos Etats respectifs, afin d’obtenir des accroissements annuels successifs d’au moins 2% des budgets alloués au secteur de la santé, avec en perspective d’atteindre l’objectif minimum de 15% de la déclaration d’Abuja à l’horizon de 2025 ;
De contrôler rigoureusement la mise en œuvre des politiques en matière de démographie et de santé afin de nous assurer de la bonne utilisation des crédits alloués à la santé au profit des populations ;
D’accorder une attention particulière aux problématiques liées au financement des systèmes de santé nationaux de nos pays, à travers la prise en compte et l’inscription effective de cette question, au rang des priorités de nos États respectifs ;
De nous investir résolument auprès de nos Exécutifs dans le cadre d’un plaidoyer constant en vue de parvenir à une augmentation croissante des budgets nationaux de nos États consacrés à la santé conformément à la « Déclaration d’Abuja » adoptée lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine sur le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes, tenu à Abuja au Nigeria, du 24 au 27 avril 2001 ;
De créer dans chaque parlement de nos pays un Comité de suivi présidé par la commission en charge de la santé qui sera chargé de la rédaction d’un plan d’actions élaboré conformément aux recommandation issues de la présente Rencontre de Haut Niveau ;
Donnons mandat au parlement du Burkina Faso de suivre la mise en place effective des comités nationaux de suivi, au plus tard le 31 décembre 2018.
Sur le dividende démographique et les politiques de population et développement :
Nous, Présidents des Parlements nationaux des États membres de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad, réunis à Ouagadougou au Burkina Faso à l’occasion de la Rencontre régionale de Haut Niveau sur le financement adéquat de la Santé, le Dividende démographique et les Politiques de Population et développement ;
Préoccupés
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par le boom démographique dans l’espace CEDEAO, en Mauritanie et au Tchad avec aujourd’hui une population de plus de 383 millions d’habitants, chiffre qui pourrait atteindre 848 millions à l’horizon 2050 si le taux de fécondité actuel qui est supérieur à la moyenne du continent reste statique ; |
Considérant
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qu’en dépit des avancées significatives enregistrées au cours des trois dernières décennies par les pays de la région Ouest africaine dans les domaines économique, social, culturel, institutionnel et politique, l’Afrique de l’Ouest, la Mauritanie et le Tchad reste confrontée à une multitude de défis qui handicapent son développement et empêchent des milliers de personnes de vivre dans des conditions de vie décentes ; |
Rappelant | l’engagement pris par les gouvernements de 54 pays de l’Afrique réunis à Addis-Abeba du 30 septembre au 4 octobre 2013 à travers une Déclaration intitulée «La Déclaration d’Addis-Abeba sur la Population et le Développement en Afrique au-delà de 2014 » ; |
Rappelant
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La Déclaration de Dakar issue du « Forum des Parlementaires
Africains sur la Population et le Développement » tenu les 25 et 26 Novembre 2016 ; |
Considérant
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que les questions de populations et de démographie sont cruciales pour le développement et l’avenir de la région Ouest africaine et qu’elles pourraient constituer de puissants freins à l’atteinte des Objectifs du Développement Durable par nos pays, si elles ne sont pas maitrisées ; |
Notant | l’existence de résistance à l’égard des politiques de population aussi bien au niveau des populations que des leaders communautaires ou religieux à cause du poids de la tradition et de la culture ;
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Convaincus
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que l’atteinte des Objectifs pour le Développement Durable et la construction d’une Afrique de l’Ouest, de la Mauritanie et du Tchad prospères dépendent en grande partie de la capacité de nos Etats à créer les conditions nécessaires à l’amorce ou à l’achèvement de leurs transitions démographiques en vue de la capture du dividende démographique ; |
Convaincus
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que le dividende démographique de l’Afrique et singulièrement celui de l’Afrique de l’Ouest, de la Mauritanie et du Tchad représente un potentiel de croissance économique pour les pays et la région à condition d’être bien anticipé, rationnellement accompagné et efficacement géré ; |
Conscients
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que la mise en œuvre de politiques publiques axées sur des interventions qui ont le plus d’impacts sur la dynamique démographique et sur les changements de la structure par âge de la population, permettrait aux pays, de dégager les moyens nécessaires à l’accélération de leur croissance économique et à l’amélioration de leur capital humain ; |
Conscients
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qu’il urge à cet effet pour nos pays, de privilégier des investissements stratégiques dans le secteur de la santé, en vue de maintenir la tendance à la baisse du taux de mortalité infantile et
d’accélérer la baisse du taux de fécondité dans la région ; |
Considérant | que ces efforts nécessaires, mais pas suffisants, doivent impérativement s’accompagner de politiques publiques pertinentes, destinées à : |
- favoriser l’autonomisation des femmes ;
- garantir aux femmes et aux jeunes filles et jeunes garçons l’entier bénéfice de leurs droits relatifs à la santé sexuelle et reproductive ;
- augmenter globalement le taux de prévalence contraceptive ;
- promouvoir davantage le planning familial ;
- investir dans l’éducation, notamment celle des jeunes filles ;
- favoriser et accélérer la création d’emplois productifs et décents ;
- consacrer la bonne gouvernance ;
Exhortons les pouvoirs exécutifs de nos pays respectifs à prendre les mesures nécessaires pour :
- faire une plus large dissémination des analyses existantes ;
- amener les différents acteurs à rendre compte des progrès réalisés et identifier les obstacles à la mise en œuvre des politiques visant une maîtrise de la démographie ;
- accélérer la transition démographique à travers la baisse rapide du taux de fécondité en vue d’obtenir un changement de la structure par âge de la population, indispensable à la capture du dividende démographique ;
- améliorer la santé des populations tout au long du cycle de vie et investir dans l’éducation des jeunes ;
- mettre en œuvre des politiques économiques et de gouvernance appropriées favorisant la création d’emplois en faveur des jeunes.
