Avec une population d’environ 2 millions d’habitants, les besoins en eau potable devient de plus exigeants pour satisfaire à la demande. Des secteurs viabilisés aux bidonvilles (appelés couramment ‘’Non lotis), l’eau est dès fois une denrée rare. Pourtant dit –on que ‘’l’eau c’est la vie’’. Pour y remédier à cette situation la Banque mondiale appui l’État burkinabè en finançant entièrement à hauteur de 46,45 milliards Fcfa , le Projet sectoriel eau en milieu urbain (PSEU). Un projet dont l’objectif est de satisfaire totalement les besoins en eau potable aux Ouagalais. A la veille de la fin du projet en 2018, où en sommes-nous ? Récit d’un grand reportage.
En octobre 2009, démarrait le PSEU à Ouagadougou. C’était à un moment où la capitale burkinabè souffrait chroniquement d’insuffisance dans l’approvisionnement de l’eau potable aux habitants. Ainsi le PSEU s’est fixé pour objectif primordiale d’accroitre le taux d’accès de l’eau potable de 95% à Ouagadougou, un taux d’accès à l’assainissement adéquat à 50%, et
surtout facilité l’accès à l’eau potable pour les populations à travers des branchements à coût sociale de 30500 Fcfa (subventionné).
Pour y parvenir le PSEU prend l’ensemble des aspects suivants : Les capacités de stockage, de transport, de distribution et de production.
Selon le Chef du projet M. Valentin Sirima, le moins que l’on puisse dire est qu’à la date d’aujourd’hui : « Le projet est exécuté à 60%. En terme de production il n’y aucune difficulté. Seulement qu’il y a des problèmes liés aux transports et à la distribution de l’eau ».
Comme réalisations déjà effectuées on a : La station de traitement, la première tranche de conduite gravitaire et la deuxième tranche de transfert jusqu’à Ouagadougou.
Ce qui reste à réaliser on a : Les conduites de distributions, les branchements, les bornes fontaines, les réservoirs des conduites de transports à l’intérieur de la ville de Ouagadougou.
Quand la lutte contre la pauvreté urbaine passe par l’accès à l’eau potable
La construction des routes, la construction des écoles, l’agriculture, le développement du secteur privé etc. sont tous des indicateurs du développement certes, mais l’accès à l’eau potable serait encore plus déterminant car l’eau potable est la principale source énergétique de l’homme. Dans cet optique, il ne peut y avoir développement sans que le moteur et l’acteur du développement qu’est l’homme lui-même ne dispose d’un corps en bonne santé pour booster sa productivité quotidienne. Les maladies hydriques, diarrhéiques liées à la mauvaise qualité de l’eau accentuent la pauvreté. En témoigne cette jeune dame qui affirme : « Nous abandonnons nos occupations quotidiennes pour aller à la recherche de l’eau. Cela nous fais perdre du temps et de l’argent ».
De ce constat, on peut dire que la Banque mondiale a vu juste la préoccupation fondamentale des populations qui était la soif d’accès à l’eau potable. Ainsi donc, à Ouagadougou le PSEU permettra à 220000 personnes supplémentaires de bénéficier de branchement d’eau potable à prix social. A cela s’ajoute l’installation de 15.000 autres bornes fontaines.
A la dite du 30 novembre 2016, le bilan des réalisations fait ressortir 368,8km de réseaux de distribution, 37 001 branchement sociaux et 171 bornes fontaines fonctionnelles.
Des progrès en dent de scie
L’Office nationale de l’eau et de l’assainissement (ONEA) s’active à la réalisation des objectifs du PSEU. Des progrès sont palpables. Néanmoins, la population continue de subir des coupures d’eau à longueur de journée voir dès fois plus d’une semaine. Les raisons ? Selon les explications du Chef du projet M. Valentin Sirima, il faudra attendre la fin du projet pour constater de façon définitive le problème de délestage à l’ONEA. D’abord, l’ONEA est dépendante en énergie électrique. Si bien que les délestages causés au niveau des installations électriques se répercutent sur les fonctionnements du système de distribution d’eau par endroit.
