La capitale gabonaise vit des lendemains de vote sous haute tension. Jean Ping, le principal rival du président sortant, Ali Bongo Ondimba, s’est proclamé élu, alors que les opérations de compilation des votes se poursuivent. Récit.
Le jour du vote, samedi 27 août, alors que les bureaux de vote pour l’élection présidentielle gabonaise n’avaient pas fini leur dépouillement, des « résultats » par bureaux ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Craignant de se faire « voler » leur victoire, les partisans du candidat Jean Ping ont investi les réseaux sociaux pour diffuser des chiffres en photos et en vidéos. A cela s’ajoute la déclaration du candidat Jin Ping à la presse : «Je suis l’élu. J’attends que le président sortant m’appelle pour me féliciter ».
En riposte les partisans du président sortant Ali Bongo Ondimba (ABO). Crient au mensonge et trucage : « Ils ont fait venir des infographistes étrangers pour manipuler les images et les diffuser dans le but d’abuser la population », estime un membre de l’état-major de campagne du président sortant. Selon Alain Claude Billie By Nze, porte-parole d’ABO, ce dernier est en avance « irréversible » dans cinq provinces par rapport à son rival Jean Ping. Mais il est hors de question de diffuser les chiffres pour ne pas contrevenir aux prescriptions de la loi, qui réserve à la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) et au ministre de l’Intérieur la primeur de la publication des résultats.
La guerre des chiffres
Au regard de l’intérêt donné à ce scrutin par les gabonais, on peut d’emblée affirmer que cette élection présidentielle est très serrée. Alors que près de 600 bureaux de vote (sur 2580) manquaient encore au décompte dimanche en fin d’après-midi, les chiffres donnent une avance provisoire au président sortant, Ali Bongo Ondimba, crédité de 37,06% des votes tandis que son principal concurrent, Jean Ping suivrait en deuxième position avec 23,22% des suffrages. Les deux candidats finiront au coude à coude dans l’Estuaire, la province de Libreville.
En revanche, Jean Ping aurait d’ores et déjà remporté trois provinces : le Woleu Ntem, le Moyen Ogooué, l’Ogooué maritime, tandis qu’Ali Bongo Ondimba s’est imposé de manière écrasante dans le Haut Ogooué, l’Ogooué Ivindo, l’Ogooué Lolo, la Nyanga et la Ngounié.
Restent les bureaux manquants, localisés dans les zones enclavées ou encore les bureaux litigieux, notamment du 3e arrondissement de Libreville, traditionnellement acquis au parti au pouvoir, qui ont été le théâtre de violences.
Manquent aussi des bureaux de la Nyanga, susceptibles de faire progresser Jean Ping et des bureaux du haut Ogooué, l’un des fiefs du pouvoir. Nous y reviendront dans nos prochaines éditions.
Franck L