Prenons l’engagement solennel,
D’accorder une bienveillante attention au sein des Parlements de nos Etats respectifs, à l’examen de toutes les questions relatives aux politiques nationales de population de développement et de santé, en vue de contribuer au succès de la transition démographique de nos États dans la perspective de la capture du dividende démographique pour accélérer la croissance économique ;
De soutenir activement toutes les stratégies et interventions de nos gouvernements respectifs qui ont pour objectifs :
- de renforcer les investissements nécessaires pour mettre l’autonomisation des femmes et des jeunes filles au centre de la transformation socio-économique nécessaire à la transition démographique, dans le respect des valeurs culturelles de nos pays respectifs ;
- de faciliter un déclin rapide, volontaire de la fécondité grâce à l’accès universel à la planification familiale, l’augmentation du niveau d’éducation des femmes et le renforcement des efforts pour améliorer la survie de l’enfant ;
- d’améliorer la qualité de la santé de la population active actuelle et future ;
- d’investir dans l’éducation, la formation professionnelle et le développement des compétences nécessaires pour propulser nos pays vers des économies émergentes ;
- d’accroitre le financement de la santé et de l’éducation et plus spécifiquement de la santé de la reproduction dans les budgets nationaux des pays ;
- d’accélérer les réformes économiques et la création d’emplois décents ;
- d’impliquer l’ensemble des acteurs, en particulier les autorités religieuses, traditionnelles, les organisations de la société civiles à travers une mobilisation sociale pertinente en vue de concertations nationales sur les enjeux liés au dividende démographique ;
- d’améliorer la gouvernance et le devoir de responsabilité qui ont un impact transversal sur toutes les autres interventions ;
D’engager résolument au niveau de nos gouvernements respectifs et au niveau de tous les acteurs institutionnels nationaux concernés dans nos pays, un constant plaidoyer, à l’effet d’inscrire les interventions rappelées ci-dessous, au cœur des politiques et programmes nationaux de développement.
D’œuvrer à l’élaboration d’un plan cohérent de mobilisation de la communauté des partenaires techniques et financiers en faveur d’un accroissement substantiel de leurs appuis multiformes pour la réussite des transitions démographiques au sein de la région.
D’œuvrer à augmenter chaque année d’au moins 5% les budgets alloués à la mise en œuvre des plans nationaux de repositionnement de la planification familiale pour : la réduction drastique de la mortalité maternelle et néonatale dans nos pays,
- la création d’un environnement favorable à la planification familiale,
- la lutte contre le mariage précoce des jeunes filles,
- la lutte contre les grossesses précoces des jeunes filles,
- la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes/mutilations génitales féminines.
D’inviter les pays de la CEDEAO, la Mauritanie et le Tchad à œuvrer pour faire baisser leurs indices synthétiques de fécondité respectifs à trois enfants au plus par femme d’ici 2030.
D’œuvrer à ce que chaque Parlement organise un dialogue national sur le dividende démographique y compris avec les confessions religieuses, coutumières et la société civile, d’ici fin 2018.
De mettre en place un comité interparlementaire des Parlements de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad sur le dividende démographique pour le suivi de nos engagements.
Ont Signé :
Bénin | Burkina Faso |
SEM Adrien HOUNGBEDJI | SEM Salifou DIALLO |
Cap vert Côte d’Ivoire
Honorable Jorge SANTOS SEM SORO Kigbafori Guillaume
Gambie Ghana
SEM Mariam Jack DENTON Honorable OQUAYE Aaron Mickael
Guinée Guinée Bissau
SEM Claude Kory KONDIANO SEM Cipriano CASSAMA
Liberia Mali
Honorable James Emmanuel NUQUAY SEM Issiaka SIDIBE
Mauritanie Niger
SEM Mohamed Boilil M’Bareck SEM Ousséni TINNI
Nigeria
Right Honorable Yakubu DOGARA
Sénégal | Sierra Léone |
SEM Moustapha NIASSE | Honorable Sheku Badara Bashiru DUMBUYA |
Tchad | Togo |
SEM Haroun KABADI | SEM. Dama DRAMANI |