Dans l’ensemble de meilleures prestations de services pointent à l’horizon, car la fin du PSEU en 2018, verra aussi l’enchainement des installations de la centrale solaire de l’ONEA à Ziga. Une autonomie énergétique qui renforcera la qualité de la distribution d’eau potable à Ouagadougou sans interruption jusqu’à l’horizon 2030.
Théodore ZOUNGRANA
ENCADRE
Des Ouagalais s’expriment sur l’accessibilité de l’eau potable
Nous avons tendu notre micro à quelques citoyens de la ville de Ouagadougou qui apprécient l’amélioration de l’approvisionnement en l’eau potable ces derniers temps. Tout en émettant leurs vœux que l’ONEA se préoccupe également des habitants des bidonvilles ( ou Non lotis) qui concentrent aussi une couche importante de la ville de Ouagadougou.
Mme Martine Tiendrébéogo (Gérante de borne fontaine):
J’habite le secteur 30 de Ouagadougou (quartier Sodogo, périphérie ouest de Ouagadougou), Nous avons beaucoup de soucis d’approvisionnement en eau potable. Particulièrement, nous les femmes nous passons à longueur de journée ou dès fois des nuits blanches pour s’approvisionner. La situation était très critique dans les mois de mars et avril de cette année. Il fallait se réveiller à 2h du matin pour s’approvisionner. Maintenant, je crois que l’ONEA a beaucoup fait des efforts car nous n’avons plus de coupure d’eau qui dure deux semaines. L’ONEA à beaucoup fait des efforts de communication à cette période pour nous encourager. Nous sommes au courant de la facilité de branchement de 30500Fcfa, seulement je pense qu’il y a beaucoup de demandeurs si bien qu’on ne peut pas être satisfait immédiatement. On dit que ‘’L’eau c’est la vie’’ c’est vrai car c’est la source d’amélioration de la vie, de la lutte contre les maladies, de l’hygiène etc. des facteurs qui nous éloignent de la précarité et de la pauvreté. Je pense que l’accès à l’eau potable pour tous va booster davantage la rentabilité de nos activités quotidiennes.
Mme Alimata Nana (Commerçante) : J’habite dans un bidonville de Sodogo, nous n’avons pas de branchement et nous nous approvisionnons dans les bornes fontaines et les pompes. L’accès à l’eau potable est une préoccupation pour les habitants des zones dites ‘’Non lotis’’. Nous sommes tous informés des branchements sociaux de l’ONEA, mais j’ai l’impression que nos zones ‘’Non lotis ne sont pas concernés car il n’y a pas de branchement nous concernant d’abord. Cette année, courant les mois de mars, avril, et mai nous avons connu toutes les difficultés pour avoir de l’eau potable. Cela a beaucoup perturbé nos activités commerciales, car la priorité était réservée à la recherche de l’eau potable. Présentement, j’ai l’impression que l’ONEA a beaucoup amélioré la distribution de l’eau. Nous n’avons plus d’angoisses comme par le passé. Le PSEU, je ne sais pas trop.
Mme : Rabiata Sawadogo (ménagère) : Nous constatons une nette amélioration de l’approvisionnement en eau par l’ONEA ces derniers temps. Auparavant, nous avons énormément souffert des coupures d’eau. Je ne suis pas au courant d’un projet dit PSEU, mais j’entends par les ondes des médias qu’il y a la possibilité de bénéficier d’un branchement à l’ONEA à 30.000 Fcfa seulement. C’est très salutaire. Je pense qu’avec cet engagement de l’ONEA beaucoup de familles bénéficieront de branchement et cela va intentionnellement alléger la souffrance des femmes. Bien sûr en temps de pénurie d’eau les hommes aussi abandonnent leur travail pour aider les femmes à la recherche de l’eau. Je pense qu’une fois que le problème d’accès à eau potable sera résolu à Ouagadougou, ça serait un pas en avant dans la lutte contre la pauvreté.
