« C’est dans la tourmente que l’on reconnaît ses vrais amis ». C’est sans doute ce que se dit actuellement in petto le président burundais, Pierre Nkurunziza, qui, lâché de toutes parts par la communauté internationale, vit depuis près de deux ans comme un pestiféré.
Car, échaudé par le coup d’Etat manqué du Général Godefroy Nyombaré, l’homme fort de Bujumbura a limité drastiquement ses déplacements hors du pays. Et des visites de très haut niveau, il en reçoit très peu dans son palais. Peut-être est-ce pour cette raison que le séjour du vice-président chinois, Li Yuanchao, est qualifié « d’historique » par le ministre burundais des relations extérieures. En tout cas, on le sait, cette visite du numéro deux des Chinois constitue une véritable bouée de sauvetage pour le régime de Nkurunziza qui, économiquement asphyxié par les sanctions européennes et américaines, ne sait plus où mettre la tête. La preuve en a été donnée récemment par la grave pénurie de carburant qui secoue le pays depuis quelques semaines. La Chine, comme à l’accoutumée, a donc décidé de voler au secours d’un dictateur qui tue et massacre à tour de bras. Comment pouvait-il d’ailleurs en être autrement, quand on sait que la Chine elle-même est loin d’être un exemple de démocratie ? Du reste, elle occupe une place de choix dans le hit parade des Etats prédateurs des droits humains à travers la planète. Dès lors, on comprend pourquoi elle s’inscrit chaque fois en faux contre les Occidentaux qui, eux, se montrent intraitables sur le respect de certaines valeurs, notamment les droits de l’Homme. Ces divergences de vues profondes expliquent très souvent l’ambiance électrique qui caractérise certaines rencontres des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Soutenue par la Russie, la Chine s’oppose presque systématiquement à toute décision défendue par les Occidentaux, même si celle-ci va dans le sens des intérêts des peuples. Les exemples sont si légion que l’on ne se risquerait pas à vouloir les citer exhaustivement.
Le malheur des Burundais fait le bonheur des Chinois
En un mot comme en mille, la Chine n’a que des intérêts. Quant aux autres aspects liés à la gouvernance politique ou économique, elle n’en a cure. Mais cela n’a rien d’étonnant. Car, la politique extérieure de la Chine a toujours été ainsi, orientée qu’elle est essentiellement vers la recherche du profit. C’est pourquoi elle n’a pas hésité à pactiser avec le diable, en l’occurrence Pierre Nkurunziza que toute la communauté internationale ou presque, a voué aux gémonies. C’est à croire que Pékin, alléchée par les nombreux gisements miniers du Burundi que sont le nikel, le phosphate, l’or, le calcaire, etc., a pris le parti du dictateur au détriment du peuple qui s’est battu en apnée tel un beau diable, avant de se résigner manifestement. Franchement, la Chine mérite un carton rouge. Car, en le faisant, elle se positionne comme un adjuvant au bourreau du peuple burundais. Quant à l’opposition et la société civile burundaises, elles n’auront donc que leurs yeux pour pleurer en voyant ainsi leur rêve se briser sur l’autel des intérêts des grandes puissances mondiales, en l’occurrence la Chine. Ainsi va la vie ! « Le malheur des uns, dit-on, fait le bonheur des autres ». Autrement dit, le malheur des Burundais fait ici le bonheur des Chinois.
Le Pays