Le président Alassane Dramane Ouattara de Côte d’Ivoire, qui recevait le 10 avril 2017 ses pairs de l’UEMOA, dans le cadre d’un sommet extraordinaire, a indiqué que le Franc CFA est « sain et entre de bonnes mains ». En d’autre termes, l’heure n’est ni au changement de devise, ni au retrait des réserves de change du trésor public français.
C’est le premier avis émis par un chef d’État des pays africains ayant en commun cette monnaie. L’avis du président Ouattara pèse de tout son poids, au regard de l’importance de l’économie ivoirienne dans la zone Francs, et du fait que la Côte d’Ivoire accueillera ce mois d’avril 2017, la rencontre des ministres des finances de la zone Franc.
ADO qui a été gouverneur de la BCEAO et directeur Afrique du FMI, a aussi indiqué, parlant de l’UEMOA, que ses réserves de change représentent plus de cinq mois d’importation, alors que la règle retenue est d’environ trois mois. Il a aussi indiqué, qu’avec ses 90 millions d’habitants, la sous-région possède d’importantes ressources en devises, un taux d’inflation maitrisé (-2%), et une croissance économique forte (6,8%).
En Afrique centrale, où est utilisée l’autre forme de franc CFA, les chefs d’État réunis en décembre 2016 (en urgence aussi) s’étaient prononcés sur la question de la dévaluation de leur monnaie et avaient décidé qu’elle n’était pas à l’ordre du jour. Plus récemment, Mahamat Abbas Tolli, le nouveau gouverneur de la BEAC (Banque centrale des États de l’Afrique Centrale), a confirmé que la consolidation des réserves de change demeurait un des objectifs de la politique monétaire.
Ces différentes positions interviennent alors que la monnaie commune qui est présentée comme un gage de stabilité, est critiquée par de nombreux économistes et responsables africains qui pensent que le CFA constitue un handicap au développement de l’Afrique, et bride sa souveraineté.
Le débat est arrivé jusqu’au niveau de la présidence française. François Hollande recevant son homologue ivoirien Alassane Ouattara, a indiqué selon un communiqué, qu’il était ouvert à toute proposition des pays africains concernés sur cette question.
Mais pour le très respecté économiste camerounais Dieudonné Essomba, cette nouvelle position de la France est conforme à la configuration actuelle de ses intérêts. Les défis des pays de la CEMAC ont poussé leurs réserves de change à des niveaux plus bas que ceux de l’UEMOA. Une situation qui devrait pousser la France à activer sa garantie de convertibilité en conformité aux accords monétaires. Rôle que, selon Mr Essomba, la France pourrait avoir du mal à jouer en ce moment.
Idriss Linge
Agenceecofin