- Bruno Simporé (élève) : Vraiment, il y a eu des moments où l’eau potable était un bien rare au secteur 30 de Ouagadougou. Personnellement, j’ai eu à abandonner les cours pour aider ma mère à aller à la fontaine. Maintenant la situation se normalise, car nous ne constatons plus des coupures fréquentes. Beaucoup de riverains ont profité du branchement à prix social de 30.000 Fcfa. C’est une politique très salutaire du gouvernement, car l’accès à l’eau potable pour tous équivaut à la santé pour tous. Car une population saine devient dynamique et travailleur. Et la base de la santé c’est l’hygiène, boire de l’eau potable et se nourrir convenablement. Je pense que si l’ONEA gagne la bataille de l’accès à l’eau potable pour tous les Ouagalais, il y aura plus de rendement dans le travail, la santé des enfants et les résultats scolaires. Moi par exemple j’ai abandonné les classes pendent plus d’une semaine pour chercher l’eau. Je n’entends pas parler du PSEU, mais je constate que l’ONEA se bat pour satisfaire la population en eau potable.
Propos recueillis par : TZ
ENTRETIEN
- M. Valentin SIRIMA, Chef du PSEU : « Au terme du projet nous ne connaitrons plus de coupure d’eau jusqu’à l’horizon 2030»
Débuté en octobre 2009, le Projet sectoriel eau en milieu urbain (PSEU) prend fin l’année prochaine. A la veille de la fin de la phase finale du projet, nous avons rencontré M. Valentin Sirima, Directeur du projet d’approvisionnement en eau potable de Ouagadougou pour s’imprégner de l’état d’exécution des travaux. Sans détour, il nous rassure que tous les engagements seront respectés dans les délais. Surtout le PSEU comblera les besoins en eau potable de la ville de Ouagadougou jusqu’à l’horizon 2030.
IB : Est-ce qu’avec le PSEU on peut s’attendre à ce les besoins en disponibilité de l’eau potable soient comblés ?
Valentin Sirima : Évidement ! Le projet est bien conçu dans l’optique de combler les besoins de la population en eau potable. Donc, de toute évidence les attentes seront comblées à la fin du projet. Si cette année encore nous avons connu des délestages et des coupures d’eau à certains endroits, c’est simplement par ce que le projet n’est pas achevé. Le projet prend fin en 2018, mais au terme du projet nous ne connaitrons plus de coupure d’eau jusqu’à l’horizon 2030.
Le décaissement des financements évolue convenablement pour vous permettre de respecter le délai d’exécution du projet ?
En ce qui concerne le financement il n’y a aucun souci à ce niveau. Seulement nous avons un glissement pour certains délais d’exécution des travaux, mais qui n’auront aucun impact sur la période du projet. Cela pour dire que c’est très mineur.
Quel sera l’apport de la population pour avoir accès à l’eau potable de l’ONEA dans le cadre de ce projet ?
Ce projet va entièrement au bénéfice des populations de la ville de Ouagadougou. A vrai dire ce projet permet aux citadins de bénéficier de branchements à coût social de 30500Fcfa et ce montant inclut 28000Fcfa d’avance de consommation. Dans les normes l’ONEA fait les branchements à 100.000Fcfa.
Vous comprenez que le PSEU est réalisé sans contrepartie de la population. L’objectif étant plutôt que la population puisse avoir accès à l’eau potable.
L’ONEA est jusque-là dépendante de l’énergie thermique. Pensez-vous à l’énergie solaire pour être plus autonome dans vos prestations ?
Effectivement, l’énergie est l’un des principaux problèmes de l’ONEA actuellement. Toutes nos installations fonctionnent avec l’énergie électrique. Ce qui fait que nous avons des difficultés en ce sens que quand il y a des délestages d’électricité quelque part, cela affecte le fonctionnement de nos installations et créent donc des désagréments sur la distribution de l’eau. A cela s’ajoute que l’ONEA ne bénéficie pas de la subvention du carburant.
En ce qui concerne l’énergie solaire, nos ambitions avancent, car nous avons prévu d’installer une centrale solaire à Ziga. Seulement à ce niveau nous avons deux contraintes :
Primo : le coût est très élevé, secundo : Il faut des grands espaces pour installer les plaques solaires.
Néanmoins nous pensons y amorcer le pas en 2018 sur les fonds propres de l’ONEA.
Propos recueillis par : TZ